La visite de Sleiman Frangié à Paris en fin de semaine dernière a permis de relancer les discussions autour du dossier de la présidentielle.
Les avis quant à la nature de cette visite sont divergents. D’aucuns la considèrent comme une consolation d’ordre moral, alors que d’autres pensent qu’il s’agit d’une démarche visant à procurer certaines garanties aux acteurs concernés. Cette visite pourrait également être de nature à trouver une issue convenable à la candidature de M. Frangié à la présidence. À moins qu’elle ne soit une nouvelle et sérieuse tentative de surmonter les obstacles qui entravent son accession à Baabda, eu égard à la position peu favorable de l’Arabie saoudite à l’idée de voir le chef des Marada accéder à la Première Magistrature.
Il se pourrait donc, d'après des sources proches de la capitale française, que cette visite de consultation dénote une position claire du pays hôte, indiquant par là qu'il n'a pas abandonné la candidature de Sleiman Frangié. Cependant, il serait impératif de surmonter certains obstacles et de renforcer le nouveau mandat face aux nombreux développements locaux et régionaux en cours. D'autant plus que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, aurait informé la France qu’il ne soutenait pas la candidature de Sleiman Frangié et aurait proposé au président du Parlement, Nabih Berry, comme troisième candidat, l’ancien ministre Jihad Azour.
La position saoudienne
Il en est de même pour le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui a annoncé durant la conférence annuelle du parti son rejet de la candidature de Sleiman Frangié, tout en proposant celle de M. Azour. Pour leur part, les Forces libanaises (FL) ont précédé le CPL en indiquant également leur refus du chef des Marada, mettant en avant la candidature du commandant de l’armée, Joseph Aoun.
En revanche, d'après des sources proches du tandem chiite Amal-Hezbollah, ce dernier serait dans l’attente des résultats de la réunion des députés chrétiens à Harissa. Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a invité, rappelle-t-on, les députés chrétiens à une journée de recueillement qui aura lieu le 5 avril à Harissa (Kesrouan). Le tandem chiite, qui milite toujours en faveur de la candidature de M. Frangié, a demandé à l'autre camp de proposer son candidat, et d’engager un dialogue.
Parallèlement, la cellule de crise en charge du dossier libanais à l'Élysée s'est activée suite à la rencontre franco-saoudienne de Paris qui s'est soldée par un refus saoudien de soutenir la candidature de M. Frangié. L'Arabie saoudite souligne que ce dernier est le candidat de «l'axe obstructionniste», et de ce fait, il serait incapable de mettre en œuvre les réformes requises. En outre, cette cellule française a récemment intensifié ses contacts avec les différentes parties politiques pour aider le Liban à sortir de la crise présidentielle et à surmonter ses répercussions sur le pays.
La visite de M. Frangié à Paris a été précédée d'un contact entrepris par le conseiller du président Emmanuel Macron, Patrick Durel, trois semaines auparavant, au cours duquel des questions liées à l’échéance présidentielle ont été soulevées. Selon des milieux bien informés, les réponses de M. Frangié n'étaient pas assez convaincantes pour la partie saoudienne qui en a pris connaissance lors d'une rencontre bilatérale franco-saoudienne à Paris. Partant, le déplacement du chef des Marada s’imposait afin de trouver une entente au sujet de quelques points sensibles, tels que: sa relation avec le Hezbollah, sa capacité d’œuvrer sur un programme de redressement qui traiterait des réformes financières, économiques et politiques selon les conditions du FMI, en plus de sa relation avec le président syrien Bachar el-Assad et son plan pour résoudre le dossier des réfugiés syriens, la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec la Syrie et l’arrêt de la contrebande. Mais aussi, son plan pour rétablir les relations du Liban avec son environnement arabe, en particulier les pays du Golfe, sa position sur les réfugiés palestiniens et le statut des camps.
En parallèle, les dossiers que le chef des Marada devrait éclaircir portent sur les armes du Hezbollah, son rôle et sa position à cet égard, la stratégie de défense et la manière de surmonter les obstacles qui se dressent face à son arrivée à la présidence. Il est important de comprendre comment M. Frangié compte mettre en œuvre le projet de réforme et coopérer avec le Premier ministre et le gouvernement à cet effet, ainsi que la manière avec laquelle il va gérer la nomination des ministres selon leurs compétences et loin de la politique de quotas.
Toutes ces questions, entre autres, étaient donc sur la table de discussion, en plus de sa position par rapport aux constantes et son adhésion aux décisions arabes et internationales, sans compter l’application de l’accord de Taëf et de la Constitution. In fine, il était question de répondre aux préoccupations de l’Arabie saoudite qui refuse de voir se répéter le scenario du Premier ministre Saad Hariri qui l’a convaincue de la candidature de Michel Aoun.
Aucun résultat concret
Suite à cette visite, Paris n’a publié aucun communiqué à ce sujet. Toutefois, des cercles de l'opposition ont divulgué des informations indiquant qu’outre la volonté de dissiper les inquiétudes saoudiennes, cette visite avait également pour but d’informer M. Frangié du fait que les cinq pays (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) qui ont participé à la réunion de Paris consacrée au Liban, le lundi 6 février, ne soutiennent pas son élection, à l'exception de la France, bien que les autres pays ne soient pas encore d'accord sur un autre candidat. Des efforts sont déployés pour obtenir un consensus autour de la candidature de Jihad Azour, qui jouit du soutien de la majorité des forces politiques.
La visite de M. Frangié et l'accueil chaleureux dont il a bénéficié pourraient ainsi dissimuler le souhait de l'informer que sa candidature n’aboutira pas, et que le tandem Frangié-Nawaf Salam ne bénéficie pas du soutien local et régional. Sans compter que les cinq pays réclament un candidat selon le profil et les caractéristiques qu'ils se sont fixés et souhaitent accélérer l’élection d’un président de la République, suite à la demande de l'Égypte de tenir à Riyad une réunion des cinq pays pour finaliser le dossier, surtout après le rapport alarmant du FMI mettant en garde contre l'effondrement du Liban.
Multiples démarches en cours
Les cinq pays qui se sont réunis à Paris tiennent à hâter les démarches parallèlement à l'initiative du patriarche afin d’organiser une conférence nationale, qui se déroulerait à Riyad, en présence des forces politiques, afin de consolider l’accord de Taëf et sa formule fondée sur la parité entre les chrétiens et les musulmans, qui reste la plus adéquate pour le Liban. Le but reste d’élire un président impartial et non de défi, de désigner un Premier ministre chevronné, et de l’entourer de ministres technocrates. Désormais, l’option d’un gouvernement dit d’unité nationale devrait être écartée. Ce genre de gouvernement entrave le contrôle par le Parlement de l’action gouvernementale et toute reddition des comptes. En effet, un gouvernement d'union nationale n’est autre qu’un «mini-Parlement». Par conséquent, il est nécessaire de revitaliser le rôle du Parlement comme responsable des activités du Cabinet pour mettre fin à la corruption.
Les avis quant à la nature de cette visite sont divergents. D’aucuns la considèrent comme une consolation d’ordre moral, alors que d’autres pensent qu’il s’agit d’une démarche visant à procurer certaines garanties aux acteurs concernés. Cette visite pourrait également être de nature à trouver une issue convenable à la candidature de M. Frangié à la présidence. À moins qu’elle ne soit une nouvelle et sérieuse tentative de surmonter les obstacles qui entravent son accession à Baabda, eu égard à la position peu favorable de l’Arabie saoudite à l’idée de voir le chef des Marada accéder à la Première Magistrature.
Il se pourrait donc, d'après des sources proches de la capitale française, que cette visite de consultation dénote une position claire du pays hôte, indiquant par là qu'il n'a pas abandonné la candidature de Sleiman Frangié. Cependant, il serait impératif de surmonter certains obstacles et de renforcer le nouveau mandat face aux nombreux développements locaux et régionaux en cours. D'autant plus que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, aurait informé la France qu’il ne soutenait pas la candidature de Sleiman Frangié et aurait proposé au président du Parlement, Nabih Berry, comme troisième candidat, l’ancien ministre Jihad Azour.
La position saoudienne
Il en est de même pour le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui a annoncé durant la conférence annuelle du parti son rejet de la candidature de Sleiman Frangié, tout en proposant celle de M. Azour. Pour leur part, les Forces libanaises (FL) ont précédé le CPL en indiquant également leur refus du chef des Marada, mettant en avant la candidature du commandant de l’armée, Joseph Aoun.
En revanche, d'après des sources proches du tandem chiite Amal-Hezbollah, ce dernier serait dans l’attente des résultats de la réunion des députés chrétiens à Harissa. Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a invité, rappelle-t-on, les députés chrétiens à une journée de recueillement qui aura lieu le 5 avril à Harissa (Kesrouan). Le tandem chiite, qui milite toujours en faveur de la candidature de M. Frangié, a demandé à l'autre camp de proposer son candidat, et d’engager un dialogue.
Parallèlement, la cellule de crise en charge du dossier libanais à l'Élysée s'est activée suite à la rencontre franco-saoudienne de Paris qui s'est soldée par un refus saoudien de soutenir la candidature de M. Frangié. L'Arabie saoudite souligne que ce dernier est le candidat de «l'axe obstructionniste», et de ce fait, il serait incapable de mettre en œuvre les réformes requises. En outre, cette cellule française a récemment intensifié ses contacts avec les différentes parties politiques pour aider le Liban à sortir de la crise présidentielle et à surmonter ses répercussions sur le pays.
La visite de M. Frangié à Paris a été précédée d'un contact entrepris par le conseiller du président Emmanuel Macron, Patrick Durel, trois semaines auparavant, au cours duquel des questions liées à l’échéance présidentielle ont été soulevées. Selon des milieux bien informés, les réponses de M. Frangié n'étaient pas assez convaincantes pour la partie saoudienne qui en a pris connaissance lors d'une rencontre bilatérale franco-saoudienne à Paris. Partant, le déplacement du chef des Marada s’imposait afin de trouver une entente au sujet de quelques points sensibles, tels que: sa relation avec le Hezbollah, sa capacité d’œuvrer sur un programme de redressement qui traiterait des réformes financières, économiques et politiques selon les conditions du FMI, en plus de sa relation avec le président syrien Bachar el-Assad et son plan pour résoudre le dossier des réfugiés syriens, la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec la Syrie et l’arrêt de la contrebande. Mais aussi, son plan pour rétablir les relations du Liban avec son environnement arabe, en particulier les pays du Golfe, sa position sur les réfugiés palestiniens et le statut des camps.
En parallèle, les dossiers que le chef des Marada devrait éclaircir portent sur les armes du Hezbollah, son rôle et sa position à cet égard, la stratégie de défense et la manière de surmonter les obstacles qui se dressent face à son arrivée à la présidence. Il est important de comprendre comment M. Frangié compte mettre en œuvre le projet de réforme et coopérer avec le Premier ministre et le gouvernement à cet effet, ainsi que la manière avec laquelle il va gérer la nomination des ministres selon leurs compétences et loin de la politique de quotas.
Toutes ces questions, entre autres, étaient donc sur la table de discussion, en plus de sa position par rapport aux constantes et son adhésion aux décisions arabes et internationales, sans compter l’application de l’accord de Taëf et de la Constitution. In fine, il était question de répondre aux préoccupations de l’Arabie saoudite qui refuse de voir se répéter le scenario du Premier ministre Saad Hariri qui l’a convaincue de la candidature de Michel Aoun.
Aucun résultat concret
Suite à cette visite, Paris n’a publié aucun communiqué à ce sujet. Toutefois, des cercles de l'opposition ont divulgué des informations indiquant qu’outre la volonté de dissiper les inquiétudes saoudiennes, cette visite avait également pour but d’informer M. Frangié du fait que les cinq pays (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) qui ont participé à la réunion de Paris consacrée au Liban, le lundi 6 février, ne soutiennent pas son élection, à l'exception de la France, bien que les autres pays ne soient pas encore d'accord sur un autre candidat. Des efforts sont déployés pour obtenir un consensus autour de la candidature de Jihad Azour, qui jouit du soutien de la majorité des forces politiques.
La visite de M. Frangié et l'accueil chaleureux dont il a bénéficié pourraient ainsi dissimuler le souhait de l'informer que sa candidature n’aboutira pas, et que le tandem Frangié-Nawaf Salam ne bénéficie pas du soutien local et régional. Sans compter que les cinq pays réclament un candidat selon le profil et les caractéristiques qu'ils se sont fixés et souhaitent accélérer l’élection d’un président de la République, suite à la demande de l'Égypte de tenir à Riyad une réunion des cinq pays pour finaliser le dossier, surtout après le rapport alarmant du FMI mettant en garde contre l'effondrement du Liban.
Multiples démarches en cours
Les cinq pays qui se sont réunis à Paris tiennent à hâter les démarches parallèlement à l'initiative du patriarche afin d’organiser une conférence nationale, qui se déroulerait à Riyad, en présence des forces politiques, afin de consolider l’accord de Taëf et sa formule fondée sur la parité entre les chrétiens et les musulmans, qui reste la plus adéquate pour le Liban. Le but reste d’élire un président impartial et non de défi, de désigner un Premier ministre chevronné, et de l’entourer de ministres technocrates. Désormais, l’option d’un gouvernement dit d’unité nationale devrait être écartée. Ce genre de gouvernement entrave le contrôle par le Parlement de l’action gouvernementale et toute reddition des comptes. En effet, un gouvernement d'union nationale n’est autre qu’un «mini-Parlement». Par conséquent, il est nécessaire de revitaliser le rôle du Parlement comme responsable des activités du Cabinet pour mettre fin à la corruption.
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