©"Caesar", porte-parole du groupe "Légion Liberté pour la Russie", s'exprimant dans une vidéo postée sur une chaîne Telegram présentée comme relevant du groupe armé. (Photo Telegram / AFP)
Deux organisations s'identifiant comme russes affirment être à l'origine du raid mené lundi 22 mai depuis l'Ukraine dans la région de Belgorod. L'utilisation de l'aviation et de l'artillerie contre ces combattants témoigne de l'importance de leur incursion, la plus spectaculaire en territoire russe depuis le début du conflit.
La Russie a affirmé mardi avoir "écrasé" avec son aviation et son artillerie le groupe ayant attaqué la veille depuis l'Ukraine la région frontalière de Belgorod, dans la plus spectaculaire incursion en territoire russe depuis le début du conflit.
Lundi, des combattants entrés en Russie depuis l'Ukraine ont attaqué plusieurs localités de la région de Belgorod, qui a également essuyé des tirs d'artillerie et des attaques de drones qui ont poussé les habitants à fuir.
Le Kremlin a exprimé sa "profonde préoccupation" et appelé à faire "plus d'efforts" pour empêcher ces incursions, en pleine multiplication d'attaques sur le sol russe ces derniers mois, qui ont soulevé des questions sur la solidité des défenses.
Le ministère russe de la Défense a assuré mardi avoir repoussé cette incursion après une opération qui a notamment mobilisé l'aviation et l'artillerie.
Deux groupes armés se disant russes ont revendiqué l'attaque lundi depuis l'Ukraine sur la région russe de Belgorod, la plus grave incursion depuis le début de la guerre.
Voici ce que l'on sait, à ce stade, de ces organisations, le Corps des volontaires russes et la Légion "Liberté de la Russie" qui ont dit avoir agi de concert.
Le Corps des volontaires russes (RDK) est sorti du bois en mars, revendiquant une première incursion en Russie dans la région frontalière de Briansk.
Il est dirigé par Denis Nikitine (Kapoustine, de son vrai nom), figure connue du milieu hooligan et d'extrême droite en Russie. Il organisait en Ukraine des combats de MMA et avait une marque de vêtement. La Russie l'a qualifié de "terroriste".
Créée au printemps 2022, la Légion "Liberté de la Russie", dont l'emblème est un poing fermé, est classée "terroriste" par la Russie.
Son chef politique est l'ancien député russe Ilia Ponomariov, le seul à avoir voté contre l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et qui s'est ensuite installé en Ukraine.
La couverture par les médias ukrainiens de l'incursion de Belgorod a mis en avant un représentant de la Légion répondant au pseudonyme de "Caesar".
Dans une vidéo postée sur une chaîne Telegram qui se présente comme appartenant à la "Légion Liberté pour la Russie", une opération de "sabotage" dénoncée par le Kremlin sur son territoire est revendiquée par ce groupe de Russes combattant côté ukrainien. "Il est venu le temps de mettre fin à la dictature du Kremlin", affirme un homme qui avait été présenté à l'AFP en décembre comme "Caesar", porte-parole du groupe, un homme identifié par la presse comme un ex-néonazi russe passé côté ukrainien en 2014.
L'AFP l'avait rencontré en décembre 2022 sur le front est de l'Ukraine, affirmant dans un entretien se battre "contre le régime de (Vladimir) Poutine" et se définissant comme un patriote russe et un "nationaliste de droite".
Il assure être un kinésithérapeute originaire de Saint-Pétersbourg. Le média d'investigation russe Agentstvo l'a identifié comme un membre actif de longue date de la nébuleuse impérialiste et nationaliste de l'extrême droite russe.
Les deux groupes, qui disent avoir des centaines d'hommes, affirment vouloir la chute du président Poutine. Le RDK dit mener des actions de reconnaissance et de sabotage en territoire russe.
Un de ses combattants, répondant au pseudonyme de Fortune, avait indiqué à l'AFP en mars que le Corps coordonnait son action avec l'armée ukrainienne lorsqu'il était en territoire ukrainien, mais qu'il menait seul ses opérations en Russie.
Dans un entretien au média russe indépendant Sota en avril, un représentant du RDK, Vladimir "Cardinal" disait vouloir la création "d'un Etat national russe sur le territoire de régions majoritairement peuplées de Russes ethniques".
La ville russe de Belgorod.
La Légion se définit comme un groupe de "partisans" dont le but est de construire "une nouvelle Russie libre".
Son site indique que le groupe orchestre des attaques contre l'infrastructure militaire et ferroviaire russe.
"Caesar" a indiqué à la télévision ukrainienne après l'attaque à Belgorod que l'ampleur des opérations menées par les deux organisations "allait augmenter avec le temps".
Aucun des deux groupes ne dit comment et par qui ils sont financés, et l'Ukraine n'a rien dit de ses liens avec ces groupes, les qualifiant de problème "interne" à la Russie.
Mais M. Ponomariov a déclaré à la radio britannique LBC cette semaine que les Ukrainiens "nous aident pour former nos forces et nous fournissent l'équipement nécessaire".
La Légion a indiqué sur Twitter disposer de mortiers français RT61.
La ville russe de Belgorod.
Lors de l'attaque dans la région de Belgorod, les autorités russes ont indiqué avoir fait face notamment à des tirs de mortiers, d'artillerie et des attaques de drones.
Le Corps a lui diffusé des vidéos à bord d'un transport de troupes blindés qu'il disait avoir pris au service de sécurité russe, le FSB qui chapeaute également les gardes-frontières.
Le Kremlin a martelé lundi et mardi faire face à des combattants ukrainiens et non à des insurgés russes, accusant Kiev d'avoir planifié l'opération pour "détourner l'attention" de Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine que la Russie affirme depuis samedi avoir conquise.
Après l'attaque de Belgorod, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, pas avare de critiques envers l'armée, a dénoncé un échec de l'Etat russe.
"Il n'y a pas de gouvernance, pas de volonté et pas d'individus prêts à défendre leur pays", a-t-il lâché, fustigeant ceux qui "font les idiots" et "siphonnent de l'argent" au lieu "d'assurer la sécurité de l'Etat".
"Un succès militaire retentissant !", a raillé l'ancien responsable séparatiste Igor Strelkov. "Mes félicitations à l'état-major", a-t-il encore tancé sur Telegram.
La chaîne Telegram Rybar, qui commente les événements liés au conflit, suivie par près de 1,1 million d'abonnés, a elle estimé que Kiev voulait "semer la panique" en Russie.
Malo Pinatel, avec AFP
La Russie a affirmé mardi avoir "écrasé" avec son aviation et son artillerie le groupe ayant attaqué la veille depuis l'Ukraine la région frontalière de Belgorod, dans la plus spectaculaire incursion en territoire russe depuis le début du conflit.
Lundi, des combattants entrés en Russie depuis l'Ukraine ont attaqué plusieurs localités de la région de Belgorod, qui a également essuyé des tirs d'artillerie et des attaques de drones qui ont poussé les habitants à fuir.
Le Kremlin a exprimé sa "profonde préoccupation" et appelé à faire "plus d'efforts" pour empêcher ces incursions, en pleine multiplication d'attaques sur le sol russe ces derniers mois, qui ont soulevé des questions sur la solidité des défenses.
Le ministère russe de la Défense a assuré mardi avoir repoussé cette incursion après une opération qui a notamment mobilisé l'aviation et l'artillerie.
Qui sont ces groupes et comment opèrent-ils?
Deux groupes armés se disant russes ont revendiqué l'attaque lundi depuis l'Ukraine sur la région russe de Belgorod, la plus grave incursion depuis le début de la guerre.
Voici ce que l'on sait, à ce stade, de ces organisations, le Corps des volontaires russes et la Légion "Liberté de la Russie" qui ont dit avoir agi de concert.
Les figures publiques
Le Corps des volontaires russes (RDK) est sorti du bois en mars, revendiquant une première incursion en Russie dans la région frontalière de Briansk.
Il est dirigé par Denis Nikitine (Kapoustine, de son vrai nom), figure connue du milieu hooligan et d'extrême droite en Russie. Il organisait en Ukraine des combats de MMA et avait une marque de vêtement. La Russie l'a qualifié de "terroriste".
Créée au printemps 2022, la Légion "Liberté de la Russie", dont l'emblème est un poing fermé, est classée "terroriste" par la Russie.
Son chef politique est l'ancien député russe Ilia Ponomariov, le seul à avoir voté contre l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et qui s'est ensuite installé en Ukraine.
La couverture par les médias ukrainiens de l'incursion de Belgorod a mis en avant un représentant de la Légion répondant au pseudonyme de "Caesar".
Dans une vidéo postée sur une chaîne Telegram qui se présente comme appartenant à la "Légion Liberté pour la Russie", une opération de "sabotage" dénoncée par le Kremlin sur son territoire est revendiquée par ce groupe de Russes combattant côté ukrainien. "Il est venu le temps de mettre fin à la dictature du Kremlin", affirme un homme qui avait été présenté à l'AFP en décembre comme "Caesar", porte-parole du groupe, un homme identifié par la presse comme un ex-néonazi russe passé côté ukrainien en 2014.
L'AFP l'avait rencontré en décembre 2022 sur le front est de l'Ukraine, affirmant dans un entretien se battre "contre le régime de (Vladimir) Poutine" et se définissant comme un patriote russe et un "nationaliste de droite".
Il assure être un kinésithérapeute originaire de Saint-Pétersbourg. Le média d'investigation russe Agentstvo l'a identifié comme un membre actif de longue date de la nébuleuse impérialiste et nationaliste de l'extrême droite russe.
Missions
Les deux groupes, qui disent avoir des centaines d'hommes, affirment vouloir la chute du président Poutine. Le RDK dit mener des actions de reconnaissance et de sabotage en territoire russe.
Un de ses combattants, répondant au pseudonyme de Fortune, avait indiqué à l'AFP en mars que le Corps coordonnait son action avec l'armée ukrainienne lorsqu'il était en territoire ukrainien, mais qu'il menait seul ses opérations en Russie.
Dans un entretien au média russe indépendant Sota en avril, un représentant du RDK, Vladimir "Cardinal" disait vouloir la création "d'un Etat national russe sur le territoire de régions majoritairement peuplées de Russes ethniques".
La ville russe de Belgorod.
La Légion se définit comme un groupe de "partisans" dont le but est de construire "une nouvelle Russie libre".
Son site indique que le groupe orchestre des attaques contre l'infrastructure militaire et ferroviaire russe.
"Caesar" a indiqué à la télévision ukrainienne après l'attaque à Belgorod que l'ampleur des opérations menées par les deux organisations "allait augmenter avec le temps".
Équipement
Aucun des deux groupes ne dit comment et par qui ils sont financés, et l'Ukraine n'a rien dit de ses liens avec ces groupes, les qualifiant de problème "interne" à la Russie.
Mais M. Ponomariov a déclaré à la radio britannique LBC cette semaine que les Ukrainiens "nous aident pour former nos forces et nous fournissent l'équipement nécessaire".
La Légion a indiqué sur Twitter disposer de mortiers français RT61.
La ville russe de Belgorod.
Lors de l'attaque dans la région de Belgorod, les autorités russes ont indiqué avoir fait face notamment à des tirs de mortiers, d'artillerie et des attaques de drones.
Le Corps a lui diffusé des vidéos à bord d'un transport de troupes blindés qu'il disait avoir pris au service de sécurité russe, le FSB qui chapeaute également les gardes-frontières.
Réactions russes
Le Kremlin a martelé lundi et mardi faire face à des combattants ukrainiens et non à des insurgés russes, accusant Kiev d'avoir planifié l'opération pour "détourner l'attention" de Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine que la Russie affirme depuis samedi avoir conquise.
Après l'attaque de Belgorod, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, pas avare de critiques envers l'armée, a dénoncé un échec de l'Etat russe.
"Il n'y a pas de gouvernance, pas de volonté et pas d'individus prêts à défendre leur pays", a-t-il lâché, fustigeant ceux qui "font les idiots" et "siphonnent de l'argent" au lieu "d'assurer la sécurité de l'Etat".
"Un succès militaire retentissant !", a raillé l'ancien responsable séparatiste Igor Strelkov. "Mes félicitations à l'état-major", a-t-il encore tancé sur Telegram.
La chaîne Telegram Rybar, qui commente les événements liés au conflit, suivie par près de 1,1 million d'abonnés, a elle estimé que Kiev voulait "semer la panique" en Russie.
Malo Pinatel, avec AFP
Lire aussi
Commentaires