Lundi 8 mai, le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui a adressé au ministère des Télécommunications un mémorandum dans lequel il lui demande de suspendre les activités de l'application de voitures de transport avec chauffeur (VTC) Bolt. Le temps, précise le texte, de s’assurer qu’il n’y a "aucune infraction au Code de la route et autres lois en vigueur".
Une semaine plus tard, rien ne semble cependant avoir changé. Les usagers continuent d’utiliser l’application Bolt. Celle-ci est toujours parfaitement accessible et n’a rien modifié à ses pratiques commerciales.
Bolt avait suscité ces derniers mois le courroux des chauffeurs de taxi, qui l’accusent de concurrence déloyale. Et pour cause: des voitures privées et des motos-taxis sont mis à la disposition du public à des prix inférieurs à la tarification du secteur du transport public et des bureaux de taxis.
Les syndicats des chauffeurs de taxis avaient déposé plusieurs plaintes contre l’application, tandis que des mouvements de protestation, dont des sit-in et des blocages de routes, avaient été organisés pour faire pression sur les autorités et les pousser à suspendre les activités de Bolt.
Selon le ministère des Télécommunications, interrogé par Ici Beyrouth, il est impossible d’interdire l’application sur le territoire libanais en l’absence d’une décision judiciaire. Le dossier a donc été confié vendredi dernier au parquet général près la Cour de cassation, qui devrait prochainement se prononcer sur le sujet.
Cependant, l’opération est complexe à réaliser, et pourrait même dépasser les capacités du ministère des Télécommunications et des opérateurs de téléphonie mobile, Alfa et Touch. Le ministère de l’Intérieur serait ainsi entré en contact avec l’entreprise Google afin de procéder au blocage de l’application par son biais, une fois le jugement rendu.
Hussein Haïdar, représentant du mouvement contestataire des taxis, s’est montré optimiste quant à l’évolution de cette affaire: "Selon nos informations, la décision judiciaire de suspendre les activités de Bolt sera émise d’ici à lundi prochain. Nous avons alors donné un délai d’une semaine aux institutions concernées afin qu’elles respectent leur promesse", a-t-il déclaré à Ici Beyrouth.
Parallèlement à ses instructions pour une interdiction de Bolt, le ministère de l’Intérieur a demandé aux Forces de sécurité intérieure de réprimer les infractions au niveau du secteur des transports, notamment la circulation des motos-taxis. Plusieurs contrevenants auraient déjà été interpellés. Cependant, l’affaire semble loin d’être réglée, tant le secteur des transports a été profondément bouleversé par l’irruption des motos-taxis et des "tuk-tuk", notamment depuis le début de la crise au Liban.
"Le problème ne se réglera pas immédiatement, car les chauffeurs de motos-taxis se sont auto-organisés. Ils ont créé des groupes WhatsApp et communiquent leurs numéros de téléphone à leurs passagers", soupire Hussein Haïdar. "Le plus important pour le moment, c’est que Bolt soit interdite", ajoute-t-il.
Pour de nombreux Libanais, les motos-taxis constituent un moyen de transport peu cher et pratique, en l’absence d’un système organisé de transport en commun. Mais la problématique du transport urbain, exacerbée par la crise économique et l’inflation, demande davantage qu’une simple décision ministérielle pour être réglée.
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