Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a sans détours situé l’intensification de la campagne judiciaire et politique menée contre lui dans un contexte politique. Il a pointé du doigt en particulier ceux qui sont lésés par la stabilité qui prévaut depuis près de deux mois sur le marché de change, et qui a favorisé, selon lui, une croissance économique. Dans le même temps, il s’est dit prêt à aller jusqu’au bout de la procédure judiciaire engagée contre lui, à condition que les règles soient respectées. M. Salamé s’est également montré rassurant au sujet du sort des dépôts bancaires et de la capacité de la Banque centrale à intervenir sur le marché pour soutenir la livre.
Dans une interview accordée à la chaîne arabophone al-Hadath, jeudi soir, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé s’est voulu d’emblée rassurant sur la stabilité du marché de change, en affirmant que la BDL s’opposera toujours aux spéculations monétaires qui accentuent la pression sur la livre libanaise. Il a rappelé dans ce contexte, que lorsque le dollar a atteint les 145 000 livres sur le marché noir, il y a eu un accord avec le ministre des Finances, Youssef Khalil, conformément aux lois en vigueur, sous l’égide du Premier ministre sortant, Najib Mikati, pour intervenir et acheter toute la masse monétaire afin d’alléger la pression sur la livre.
«C’est à la suite de cet accord que le taux de change est directement tombé à 94 000 LL, ce qui traduit une crédibilité et une confiance qui est en totale contradiction avec tout ce qui se dit à mon sujet», a souligné le gouverneur, avant de rassurer : «Même si de nouvelles secousses financières se produisent, la Banque du Liban peut, en vertu de cet accord, intervenir sur le marché. Elle a la capacité de le faire. Je ne vais pas laisser le dollar grimper de nouveau».
Une promesse qui n’est pas pour plaire à ceux qui misent toujours sur un affolement des marchés financiers. M. Salamé y a fait allusion, mais de manière on ne peut plus claire, lorsqu’il a situé les campagnes le ciblant, ainsi que les attaques contre les mesures prises par la BDL pour stabiliser autant que faire se peut le marché de change, dans un cadre strictement politique. «Une partie des affaires (judiciaires) me concernant, l’insistance à les gonfler et le tapage (politique et médiatique) qui les entoure ont pour seul but de semer de nouveau le désordre au niveau du marché des changes», a-t-il martelé. « Nombreux sont ceux qui ont été importunés par la stabilité qui prévaut depuis près de deux mois au niveau du marché des changes. Surtout que cette stabilité a généré une certaine croissance économique», a-t-il expliqué, en confiant qu’il s’agit des «mêmes parties qui avaient été importunées en 2022 par la croissance économique enregistrée» en dépit de la crise.
Interrogé au sujet du mandat d’arrêt international lancé contre lui par la juge d’instruction de Paris, Aude Berusi, et qui a été remis vendredi aux autorités libanaises, M. Salamé a répondu : « Qu’on soit bien clair : Je ne me dérobe pas à la justice. Au contraire, je coopère avec elle au Liban et à l’étranger. J’ai répondu favorablement à la convocation des autorités judiciaires libanaises pour les besoins de l’enquête, en présence de la juge et j’ai montré, documents à l’appui, en ma qualité de témoin, que les soupçons à mon sujet ne sont pas fondés, notamment en ce qui concerne l’affaire de la Forry (gérée par son frère Raja). J’ai également démontré, en ce qui concerne mon patrimoine personnel, que je n’ai pas pris un sou de la Banque du Liban. D’ailleurs, le Fonds Monétaire International (FMI) a mené une enquête à ce sujet. Il a pu vérifier que les budgets de la BDL étaient totalement dans les règles, sans fraude aucune ».
Un mandat d’arrêt sur base d’une présomption
M. Salamé a développé ensuite les raisons pour lesquelles il n’a pas comparu devant Mme Berusi à Paris, en établissant clairement une distinction entre le fond et la forme de cette affaire. Il a ainsi rappelé qu’en vertu de la convention d’entraide judiciaire entre le Liban et la France, il aurait dû être notifié avant le 6 mai de la date de sa comparution devant la juge d’instruction, soit 10 jours avant la date fixée pour l’audience, ce qui ne s’est pas produit. «Tout comme j’ai respecté la procédure la première fois, en me présentant devant les juges à Beyrouth, j’ai considéré qu’il était de mon droit de demander à l’autre partie d’agir de même, a déclaré M. Salamé. Mes avocats ont alors demandé à la juge de fixer une nouvelle date pour l’audience, conformément à la convention franco-libanaise, mais elle a refusé sur base d’une présomption selon laquelle le sort de la seconde notification sera identique à la première. En ce faisant, elle a cependant enfreint aux lois en vigueur», a-t-il dit.
M. Salamé a insisté sur le fait que la démarche de la juge est motivée par une question de forme mais qu’elle a été au final exploitée sur le fond, « pour me présenter comme étant coupable ». Il a assuré qu’il se rendra à une audience dont il aura été notifiée dans les règles et a insisté sur le respect des textes de lois. « Les conventions doivent être respectées par les deux parties. C’est une question de dignité. Je ne suis pas un fugitif d’autant que c’est moi qui lui ait demandé de me notifier de nouveau dans les règles. Je suis prêt à suivre la procédure judiciaire engagée même si je suis convaincu qu’elle est injuste, mais dans le respect des lois et des conventions bilatérales», a précisé le gouverneur.
Commentant les réactions et les analyses qui ont suivi l’émission du mandat d’arrêt international, M. Salamé a affirmé : «Tout cela montre qu’il ne s’agit pas d’une affaire judiciaire, mais d’une affaire politique qu’on a voulu exploiter à d’autres fins. (…) Je sais très bien ce qu’il y a dans ces dossiers. Si le gouverneur va plier devant les accusations lancées contre lui, c’est comme s’il s’inclinait devant les parties qui veulent porter atteinte à la banque centrale ou qui veulent se débarrasser de lui. Les choses ne se passent pas de cette manière et les lois, dans tous les pays du monde, sont établies pour empêcher les abus. Partout dans le monde, une enquête peut être ouverte contre un homme public ou un fonctionnaire de l’État, mais ces derniers poursuivent leurs activités normalement en attendant le jugement. Cela s’est même produit en France où le ministre de la Justice fait l’objet d’une enquête », a rappelé M. Salamé, avant de lancer : «Il y a une grande différence entre l’enquête et le jugement». Une remarque qui s’explique par la campagne menée depuis quelques années contre lui par le CPL, fondé par l’ex-président Michel Aoun, qui s’efforce de lui faire assumer l’entière responsabilité de la crise financière.
Les hommes politiques d’abord
Prié de commenter les analyses selon lesquelles la procédure engagée contre lui «marque le début de la fin de nombreux hommes politiques», il a répondu : «Mais qu’« ils » (la magistrature) commencent alors par les politiques et non pas par moi. « Ils » ne le font pas par couardise et parce que je suis une cible facile puisque je n’ai pas de voyous qui courent les rues ou un parti pour me soutenir. Qu’« ils » nous montrent leur force et qu’« ils » engagent une procédure auprès des hommes politiques ».
Le sort des dépôts bancaires
Le gouverneur de la Banque du Liban s’est montré rassurant au sujet du sort des dépôts bancaires, à condition que le gouvernement gère convenablement le dossier financier. « Si les banques ne font pas faillite et si la Banque du Liban continue de leur assurer la liquidité, comme elle le fait actuellement, il n’y a rien à craindre. La BDL avait établi un plan pour empêcher les banques de mettre la clé sous la porte et les déposants de perdre leur argent, en attendant un règlement global. Si nous n’étions pas persuadés que les déposants allaient récupérer la totalité de leurs fonds, nous n’aurions pas agi de la sorte », a-t-il expliqué. Il a insisté sur le fait que cela est parfaitement possible, en précisant que le sort des dépôts dépendra du plan que le gouvernement doit établir. « Aujourd’hui, a assuré M. Salamé, il y a une possibilité pour les déposants d’avoir accès à leur argent, à condition de renoncer à la démagogie et au populisme et de travailler correctement ».
Le gouverneur a en outre expliqué que les circulaires émises par la BDL avaient permis aux Libanais d’accéder à leurs comptes, en dépit de la crise sans précédent.
Répondant à une question au sujet du dernier rapport de la Banque mondiale qui critiquait cette plateforme et s’inquiétait de cette économie du cash qui favoriserait le blanchiment d’argent, il a qualifié le document d’« inepte », en soutenant que la banque centrale n’est pas favorable à une économie du cash, qui s’est imposée avec le défaut de paiement et la crise. M. Salamé a expliqué à ce propos que si la BDL a établi Sayrafa, c’est pour favoriser une transparence au moment où les spéculations et les transactions financières battaient leur plein sur le marché noir et que l’économie du cash se développait. Il a rappelé aussi que le Fonds Monétaire International (FMI) avait même suggéré que Sayrafa devienne une plateforme de compensation.
Selon lui, toutes les mesures prises par la BDL ont « irrité certains cerveaux qui misaient sur l’effondrement du pays, parce que cet effondrement ne s’est pas produit et ne se produira pas ».
Dans une interview accordée à la chaîne arabophone al-Hadath, jeudi soir, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé s’est voulu d’emblée rassurant sur la stabilité du marché de change, en affirmant que la BDL s’opposera toujours aux spéculations monétaires qui accentuent la pression sur la livre libanaise. Il a rappelé dans ce contexte, que lorsque le dollar a atteint les 145 000 livres sur le marché noir, il y a eu un accord avec le ministre des Finances, Youssef Khalil, conformément aux lois en vigueur, sous l’égide du Premier ministre sortant, Najib Mikati, pour intervenir et acheter toute la masse monétaire afin d’alléger la pression sur la livre.
«C’est à la suite de cet accord que le taux de change est directement tombé à 94 000 LL, ce qui traduit une crédibilité et une confiance qui est en totale contradiction avec tout ce qui se dit à mon sujet», a souligné le gouverneur, avant de rassurer : «Même si de nouvelles secousses financières se produisent, la Banque du Liban peut, en vertu de cet accord, intervenir sur le marché. Elle a la capacité de le faire. Je ne vais pas laisser le dollar grimper de nouveau».
Une promesse qui n’est pas pour plaire à ceux qui misent toujours sur un affolement des marchés financiers. M. Salamé y a fait allusion, mais de manière on ne peut plus claire, lorsqu’il a situé les campagnes le ciblant, ainsi que les attaques contre les mesures prises par la BDL pour stabiliser autant que faire se peut le marché de change, dans un cadre strictement politique. «Une partie des affaires (judiciaires) me concernant, l’insistance à les gonfler et le tapage (politique et médiatique) qui les entoure ont pour seul but de semer de nouveau le désordre au niveau du marché des changes», a-t-il martelé. « Nombreux sont ceux qui ont été importunés par la stabilité qui prévaut depuis près de deux mois au niveau du marché des changes. Surtout que cette stabilité a généré une certaine croissance économique», a-t-il expliqué, en confiant qu’il s’agit des «mêmes parties qui avaient été importunées en 2022 par la croissance économique enregistrée» en dépit de la crise.
Interrogé au sujet du mandat d’arrêt international lancé contre lui par la juge d’instruction de Paris, Aude Berusi, et qui a été remis vendredi aux autorités libanaises, M. Salamé a répondu : « Qu’on soit bien clair : Je ne me dérobe pas à la justice. Au contraire, je coopère avec elle au Liban et à l’étranger. J’ai répondu favorablement à la convocation des autorités judiciaires libanaises pour les besoins de l’enquête, en présence de la juge et j’ai montré, documents à l’appui, en ma qualité de témoin, que les soupçons à mon sujet ne sont pas fondés, notamment en ce qui concerne l’affaire de la Forry (gérée par son frère Raja). J’ai également démontré, en ce qui concerne mon patrimoine personnel, que je n’ai pas pris un sou de la Banque du Liban. D’ailleurs, le Fonds Monétaire International (FMI) a mené une enquête à ce sujet. Il a pu vérifier que les budgets de la BDL étaient totalement dans les règles, sans fraude aucune ».
Un mandat d’arrêt sur base d’une présomption
M. Salamé a développé ensuite les raisons pour lesquelles il n’a pas comparu devant Mme Berusi à Paris, en établissant clairement une distinction entre le fond et la forme de cette affaire. Il a ainsi rappelé qu’en vertu de la convention d’entraide judiciaire entre le Liban et la France, il aurait dû être notifié avant le 6 mai de la date de sa comparution devant la juge d’instruction, soit 10 jours avant la date fixée pour l’audience, ce qui ne s’est pas produit. «Tout comme j’ai respecté la procédure la première fois, en me présentant devant les juges à Beyrouth, j’ai considéré qu’il était de mon droit de demander à l’autre partie d’agir de même, a déclaré M. Salamé. Mes avocats ont alors demandé à la juge de fixer une nouvelle date pour l’audience, conformément à la convention franco-libanaise, mais elle a refusé sur base d’une présomption selon laquelle le sort de la seconde notification sera identique à la première. En ce faisant, elle a cependant enfreint aux lois en vigueur», a-t-il dit.
M. Salamé a insisté sur le fait que la démarche de la juge est motivée par une question de forme mais qu’elle a été au final exploitée sur le fond, « pour me présenter comme étant coupable ». Il a assuré qu’il se rendra à une audience dont il aura été notifiée dans les règles et a insisté sur le respect des textes de lois. « Les conventions doivent être respectées par les deux parties. C’est une question de dignité. Je ne suis pas un fugitif d’autant que c’est moi qui lui ait demandé de me notifier de nouveau dans les règles. Je suis prêt à suivre la procédure judiciaire engagée même si je suis convaincu qu’elle est injuste, mais dans le respect des lois et des conventions bilatérales», a précisé le gouverneur.
Commentant les réactions et les analyses qui ont suivi l’émission du mandat d’arrêt international, M. Salamé a affirmé : «Tout cela montre qu’il ne s’agit pas d’une affaire judiciaire, mais d’une affaire politique qu’on a voulu exploiter à d’autres fins. (…) Je sais très bien ce qu’il y a dans ces dossiers. Si le gouverneur va plier devant les accusations lancées contre lui, c’est comme s’il s’inclinait devant les parties qui veulent porter atteinte à la banque centrale ou qui veulent se débarrasser de lui. Les choses ne se passent pas de cette manière et les lois, dans tous les pays du monde, sont établies pour empêcher les abus. Partout dans le monde, une enquête peut être ouverte contre un homme public ou un fonctionnaire de l’État, mais ces derniers poursuivent leurs activités normalement en attendant le jugement. Cela s’est même produit en France où le ministre de la Justice fait l’objet d’une enquête », a rappelé M. Salamé, avant de lancer : «Il y a une grande différence entre l’enquête et le jugement». Une remarque qui s’explique par la campagne menée depuis quelques années contre lui par le CPL, fondé par l’ex-président Michel Aoun, qui s’efforce de lui faire assumer l’entière responsabilité de la crise financière.
Les hommes politiques d’abord
Prié de commenter les analyses selon lesquelles la procédure engagée contre lui «marque le début de la fin de nombreux hommes politiques», il a répondu : «Mais qu’« ils » (la magistrature) commencent alors par les politiques et non pas par moi. « Ils » ne le font pas par couardise et parce que je suis une cible facile puisque je n’ai pas de voyous qui courent les rues ou un parti pour me soutenir. Qu’« ils » nous montrent leur force et qu’« ils » engagent une procédure auprès des hommes politiques ».
Le sort des dépôts bancaires
Le gouverneur de la Banque du Liban s’est montré rassurant au sujet du sort des dépôts bancaires, à condition que le gouvernement gère convenablement le dossier financier. « Si les banques ne font pas faillite et si la Banque du Liban continue de leur assurer la liquidité, comme elle le fait actuellement, il n’y a rien à craindre. La BDL avait établi un plan pour empêcher les banques de mettre la clé sous la porte et les déposants de perdre leur argent, en attendant un règlement global. Si nous n’étions pas persuadés que les déposants allaient récupérer la totalité de leurs fonds, nous n’aurions pas agi de la sorte », a-t-il expliqué. Il a insisté sur le fait que cela est parfaitement possible, en précisant que le sort des dépôts dépendra du plan que le gouvernement doit établir. « Aujourd’hui, a assuré M. Salamé, il y a une possibilité pour les déposants d’avoir accès à leur argent, à condition de renoncer à la démagogie et au populisme et de travailler correctement ».
Le gouverneur a en outre expliqué que les circulaires émises par la BDL avaient permis aux Libanais d’accéder à leurs comptes, en dépit de la crise sans précédent.
Répondant à une question au sujet du dernier rapport de la Banque mondiale qui critiquait cette plateforme et s’inquiétait de cette économie du cash qui favoriserait le blanchiment d’argent, il a qualifié le document d’« inepte », en soutenant que la banque centrale n’est pas favorable à une économie du cash, qui s’est imposée avec le défaut de paiement et la crise. M. Salamé a expliqué à ce propos que si la BDL a établi Sayrafa, c’est pour favoriser une transparence au moment où les spéculations et les transactions financières battaient leur plein sur le marché noir et que l’économie du cash se développait. Il a rappelé aussi que le Fonds Monétaire International (FMI) avait même suggéré que Sayrafa devienne une plateforme de compensation.
Selon lui, toutes les mesures prises par la BDL ont « irrité certains cerveaux qui misaient sur l’effondrement du pays, parce que cet effondrement ne s’est pas produit et ne se produira pas ».
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