Les «Conversations» de Ghazi Baker
Ghazi Baker, artiste contemporain renommé ayant largement exposé ses œuvres à travers le monde, nous invite à la discussion avec
Architecte durant plus de 25 ans, Ghazi Baker devient peintre autodidacte par besoin de casser les codes, de s’affranchir de la rigueur des lignes et des formes dictées par sa profession. L’artiste se distingue par un style unique oscillant entre figuratif et abstrait, plutôt caricatural, rappelant l’univers lumineux et solaire de Walt Disney.

Les couleurs vives, primaires, captivantes ont un impact visuel détonnant, happant le regard du spectateur et l'incitant à converser avec la toile.
La gaieté affichée dans les œuvres de l’artiste n’est qu’apparente; ce dernier choisit délibérément l’esthétique comme moyen de séduction pour véhiculer un message, encourager le public à la réflexion dans une sorte d’autodérision.
Son but: explorer la complexité de la nature humaine, la révéler dans chaque type de conversation, sans rien prendre au sérieux; garder un subtil équilibre entre légèreté et gravité, dans un regard à la fois sarcastique et tendre.
La période du Covid-19 ayant entraîné une coupure du lien social et fait resurgir le besoin d’interaction et de communication, l’artiste est incité à remettre en question le sens et l’impact du langage sous toutes ses formes: faciale, corporelle et verbale.
Mots plaisants et fleuris, vides ou chargés de sens, vrais ou faux, codés ou stéréotypés. Portraits, visages et attitudes viennent compléter ce défilé carnavalesque pour raconter des histoires par des tableaux vivants, miroirs de notre relation à l’autre, reflets de nos visages et de nos émotions.

L’artiste déroule ainsi à travers ses œuvres toute une panoplie de langages:

Celui naïf, tendre et authentique des premiers rendez-vous.
Celui des relations distantes et superficielles, ou du lien et de la rencontre symbolisés par l’accolade ou la main tendue.
Celui du bavardage (small talk), s’opposant aux confidences sur oreiller (pillow talk).
Celui des cœurs rouges et pommes d’Ève, représentant l’amour-plaisir-coupable ou l’amour-plénitude-passion.
Celui du discours à sens unique de l’orateur, monologue de dictateur, celui des échanges sophistiqués entre intellectuels...
Les yeux et les lèvres des personnages contribuent à exprimer doute, colère ou désarroi.
Les artifices du langage, sa superficialité sont dénoncés par la bouche hypertrophiée et l’inscription «bla bla bla» qui s’affiche, ironique, sur la table des conversations.
L’artiste joue aussi l’opposition chromatique et géométrique. La ligne qui vient traverser la toile coupe les visages en deux pour exprimer la distance relationnelle, la dualité inhérente à l’être humain. La gaieté des couleurs vient accuser la mélancolie de l’expression et des traits.
Les joues rebondies, l’arrondi des yeux et du nez viennent adoucir les angles, rompre le traitement cubique de la composition. Les formes déstructurées, circulaires animent la toile, créent énergie, fluidité et mouvement.
À travers cette exposition, le spectateur est finalement convié à se joindre à une conversation sans fin, véhiculée par l’art, dynamique, festive et visuelle, comme un retour à la parole de vie, loin de tout bavardage superflu.
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