Depuis quelques jours, se relaient, dans la presse et sur les réseaux sociaux, des informations faisant état de l’utilisation de la farine subventionnée à d’autres fins que la fabrication du pain libanais. Ici Beyrouth a fait le point avec le ministre sortant de l’Économie, Amine Salam, et le président du Syndicat des propriétaires de boulangeries du Mont-Liban, Antoine Seif.
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Depuis quelques jours se relaient, dans la presse et sur les réseaux sociaux, des informations faisant état de l’utilisation de centaines de tonnes de farine subventionnée pour les “manakishs” et autres kaaks et gâteaux. Rappelons dans ce cadre que la farine subventionnée est uniquement et exclusivement destinée à la fabrication de pain libanais. Il convient de noter qu’un kilo de farine non subventionnée coûte environ 60.000 LL contre 8.500 LL pour le kilo de farine subventionnée par l’État grâce, entre autres, à un prêt de la Banque mondiale d’une valeur de 150 millions de dollars.
Toujours selon les mêmes informations, des licences arbitraires octroyées seraient en augmentation ainsi que la contrebande de farine vers la Syrie. En effet, la contrebande de produits subventionnés, comme la farine, se poursuit, à travers une frontière passoire, en direction de la Syrie qui souffre de grosses pénuries aggravées par les sanctions internationales. Ainsi, la farine ou le pain subventionnés sont achetés au Liban puis revendus de l’autre côté de la frontière, engendrant d’importantes marges de bénéfices.
Il est question également de boulangeries fermées qui obtiennent leur part de farine subventionnée et la revendent au marché noir pour confectionner des pâtisseries, manakishs, kaaks, etc.
Impossible selon le ministre Salam
Contacté par Ici Beyrouth, le ministre sortant de l’Économie, Amine Salam, dément catégoriquement ces propos. Il affirme qu’«il est absolument impossible de frauder avec la farine». Il estime que ce sont des parties qui font circuler des rumeurs afin de perturber le secteur et lui nuire. «Une enquête a tout de même été ouverte par le ministère», ajoute-t-il, avant d'assurer que le dossier de la farine est très bien encadré: «Voilà plus d’un an que nous contrôlons les quantités de farine distribuées à travers une commission chargée de la distribution qui sait où chaque kilo de farine est écoulé. De plus, nous sommes soumis à un audit de la Banque mondiale.»
Des propos douteux
Même son de cloche du côté des boulangeries. Commentant ces rumeurs pour Ici Beyrouth, le président du Syndicat des propriétaires de boulangeries du Mont-Liban, Antoine Seif, doute de la véracité de ces propos. «Certaines personnes trichent sûrement, mais c’est aux forces de sécurité et à la commission sécuritaire chargée de la distribution du pain de rester vigilants», dit-il. Il considère que ces informations ne sont ni exactes, ni précises, dans la mesure où la distribution de farine est fermement surveillée par la commission ministérielle de suivi de la distribution du blé et de la farine et la commission sécuritaire créée à cet effet, qui suivent le dossier de la farine et qui se chargent de la distribution aux boulangeries selon une étude établie sur l’historique de la boulangerie et son quota d’utilisation de farine.
Il ajoute que chaque boulangerie qui reçoit de la farine subventionnée pour la fabrication du pain libanais doit présenter un rapport quotidien au ministère de l’Économie détaillant les points de vente où le pain a été acheté.
Le ministère travaille selon une grille établissant le nombre de paquets de pain (rabta) fabriqués à partir d’une tonne de farine.
1% de travailleurs libanais dans les boulangeries
Pour ce qui est des revendications des travailleurs dans les boulangeries, M. Seif assure qu'ils sont pour leur grande majorité «syriens, avec près de 1% de Libanais» seulement. Il indique que s’ils sont mécontents et que les conditions de travail ne leur conviennent pas, ils ne sont pas tenus de continuer à travailler. Il considère que les propos du président du Syndicat des travailleurs des boulangeries à Beyrouth et au Mont-Liban, Chehadeh al-Masry, lors de sa conférence de presse tenue jeudi, ne sont pas exacts. «S’il estime que les ouvriers sont opprimés, qu’il consulte les syndicats», conseille M. Seif avant de se demander: «S’ils ne sont pas contents pourquoi restent-ils?»
Dans ce cadre, rappelons que le président du syndicat des employés des boulangeries n’a de cesse de réclamer des ajustements de salaires et l’application de la loi du travail.
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Depuis quelques jours se relaient, dans la presse et sur les réseaux sociaux, des informations faisant état de l’utilisation de centaines de tonnes de farine subventionnée pour les “manakishs” et autres kaaks et gâteaux. Rappelons dans ce cadre que la farine subventionnée est uniquement et exclusivement destinée à la fabrication de pain libanais. Il convient de noter qu’un kilo de farine non subventionnée coûte environ 60.000 LL contre 8.500 LL pour le kilo de farine subventionnée par l’État grâce, entre autres, à un prêt de la Banque mondiale d’une valeur de 150 millions de dollars.
Toujours selon les mêmes informations, des licences arbitraires octroyées seraient en augmentation ainsi que la contrebande de farine vers la Syrie. En effet, la contrebande de produits subventionnés, comme la farine, se poursuit, à travers une frontière passoire, en direction de la Syrie qui souffre de grosses pénuries aggravées par les sanctions internationales. Ainsi, la farine ou le pain subventionnés sont achetés au Liban puis revendus de l’autre côté de la frontière, engendrant d’importantes marges de bénéfices.
Il est question également de boulangeries fermées qui obtiennent leur part de farine subventionnée et la revendent au marché noir pour confectionner des pâtisseries, manakishs, kaaks, etc.
Impossible selon le ministre Salam
Contacté par Ici Beyrouth, le ministre sortant de l’Économie, Amine Salam, dément catégoriquement ces propos. Il affirme qu’«il est absolument impossible de frauder avec la farine». Il estime que ce sont des parties qui font circuler des rumeurs afin de perturber le secteur et lui nuire. «Une enquête a tout de même été ouverte par le ministère», ajoute-t-il, avant d'assurer que le dossier de la farine est très bien encadré: «Voilà plus d’un an que nous contrôlons les quantités de farine distribuées à travers une commission chargée de la distribution qui sait où chaque kilo de farine est écoulé. De plus, nous sommes soumis à un audit de la Banque mondiale.»
Des propos douteux
Même son de cloche du côté des boulangeries. Commentant ces rumeurs pour Ici Beyrouth, le président du Syndicat des propriétaires de boulangeries du Mont-Liban, Antoine Seif, doute de la véracité de ces propos. «Certaines personnes trichent sûrement, mais c’est aux forces de sécurité et à la commission sécuritaire chargée de la distribution du pain de rester vigilants», dit-il. Il considère que ces informations ne sont ni exactes, ni précises, dans la mesure où la distribution de farine est fermement surveillée par la commission ministérielle de suivi de la distribution du blé et de la farine et la commission sécuritaire créée à cet effet, qui suivent le dossier de la farine et qui se chargent de la distribution aux boulangeries selon une étude établie sur l’historique de la boulangerie et son quota d’utilisation de farine.
Il ajoute que chaque boulangerie qui reçoit de la farine subventionnée pour la fabrication du pain libanais doit présenter un rapport quotidien au ministère de l’Économie détaillant les points de vente où le pain a été acheté.
Le ministère travaille selon une grille établissant le nombre de paquets de pain (rabta) fabriqués à partir d’une tonne de farine.
1% de travailleurs libanais dans les boulangeries
Pour ce qui est des revendications des travailleurs dans les boulangeries, M. Seif assure qu'ils sont pour leur grande majorité «syriens, avec près de 1% de Libanais» seulement. Il indique que s’ils sont mécontents et que les conditions de travail ne leur conviennent pas, ils ne sont pas tenus de continuer à travailler. Il considère que les propos du président du Syndicat des travailleurs des boulangeries à Beyrouth et au Mont-Liban, Chehadeh al-Masry, lors de sa conférence de presse tenue jeudi, ne sont pas exacts. «S’il estime que les ouvriers sont opprimés, qu’il consulte les syndicats», conseille M. Seif avant de se demander: «S’ils ne sont pas contents pourquoi restent-ils?»
Dans ce cadre, rappelons que le président du syndicat des employés des boulangeries n’a de cesse de réclamer des ajustements de salaires et l’application de la loi du travail.
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