Le président du Kazakhstan a promis mercredi une réponse "ferme" aux troubles sans précédent qui secouent ce pays d'Asie centrale, au cours desquels des manifestants ont pris d'assaut des bâtiments gouvernementaux.
Près de 5.000 personnes ont été dispersées par la police à coup de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène à Almaty dans la nuit de mardi à mercredi, selon des journalistes de l'AFP. "Gouvernement démission!" et "Le vieillard dehors!", scandaient les manifestants en référence à l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev.
Mercredi après-midi, un groupe de plusieurs milliers de manifestants a pris d'assaut le bâtiment de l'administration de la ville, parvenant à pénétrer à l'intérieur malgré les tirs de grenades et de gaz de la police, selon un journaliste de l'AFP.
Des hommes en uniforme de police ont été aperçus déposant leurs boucliers et leurs casques pour embrasser les protestataires. "Ils passent de notre côté!", a lancé une femme en enlaçant un autre manifestant.
Cette crise est la plus grande menace à ce jour pour le régime mis en place par l'ancien président Nazarbaïev, qui a dirigé le pays jusqu'en 2019 mais conserve une grande influence.
Dans un effort pour juguler la crise, le président Tokaïev a limogé le gouvernement et décrété l'état d'urgence dans plusieurs régions dont Almaty et la capitale, Nur-Sultan, récemment rebaptisée ainsi en l'honneur de M. Nazarbaïev.
Un couvre-feu y sera en vigueur de 23H00 à 07H00.
Les manifestations de protestation sont rares au Kazakhstan, pays autoritaire où les rassemblements doivent recevoir l'autorisation préalable des autorités.
Mercredi, le pays connaissait une "panne d'internet à l'échelle nationale", a annoncé sur Twitter le groupe spécialisé dans la surveillance du web NetBlocks.
Cette panne "est susceptible de limiter sévèrement la couverture des manifestations antigouvernementales qui s'intensifient", a ajouté l'ONG.
Les correspondants de l'AFP étaient injoignables mercredi soir. Auparavant, ils avaient signalé que les connexions internet étaient intermittentes et que les applications de messagerie Telegram, Signal et WhatsApp étaient toutes indisponibles, tandis que les sites de deux médias indépendants semblaient bloqués.
Après les manifestations de la nuit, le ministère de l'Intérieur a fait état de l'arrestation de plus de 200 protestataires, accusés d'avoir "violé l'ordre public" en bloquant les routes et en attaquant des véhicules.
La Russie, pour laquelle le Kazakhstan revêt une importante cruciale en tant que partenaire économique, a appelé mercredi à résoudre la crise par "le dialogue" et non par "des émeutes de rue".
Le mouvement de colère a débuté dimanche après une hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL), dans la ville de Janaozen, dans l'ouest du pays, avant de s'étendre à la grande ville régionale d'Aktau, sur les bords de la mer Caspienne, puis à Almaty.
Le gouvernement avait dans un premier temps tenté de calmer, sans succès, les protestataires en concédant une réduction du prix du GNL, le fixant à 50 tenges (0,1 euro) le litre dans la région, contre 120 au début de l'année.
La hausse des prix du gaz est perçue par la population comme injuste au vu des vastes ressources gazières et pétrolières du Kazakhstan.
La télévision a par ailleurs rapporté mercredi l'arrestation du directeur d'une usine de traitement de gaz et d'un autre responsable dans la région de Mangystau, où se trouve Janaozen.
Ils sont accusés d'avoir "augmenté le prix du gaz sans raison", ce qui a "entraîné des protestations massives dans tout le pays", selon cette source.
Le Khazakstan, première économie d'Asie centrale habituée par le passé à des taux de croissance à deux chiffres, souffre de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique en Russie, qui a mené à la dévaluation du tenge kazakh et à une forte inflation.
La région de Mangystau dépend du GNL comme principale source de carburant pour les voitures et toute augmentation de son prix entraîne celle des produits alimentaires, déjà à la hausse depuis le début de la pandémie de coronavirus.
AFP
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