La prestigieuse maison parisienne des Éditions Beauchesne vient de publier, en janvier dernier, une remarquable étude critique «Le roman de Barlaam et Joasaph. Version arabe chrétienne» réalisée par le Professeur Marlène Kanaan, de l’Université de Balamand, en collaboration avec le Père Hareth Ibrahim pour le texte arabe d’origine ( Ḫabar Barlām wa Yūwāṣaf ). Cet ouvrage fait honneur à l’érudition universitaire libanaise. Tout intellectuel libanais peut en être fier et louer l’effort du Professeur Kanaan qui, grâce à un exceptionnel effort de recherche, met à la disposition du lecteur, en édition bilingue française et arabe, un texte unique en son genre.
Recension de :
LE ROMAN DE BARLAAM ET JOASAPH
VERSION ARABE CHRÉTIENNE
Par Marlène Kanaan
En collaboration avec Père Hareth Ibrahim
Éditions Beauchesne, Paris, 2023
Réunissant plus de quarante manuscrits inédits de la version arabe du célèbre Roman de Barlaam et Joasaph, Marlène Kanaan nous offre une édition critique complète du manuscrit arabe reconstitué ainsi que de sa traduction française. Une longue introduction permet au lecteur de découvrir l’histoire du manuscrit lui-même ainsi que les péripéties multiples du récit. Les figures des Saints Barlaam et Joasaph sont en réalité une adaptation christianisée de l’histoire de Bouddha. Ils sont commémorés ensemble par l’Église catholique le 19 novembre et par l’Église orthodoxe le 26 août. Oui, l’histoire a métamorphosé Bouddha et un sage ermite en deux saints chrétiens.
Pérégrinations d’un texte
Dans «La grande aventure de l’humanité», l’historien Arnold Toynbee adopte le concept d’oikouméné (monde habité ou espace de civilisation) comme cadre d’une ère historique et celui de völkerwanderung (promenade des peuples) comme moteur principal de l’histoire. Les transpositions multiples du roman de Barlaam et Joasaph illustrent par excellence ces deux notions. Le récit légendaire lui-même est une version tardive de la biographie de Siddharta Gautama, le Bouddha, qu’on trouve dans le Lalitâ-Vistara. C’est dans un texte sanskrit du Bouddhisme Mahayana que la légende chrétienne prend sa source (II°-IV° ap.). Le nom Joasaph dérive du sanskrit Boddhisatva qui devint Boddisav en langue persane Pehlevi (VII°s ap) grâce à une transmission manichéenne en Sogdiane (Asie Centrale). Au VIII°s, à Bagdad, on trouve une version arabe d’origine ismaélienne, Kitāb Bilawhar wa Būd̠āsaf (Yūd̠āsaf). Suite à l’erreur d’un copiste, Būd̠āsaf est transcrit en Yūd̠āsaf par transposition du B (ب) en Y ( ي) ce qui explique le nom arabe Joasaph ou Josaphat sous lequel se dissimule la figure de Bouddha. Le récit passe alors au Proche Orient dans une version géorgienne (Balavariani) du X°s qui utilise le nom Iodasaf qui deviendra Ioasaf en grec du XI°s puis Josaphat en latin. Quant à Barlaam, il s’agit d’une adaptation grecque de l’arabe Bilawhar par le biais du géorgien Bilahvar. La version géorgienne de la légende est une étape-clé entre la version arabo-musulmane d’un conte moral édifiant, et la version grecque, mère de toutes les autres, qui christianise la légende et facilite sa très grande diffusion. Elle est l’œuvre d’un grand lettré géorgien, le moine Euthyme l’Hagiorite du monastère d’Iviron au Mont Athos. C’est cette version grecque christianisée qui sera ensuite traduite en arabe et que Marlène Kanaan nous offre. La version arabe-chrétienne se distingue par le fait qu’elle comporte la célèbre Apologie du Christianisme qu’Aristide d’Athènes (Ϯ c. 134 ap.) aurait adressée à l’Empereur Hadrien (76-138 ap). M. Kanaan s’étend longuement, et de manière approfondie, sur la possible transmission directe à partir des langues indienne et persane au géorgien, sans retenir une telle hypothèse. De même elle écarte, preuves à l’appui, la possible paternité du texte grec souvent imputée à St Jean Damascène. Son argumentaire critique insiste sur l’existence de moines géorgiens au monastère de Saint Sabas en Palestine, ce qui aurait été à l’origine de la méprise. Mais elle met surtout en lumière la figure érudite du moine Euthyme retiré à Iviron, monastère géorgien du Mont Athos. Au bout du compte, de nombreuses énigmes demeurent non résolues. Qui est l’auteur de la transmission de l’arabe-ismaélien au géorgien ? Qui est l’auteur de la traduction du grec à l’arabe-chrétien ? Quoi qu’il en soit, tous les manuscrits arabes inédits sur lesquels M. Kanaan a travaillé, sont une transposition de la version grecque d’Euthyme comportant l’Apologie d’Aristide.
L’ouvrage de Marlène Kanaan
Il s’agit d’un monument de 720 pages rigoureusement structuré selon les normes de la grande érudition académique. L’apparat critique est remarquable. L’ouvrage comporte trois sections principales. Il y a bien sûr le texte arabe lui-même, qui a bénéficié de la collaboration du Père Hareth Ibrahim, précédé de sa traduction française par M. Kanaan. La lecture du texte dans ces deux langues est fort agréable. On comprend mieux pourquoi ce récit , dès son apparition en grec puis en arabe et en latin, eut autant de succès. Depuis le Moyen Age jusqu’au XIX° siècle, l’histoire de Barlaam et Josaphat n’a cessé d’être traduite, recopiée et remaniée dans pratiquement toutes les langues.
L’introduction au roman montre l’étendue de l’érudition du chercheur qui jongle, avec une grande aisance pluridisciplinaire, en faisant dialoguer l’histoire, la philologie, la linguistique, la théologie et l’épistémologie. Ainsi, nous nous trouvons embarqués dans une époustouflante promenade pluriséculaire (völkerwanderung) à travers plusieurs espaces de civilisation (oikouménés) entre la Haute-Asie et la Méditerranée.
Sur les routes caravanières
Tout au long des Routes de la Soie et du Jade, la figure de Bouddha (Josaphat) et de son maître spirituel Barlaam, accompagnent le lecteur comme dans une caravane tout le long des chemins des grands échanges commerciaux entre la capitale chinoise Chang’Han et la grande métropole du Levant, Antioche-sur-l’Oronte. On se surprend à rêver de gîtes d’étapes au cœur de l’Asie, où des aèdes enchantent les voyageurs par leurs contes. La destinée de ce roman illustre l’importance historique de deux carrefours d’espaces de civilisation : l’Antiochène entre l’Euphrate et l’Oronte, et la Haute-Asie entre l’Oxus (Amou Darya) et l’Iaxarte (Syr Daria). À vol d’oiseau, la distance qui sépare Antioche de Chang’Han est de 8.000 kms environ mais les routes caravanières s’étendent sur 35.000 kms. Pour parcourir une telle distance, il fallait deux à trois années, jalonnées par des étapes dans les oasis du Lob-Nor et du Tarim comme Turfan, Du-Huang, Khotan, Kashgar sur le versant oriental des Pamirs et des Himalayas. Sur le versant occidental, s’égrènent des villes au nom magique comme Tachkent, Samarkande, Boukhara, Merv avant d’aborder le Proche Orient méditerranéen.
Art Gréco-Bouddhique du Ghandara (Bactriane) – Bouddha IV° s – (photo Kohn – Cannes)
À l’extrémité orientale de ces routes du commerce international, le Bouddhisme entre en contact avec le Taoïsme mais également avec l’hellénisme de Bactriane (Afghanistan), le manichéisme de Sogdiane (Ouzbekistan), et le christianisme nestorien de l’Église de l’Orient. Aujourd’hui, peu de gens se souviennent de la destinée exceptionnelle de cette église dite de Babylone, répandue dans toute l’Asie et dont l’espace était beaucoup plus étendu que celui de l’église de l’Empire romain. À l’Ouest des Himalayas et des Pamirs, Bouddha/Josaphat entre en contact avec l’Islam ainsi qu’avec le Christianisme chalcédonien du Levant mais également le Judaïsme.
Trois regards de lecture
Le lecteur a le choix entre trois angles de lecture. Il peut focaliser son attention sur le texte même du roman, soit en arabe soit en français. Il réalisera combien ce récit est conçu pour l’édification morale chrétienne. Il comprendra pourquoi les voyageurs et missionnaires européens avaient d’abord cru que la légende indienne de Bouddha était une altération de l’histoire, qu’ils croyaient authentiques, des Saints Barlaam et Josaphat. Le même lecteur découvrira les paraboles édifiantes par lesquelles l’ermite Barlaam fait l’éducation du prince Josaphat : «L’homme et l’unicorne», «Le semeur», «Les dix vierges», etc. Nombre de ces paraboles se retrouvent, sous des variantes ou comme échos, dans les "Mille et une nuits", "Kalila et Dumna", le "Decameron" de Boccace, "Le Marchand de Venise" de Shakespeare, Les "Contes de Canterbury" de Chaucer, voire "La vie est un songe" de Calderon de la Barca. C’est dire que l’histoire de Bouddha, transfiguré en Josaphat, fut un best-seller durant presque un millénaire.
Mais le lecteur découvrira également un des textes les plus anciens du Christianisme, l’Apologie d’Aristide, écrite vers 125 ap. Elle est donc contemporaine de l’Épître à Diognète ainsi que de la Didachè (Enseignement des Apôtres). Aristide ne cherche pas à convaincre dogmatiquement mais à édifier par l’expérience en montrant la qualité morale de la vie chrétienne. Le texte de l’Apologie est mis dans la bouche du magicien Nahur dans deux discours distincts.
Parvenu au bout de son parcours, le lecteur ira alors explorer l’univers fascinant des Routes de la Soie et du Jade. Il redécouvrira l’Asie Centrale et la Haute-Asie, carrefours de convergence des civilisations. Il reprendra contact avec l’autre grand carrefour civilisationnel, celui de l’Antiochène que le séisme de février 2023 vient d’anéantir. Il réalisera que les civilisations dialoguent en permanence parce que les hommes aiment se promener et se livrer au commerce. Il touchera du doigt la réalité de la matrice anthropologique commune de l’imaginaire des peuples. Rien que pour ces ouvertures vers de multiples autres horizons, il y a lieu de remercier vivement Marlène Kanaan et son collègue de recherche le Père Hareth Ibrahim.
[email protected]
Recension de :
LE ROMAN DE BARLAAM ET JOASAPH
VERSION ARABE CHRÉTIENNE
Par Marlène Kanaan
En collaboration avec Père Hareth Ibrahim
Éditions Beauchesne, Paris, 2023
Réunissant plus de quarante manuscrits inédits de la version arabe du célèbre Roman de Barlaam et Joasaph, Marlène Kanaan nous offre une édition critique complète du manuscrit arabe reconstitué ainsi que de sa traduction française. Une longue introduction permet au lecteur de découvrir l’histoire du manuscrit lui-même ainsi que les péripéties multiples du récit. Les figures des Saints Barlaam et Joasaph sont en réalité une adaptation christianisée de l’histoire de Bouddha. Ils sont commémorés ensemble par l’Église catholique le 19 novembre et par l’Église orthodoxe le 26 août. Oui, l’histoire a métamorphosé Bouddha et un sage ermite en deux saints chrétiens.
Pérégrinations d’un texte
Dans «La grande aventure de l’humanité», l’historien Arnold Toynbee adopte le concept d’oikouméné (monde habité ou espace de civilisation) comme cadre d’une ère historique et celui de völkerwanderung (promenade des peuples) comme moteur principal de l’histoire. Les transpositions multiples du roman de Barlaam et Joasaph illustrent par excellence ces deux notions. Le récit légendaire lui-même est une version tardive de la biographie de Siddharta Gautama, le Bouddha, qu’on trouve dans le Lalitâ-Vistara. C’est dans un texte sanskrit du Bouddhisme Mahayana que la légende chrétienne prend sa source (II°-IV° ap.). Le nom Joasaph dérive du sanskrit Boddhisatva qui devint Boddisav en langue persane Pehlevi (VII°s ap) grâce à une transmission manichéenne en Sogdiane (Asie Centrale). Au VIII°s, à Bagdad, on trouve une version arabe d’origine ismaélienne, Kitāb Bilawhar wa Būd̠āsaf (Yūd̠āsaf). Suite à l’erreur d’un copiste, Būd̠āsaf est transcrit en Yūd̠āsaf par transposition du B (ب) en Y ( ي) ce qui explique le nom arabe Joasaph ou Josaphat sous lequel se dissimule la figure de Bouddha. Le récit passe alors au Proche Orient dans une version géorgienne (Balavariani) du X°s qui utilise le nom Iodasaf qui deviendra Ioasaf en grec du XI°s puis Josaphat en latin. Quant à Barlaam, il s’agit d’une adaptation grecque de l’arabe Bilawhar par le biais du géorgien Bilahvar. La version géorgienne de la légende est une étape-clé entre la version arabo-musulmane d’un conte moral édifiant, et la version grecque, mère de toutes les autres, qui christianise la légende et facilite sa très grande diffusion. Elle est l’œuvre d’un grand lettré géorgien, le moine Euthyme l’Hagiorite du monastère d’Iviron au Mont Athos. C’est cette version grecque christianisée qui sera ensuite traduite en arabe et que Marlène Kanaan nous offre. La version arabe-chrétienne se distingue par le fait qu’elle comporte la célèbre Apologie du Christianisme qu’Aristide d’Athènes (Ϯ c. 134 ap.) aurait adressée à l’Empereur Hadrien (76-138 ap). M. Kanaan s’étend longuement, et de manière approfondie, sur la possible transmission directe à partir des langues indienne et persane au géorgien, sans retenir une telle hypothèse. De même elle écarte, preuves à l’appui, la possible paternité du texte grec souvent imputée à St Jean Damascène. Son argumentaire critique insiste sur l’existence de moines géorgiens au monastère de Saint Sabas en Palestine, ce qui aurait été à l’origine de la méprise. Mais elle met surtout en lumière la figure érudite du moine Euthyme retiré à Iviron, monastère géorgien du Mont Athos. Au bout du compte, de nombreuses énigmes demeurent non résolues. Qui est l’auteur de la transmission de l’arabe-ismaélien au géorgien ? Qui est l’auteur de la traduction du grec à l’arabe-chrétien ? Quoi qu’il en soit, tous les manuscrits arabes inédits sur lesquels M. Kanaan a travaillé, sont une transposition de la version grecque d’Euthyme comportant l’Apologie d’Aristide.
L’ouvrage de Marlène Kanaan
Il s’agit d’un monument de 720 pages rigoureusement structuré selon les normes de la grande érudition académique. L’apparat critique est remarquable. L’ouvrage comporte trois sections principales. Il y a bien sûr le texte arabe lui-même, qui a bénéficié de la collaboration du Père Hareth Ibrahim, précédé de sa traduction française par M. Kanaan. La lecture du texte dans ces deux langues est fort agréable. On comprend mieux pourquoi ce récit , dès son apparition en grec puis en arabe et en latin, eut autant de succès. Depuis le Moyen Age jusqu’au XIX° siècle, l’histoire de Barlaam et Josaphat n’a cessé d’être traduite, recopiée et remaniée dans pratiquement toutes les langues.
L’introduction au roman montre l’étendue de l’érudition du chercheur qui jongle, avec une grande aisance pluridisciplinaire, en faisant dialoguer l’histoire, la philologie, la linguistique, la théologie et l’épistémologie. Ainsi, nous nous trouvons embarqués dans une époustouflante promenade pluriséculaire (völkerwanderung) à travers plusieurs espaces de civilisation (oikouménés) entre la Haute-Asie et la Méditerranée.
Sur les routes caravanières
Tout au long des Routes de la Soie et du Jade, la figure de Bouddha (Josaphat) et de son maître spirituel Barlaam, accompagnent le lecteur comme dans une caravane tout le long des chemins des grands échanges commerciaux entre la capitale chinoise Chang’Han et la grande métropole du Levant, Antioche-sur-l’Oronte. On se surprend à rêver de gîtes d’étapes au cœur de l’Asie, où des aèdes enchantent les voyageurs par leurs contes. La destinée de ce roman illustre l’importance historique de deux carrefours d’espaces de civilisation : l’Antiochène entre l’Euphrate et l’Oronte, et la Haute-Asie entre l’Oxus (Amou Darya) et l’Iaxarte (Syr Daria). À vol d’oiseau, la distance qui sépare Antioche de Chang’Han est de 8.000 kms environ mais les routes caravanières s’étendent sur 35.000 kms. Pour parcourir une telle distance, il fallait deux à trois années, jalonnées par des étapes dans les oasis du Lob-Nor et du Tarim comme Turfan, Du-Huang, Khotan, Kashgar sur le versant oriental des Pamirs et des Himalayas. Sur le versant occidental, s’égrènent des villes au nom magique comme Tachkent, Samarkande, Boukhara, Merv avant d’aborder le Proche Orient méditerranéen.
Art Gréco-Bouddhique du Ghandara (Bactriane) – Bouddha IV° s – (photo Kohn – Cannes)
À l’extrémité orientale de ces routes du commerce international, le Bouddhisme entre en contact avec le Taoïsme mais également avec l’hellénisme de Bactriane (Afghanistan), le manichéisme de Sogdiane (Ouzbekistan), et le christianisme nestorien de l’Église de l’Orient. Aujourd’hui, peu de gens se souviennent de la destinée exceptionnelle de cette église dite de Babylone, répandue dans toute l’Asie et dont l’espace était beaucoup plus étendu que celui de l’église de l’Empire romain. À l’Ouest des Himalayas et des Pamirs, Bouddha/Josaphat entre en contact avec l’Islam ainsi qu’avec le Christianisme chalcédonien du Levant mais également le Judaïsme.
Trois regards de lecture
Le lecteur a le choix entre trois angles de lecture. Il peut focaliser son attention sur le texte même du roman, soit en arabe soit en français. Il réalisera combien ce récit est conçu pour l’édification morale chrétienne. Il comprendra pourquoi les voyageurs et missionnaires européens avaient d’abord cru que la légende indienne de Bouddha était une altération de l’histoire, qu’ils croyaient authentiques, des Saints Barlaam et Josaphat. Le même lecteur découvrira les paraboles édifiantes par lesquelles l’ermite Barlaam fait l’éducation du prince Josaphat : «L’homme et l’unicorne», «Le semeur», «Les dix vierges», etc. Nombre de ces paraboles se retrouvent, sous des variantes ou comme échos, dans les "Mille et une nuits", "Kalila et Dumna", le "Decameron" de Boccace, "Le Marchand de Venise" de Shakespeare, Les "Contes de Canterbury" de Chaucer, voire "La vie est un songe" de Calderon de la Barca. C’est dire que l’histoire de Bouddha, transfiguré en Josaphat, fut un best-seller durant presque un millénaire.
Mais le lecteur découvrira également un des textes les plus anciens du Christianisme, l’Apologie d’Aristide, écrite vers 125 ap. Elle est donc contemporaine de l’Épître à Diognète ainsi que de la Didachè (Enseignement des Apôtres). Aristide ne cherche pas à convaincre dogmatiquement mais à édifier par l’expérience en montrant la qualité morale de la vie chrétienne. Le texte de l’Apologie est mis dans la bouche du magicien Nahur dans deux discours distincts.
Parvenu au bout de son parcours, le lecteur ira alors explorer l’univers fascinant des Routes de la Soie et du Jade. Il redécouvrira l’Asie Centrale et la Haute-Asie, carrefours de convergence des civilisations. Il reprendra contact avec l’autre grand carrefour civilisationnel, celui de l’Antiochène que le séisme de février 2023 vient d’anéantir. Il réalisera que les civilisations dialoguent en permanence parce que les hommes aiment se promener et se livrer au commerce. Il touchera du doigt la réalité de la matrice anthropologique commune de l’imaginaire des peuples. Rien que pour ces ouvertures vers de multiples autres horizons, il y a lieu de remercier vivement Marlène Kanaan et son collègue de recherche le Père Hareth Ibrahim.
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