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- Les Rencontres d’Ici Beyrouth: Un président partisan ou de salut?
Les tenants et les aboutissants de la présidentielle, les perspectives et les conditions d’un prochain déblocage sur ce plan, et les causes réelles de l’impasse dans laquelle se trouve cette échéance constitutionnelle depuis cinq mois ont été scrutés en profondeur par le député Georges Okaiss et l'ancien député et ministre Boutros Harb au cours de la sixième Rencontre d’Ici Beyrouth qui s’est tenue le 29 mars à Achrafieh.
C’est à un diagnostic lucide, teinté d’un brin d’optimisme prudent concernant le cours pris par la présidentielle, que se sont livrés le député de Zahlé Georges Okaiss et l’ancien député et ministre Boutros Harb dans le cadre de la sixième Rencontre d’Ici Beyrouth qui s’est tenue le mercredi 29 mars à Achrafieh. Présidée et modérée par le directeur de la rédaction d’Ici Beyrouth Michel Touma, cette Rencontre (organisée à un rythme mensuel) avait pour thème ce mois-ci «Président partisan ou de salut»?
En réponse aux questions de Michel Touma, MM. Harb et Okaiss ont donné une lecture macro-politique de la question, en abordant dans les faits l’impact de la conjoncture régionale sur cette échéance, les fondements de la crise dans laquelle se débat le pays en marge de la présidentielle, ainsi que le rôle inhibiteur et déstabilisateur du Hezbollah dans ce cadre.
MM. Harb et Okaiss ont souligné à l’unisson que malgré les apparences, l’équilibre de force au Parlement n’est plus aussi favorable qu’auparavant au camp pro-iranien et au Hezbollah, M. Harb relevant à ce propos que le chef du législatif et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, ne contrôle plus le jeu politique et parlementaire autant qu’il pouvait se le permettre lors des précédents mandats législatifs. Abondant dans le même sens, M. Okaiss – membre du bloc parlementaire de la «République forte» (Forces libanaises) – a relevé qu’«un nouveau climat règne au Parlement où Nabih Berry n’est plus le maître du jeu comme par le passé».
Partant de ce constat, avec toutes les réserves d’usage, MM. Harb et Okaiss ont tous deux convergé dans leur analyse de la situation pour souligner la nécessité d’une «résistance» (parlementaire) face aux tentatives de la formation pro-iranienne d’imposer son candidat à la présidence. M. Harb – qui fut pendant des décennies l’un des principaux ténors parlementaires et qui avait joué un rôle fondamental lors de la conférence de Taëf, en 1989 – a relevé que depuis pratiquement l’an 2000 le jeu politique local et la gestion de l’État sont hypothéqués par les armes du Hezbollah et l’influence iranienne. «Je suis d’accord avec Georges Okaiss sur la nécessité d’une résistance face aux velléités du Hezbollah d’imposer son candidat et ses choix», a déclaré M. Harb. Il a toutefois souligné qu’il ne s’agit nullement de faire face par les armes à l’arsenal militaire de l’allié de Téhéran.
Une période de transition
Répondant à une question de M. Touma, le député de Zahlé a souligné qu’il est erroné de dire que les Forces libanaises et le camp souverainiste en général adoptent une attitude passive au sujet de la présidentielle. «Nous menons d’abord une résistance au Parlement pour contrer la volonté hégémonique du Hezbollah», a affirmé M. Okaiss qui a fait état de tractations entreprises loin des feux de la rampe afin d’amener toutes les composantes du camp souverainiste et les députés se réclamant de la «contestation», à s’entendre sur un même candidat.
M. Okaiss a déclaré dans ce cadre que face à la crise actuelle, «ce n’est pas trop demander» que de réclamer un président qui soit porteur d’un réel programme de redressement. Il s’est montré toutefois prudent quant à un possible déblocage à court terme. Évoquant l’impact possible du récent accord irano-saoudien, le député FL a estimé qu’il faudrait sans doute attendre «deux à trois mois» pour que se décantent les retombées de cette entente qui devraient se manifester d’abord au Yémen puis ensuite au Liban, en cas de réussite au niveau yéménite, a-t-il indiqué. «Nous traversons actuellement une période de transition dans les rapports entre les deux camps», a déclaré M. Okaiss.
Une crise de système
Tout en relevant, à l’instar de M. Harb, que la cause principale de la crise actuelle réside dans l’impact des armes du Hezbollah, le député FL a souligné que «même si ce problème est réglé, il faudra mettre en place des réformes». «Je ne vous cache pas que l’on se pose la question de savoir pourquoi faudrait-il s’acharner à élire un président pour une République et un système dont on ne veut plus, a lancé sans détours M. Okaiss. Le problème n’est pas tant d’élire un président que de savoir quelle République nous voulons».
Et d’ajouter à cet égard: «Le Hezbollah bloque actuellement l’élection présidentielle pour imposer un candidat qui soit dans la continuité du mandat de Michel Aoun et donc du projet du Hezbollah. Mais nous nous opposerons à une telle option, quitte à bloquer nous-mêmes la présidentielle».
Le député FL a affirmé qu’en réalité le pays fait face à une «crise du système politique», relevant que les Libanais s’entretuent par intermittence depuis pratiquement 1840. Se prononçant d’une manière à peine voilée pour un nouveau système politique, M. Okaiss a déclaré: «La Suisse n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui lorsque ses ressortissants s’entretuaient. Elle est devenue ce qu’elle est lorsqu’ils se sont entendus sur une formule pour vivre ensemble. Pourquoi faudrait-il qu’on soit fermé à d’autres solutions, d’autres systèmes, qui ne seraient pas nécessairement au détriment d’une quelconque partie mais au bénéfice de tous».
Un problème de gouvernance
Le point de vue défendu à ce sujet par le député de Zahlé a été contesté par M. Harb qui a déclaré que le pays fait face non pas à une crise du système, mais plutôt à un problème qui se situe à deux niveaux: l’impact de l’arsenal militaire du Hezbollah qui fausse tout le jeu politique interne; et la mauvaise gouvernance due à certains pôles qui détenaient les rênes du pouvoir.
«Ce n’est pas parce que le système est mauvais que nous ne parvenons pas à élire un président, a affirmé M. Harb. La crise est due principalement au fait que le facteur des armes du Hezbollah et de l’influence iranienne est rentré en jeu sur la scène locale».
A l’appui de son analyse, M. Harb a rappelé que c’est à l’ombre du système actuel que feu Sleiman Frangié a été élu en 1970 président de la République à une seule et unique voix d’écart face à Elias Sarkis. «Par le passé, les responsables politiques étaient respectueux du jeu démocratique, a déclaré M. Harb. Ce n’est donc pas le système en tant que tel qui est mauvais, mais la façon de le mettre en application», a conclu l’ancien député qui s’est prononcé sur ce plan pour l’adoption de certaines mesures susceptibles de rationnaliser et de mieux réglementer les pratiques politiques dans le pays.
C’est à un diagnostic lucide, teinté d’un brin d’optimisme prudent concernant le cours pris par la présidentielle, que se sont livrés le député de Zahlé Georges Okaiss et l’ancien député et ministre Boutros Harb dans le cadre de la sixième Rencontre d’Ici Beyrouth qui s’est tenue le mercredi 29 mars à Achrafieh. Présidée et modérée par le directeur de la rédaction d’Ici Beyrouth Michel Touma, cette Rencontre (organisée à un rythme mensuel) avait pour thème ce mois-ci «Président partisan ou de salut»?
En réponse aux questions de Michel Touma, MM. Harb et Okaiss ont donné une lecture macro-politique de la question, en abordant dans les faits l’impact de la conjoncture régionale sur cette échéance, les fondements de la crise dans laquelle se débat le pays en marge de la présidentielle, ainsi que le rôle inhibiteur et déstabilisateur du Hezbollah dans ce cadre.
MM. Harb et Okaiss ont souligné à l’unisson que malgré les apparences, l’équilibre de force au Parlement n’est plus aussi favorable qu’auparavant au camp pro-iranien et au Hezbollah, M. Harb relevant à ce propos que le chef du législatif et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, ne contrôle plus le jeu politique et parlementaire autant qu’il pouvait se le permettre lors des précédents mandats législatifs. Abondant dans le même sens, M. Okaiss – membre du bloc parlementaire de la «République forte» (Forces libanaises) – a relevé qu’«un nouveau climat règne au Parlement où Nabih Berry n’est plus le maître du jeu comme par le passé».
Partant de ce constat, avec toutes les réserves d’usage, MM. Harb et Okaiss ont tous deux convergé dans leur analyse de la situation pour souligner la nécessité d’une «résistance» (parlementaire) face aux tentatives de la formation pro-iranienne d’imposer son candidat à la présidence. M. Harb – qui fut pendant des décennies l’un des principaux ténors parlementaires et qui avait joué un rôle fondamental lors de la conférence de Taëf, en 1989 – a relevé que depuis pratiquement l’an 2000 le jeu politique local et la gestion de l’État sont hypothéqués par les armes du Hezbollah et l’influence iranienne. «Je suis d’accord avec Georges Okaiss sur la nécessité d’une résistance face aux velléités du Hezbollah d’imposer son candidat et ses choix», a déclaré M. Harb. Il a toutefois souligné qu’il ne s’agit nullement de faire face par les armes à l’arsenal militaire de l’allié de Téhéran.
Une période de transition
Répondant à une question de M. Touma, le député de Zahlé a souligné qu’il est erroné de dire que les Forces libanaises et le camp souverainiste en général adoptent une attitude passive au sujet de la présidentielle. «Nous menons d’abord une résistance au Parlement pour contrer la volonté hégémonique du Hezbollah», a affirmé M. Okaiss qui a fait état de tractations entreprises loin des feux de la rampe afin d’amener toutes les composantes du camp souverainiste et les députés se réclamant de la «contestation», à s’entendre sur un même candidat.
M. Okaiss a déclaré dans ce cadre que face à la crise actuelle, «ce n’est pas trop demander» que de réclamer un président qui soit porteur d’un réel programme de redressement. Il s’est montré toutefois prudent quant à un possible déblocage à court terme. Évoquant l’impact possible du récent accord irano-saoudien, le député FL a estimé qu’il faudrait sans doute attendre «deux à trois mois» pour que se décantent les retombées de cette entente qui devraient se manifester d’abord au Yémen puis ensuite au Liban, en cas de réussite au niveau yéménite, a-t-il indiqué. «Nous traversons actuellement une période de transition dans les rapports entre les deux camps», a déclaré M. Okaiss.
Une crise de système
Tout en relevant, à l’instar de M. Harb, que la cause principale de la crise actuelle réside dans l’impact des armes du Hezbollah, le député FL a souligné que «même si ce problème est réglé, il faudra mettre en place des réformes». «Je ne vous cache pas que l’on se pose la question de savoir pourquoi faudrait-il s’acharner à élire un président pour une République et un système dont on ne veut plus, a lancé sans détours M. Okaiss. Le problème n’est pas tant d’élire un président que de savoir quelle République nous voulons».
Et d’ajouter à cet égard: «Le Hezbollah bloque actuellement l’élection présidentielle pour imposer un candidat qui soit dans la continuité du mandat de Michel Aoun et donc du projet du Hezbollah. Mais nous nous opposerons à une telle option, quitte à bloquer nous-mêmes la présidentielle».
Le député FL a affirmé qu’en réalité le pays fait face à une «crise du système politique», relevant que les Libanais s’entretuent par intermittence depuis pratiquement 1840. Se prononçant d’une manière à peine voilée pour un nouveau système politique, M. Okaiss a déclaré: «La Suisse n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui lorsque ses ressortissants s’entretuaient. Elle est devenue ce qu’elle est lorsqu’ils se sont entendus sur une formule pour vivre ensemble. Pourquoi faudrait-il qu’on soit fermé à d’autres solutions, d’autres systèmes, qui ne seraient pas nécessairement au détriment d’une quelconque partie mais au bénéfice de tous».
Un problème de gouvernance
Le point de vue défendu à ce sujet par le député de Zahlé a été contesté par M. Harb qui a déclaré que le pays fait face non pas à une crise du système, mais plutôt à un problème qui se situe à deux niveaux: l’impact de l’arsenal militaire du Hezbollah qui fausse tout le jeu politique interne; et la mauvaise gouvernance due à certains pôles qui détenaient les rênes du pouvoir.
«Ce n’est pas parce que le système est mauvais que nous ne parvenons pas à élire un président, a affirmé M. Harb. La crise est due principalement au fait que le facteur des armes du Hezbollah et de l’influence iranienne est rentré en jeu sur la scène locale».
A l’appui de son analyse, M. Harb a rappelé que c’est à l’ombre du système actuel que feu Sleiman Frangié a été élu en 1970 président de la République à une seule et unique voix d’écart face à Elias Sarkis. «Par le passé, les responsables politiques étaient respectueux du jeu démocratique, a déclaré M. Harb. Ce n’est donc pas le système en tant que tel qui est mauvais, mais la façon de le mettre en application», a conclu l’ancien député qui s’est prononcé sur ce plan pour l’adoption de certaines mesures susceptibles de rationnaliser et de mieux réglementer les pratiques politiques dans le pays.
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