Une fois n’est pas coutume, le relâchement observé lors des fêtes de fin d’année, associé à un variant Omicron très contagieux, a été propice à l’expansion du Covid-19. Au Liban, 12 à 15% des personnes testées sont désormais positives. Un chiffre qui ne serait pourtant pas représentatif du taux de contaminations parmi la population.
"Je préfère ne pas vous parler, j’ai des symptômes." Tête baissée, bien enveloppée dans son écharpe, le jeune homme s’éloigne. Comme des centaines d’autres personnes, il est venu gonfler les rangs d’un des centres de dépistage du Covid-19 de la capitale. Sans surprise, ceux-ci ont été pris d’assaut au lendemain des fêtes. Au Centre médical de l’Université libano-américaine-Hôpital Rizk, la file ne désemplit pas. Airs inquiets et toux étouffées se mêlent à des visages plus sereins.
Contact avec une personne contaminée, présence de symptômes, simple précaution… les motivations des individus venus se faire tester sont diverses. "Mes filles l’ont attrapé, j’ai déjà fait un test qui s’est révélé négatif, explique Michel. Je suis revenu en faire un second pour m’assurer que tout va bien et pouvoir visiter ma mère qui est âgée." Comme lui, ils sont nombreux à venir se faire tester par précaution. "Il y a quelques jours j’ai vu une amie qui a été testée positive. Je n’ai pas de symptômes mais je suis venue faire un test pour moi, mais surtout pour mes patients", explique une dentiste sous le couvert de l’anonymat. D’autres se font tester pour pouvoir prendre l’avion, comme Najib qui "rentre en Europe, dans 48h". "C’est également bien de faire un test à titre préventif avant de participer à un rassemblement par exemple. Plus de 50% des personnes contaminées n’ont pas de symptômes, mais elles sont bien contagieuses", rappelle dans ce cadre Fady Hobeiche, directeur du laboratoire de l’Hôpital libanais-Geitaoui.
https://youtu.be/amgVUZ_VrW8
Panique dans les hôpitaux
"Nous testons 600 personnes chaque jour! Il y a une très forte affluence", note Makram Boustany, directeur du Centre médical Saint-Joseph. Même constat dans le laboratoire de Jacques Morkhbat, spécialiste en maladies infectieuses : "Plus de 500 personnes ont été testées aujourd’hui. À midi, nous avions déjà dépassé nos capacités et avons été obligés de fermer la salle de prélèvements. Habituellement nous arrêtons à 15h." Il souligne que 25.000 à 30.000 personnes se font tester chaque jour au Liban et que 12 à 15% d’entre elles sont déclarées positives. "Nous travaillons 24h/24. Le nombre de cas positifs ne cesse d’augmenter. Ils sont 5 à 10 fois supérieurs à ce qu’ils étaient avant", constate de son côté le Dr Hobeiche.
"Si le nombre de cas explose, les hôpitaux seront très rapidement submergés !", met en garde le Dr Mokhbat, évoquant plusieurs causes: d’une part, le coût exorbitant de la prise en charge des patients atteints du Covid-19, les médicaments et le matériel médical devant être réglés en dollars frais. Un fardeau financier qui a poussé certains établissements à fermer ces services. D’autre part, l’hémorragie du corps médical, nombre de médecins et d’infirmiers ayant quitté leurs fonctions pour travailler à l’étranger.
"Heureusement, nous avons quelques points positifs dans ce contexte compliqué", tempère le Dr Mokhbat. "Premièrement, le variant Omicron est un peu moins méchant que le virus Delta, explique-t-il. Deuxièmement, une bonne partie de la population est déjà vaccinée et parmi elle, près de 14% ont reçu les trois doses. À noter que le vaccin ne protège pas du virus, mais des formes graves et donc de la mort." "Plusieurs personnes sont détectées positives, alors qu’elles ont reçu les trois doses. Le variant est très contagieux", affirme le Dr Boustany. Même vaccinés, les gestes barrières restent donc de rigueur et la prudence de mise dans les hauts lieux de contamination que constituent les cafés et les restaurants.
Des résultats sur-représentatifs?
"En réalité, il est impossible de connaître le taux d’infection de la population", explique par ailleurs le Dr Mokhbat. Les différents types de tests – PCR, sérologique, antigénique – ne permettent pas d’en avoir une idée fidèle. "La plupart des personnes qui viennent se faire tester ont été exposées ou ont des symptômes", poursuit-il. Il estime que les chiffres précités ne représentent pas le réel pourcentage de contamination dans la population. C’est encore plus le cas des tests sérologiques, puisque leur positivité – qui atteint aujourd’hui les 80% – peut être attribuée aussi bien à l’infection qu’au vaccin.
Quant à la surveillance sentinelle, "ces tests sont en réalité effectués chez des personnes symptomatiques et dont 30% se révèlent positives". En somme, il est compliqué de connaître le nombre de cas, et encore moins de savoir s’il s’agit du variant Delta ou d’Omicron. "Ce sont les laboratoires de détection génétiques à l’Université libanaise et à la LAU qui effectuent la séquence génétique du virus, note le Dr Mokhbat. C’est un processus qui prend du temps. Mais au vu de la rapide augmentation des cas, il est très vraisemblable qu’il s’agit surtout d’Omicron."
Réduire la période d’isolement
"Selon moi, l’isolement doit être raccourci, ajoute-t-il. La grande période de contagiosité se limite à un ou deux jours avant les symptômes et trois à quatre jours après leur apparition. S’isoler cinq jours après l’apparition permet de réduire au moins 90% des risques de contagiosité. Si la personne n’est pas vaccinée, elle devrait cependant s’isoler davantage." Quant aux cas contacts, "ils doivent s’isoler pendant sept jours, qu’ils aient ou non des symptômes, avant de faire un test PCR", précise encore le Dr Mokhbat.
Appelant à la responsabilité de chacun, il ne préconise pourtant pas un nouveau confinement. "Cela va fonctionner deux ou trois jours, puis les gens vont reprendre leur travail. Ils ont besoin de travailler, quelle que soit leur profession. Et nous savons très bien que ces décisions de fermeture s’appliquent toujours à certaines personnes et pas à d’autres", conclut-il.
"Je préfère ne pas vous parler, j’ai des symptômes." Tête baissée, bien enveloppée dans son écharpe, le jeune homme s’éloigne. Comme des centaines d’autres personnes, il est venu gonfler les rangs d’un des centres de dépistage du Covid-19 de la capitale. Sans surprise, ceux-ci ont été pris d’assaut au lendemain des fêtes. Au Centre médical de l’Université libano-américaine-Hôpital Rizk, la file ne désemplit pas. Airs inquiets et toux étouffées se mêlent à des visages plus sereins.
Contact avec une personne contaminée, présence de symptômes, simple précaution… les motivations des individus venus se faire tester sont diverses. "Mes filles l’ont attrapé, j’ai déjà fait un test qui s’est révélé négatif, explique Michel. Je suis revenu en faire un second pour m’assurer que tout va bien et pouvoir visiter ma mère qui est âgée." Comme lui, ils sont nombreux à venir se faire tester par précaution. "Il y a quelques jours j’ai vu une amie qui a été testée positive. Je n’ai pas de symptômes mais je suis venue faire un test pour moi, mais surtout pour mes patients", explique une dentiste sous le couvert de l’anonymat. D’autres se font tester pour pouvoir prendre l’avion, comme Najib qui "rentre en Europe, dans 48h". "C’est également bien de faire un test à titre préventif avant de participer à un rassemblement par exemple. Plus de 50% des personnes contaminées n’ont pas de symptômes, mais elles sont bien contagieuses", rappelle dans ce cadre Fady Hobeiche, directeur du laboratoire de l’Hôpital libanais-Geitaoui.
https://youtu.be/amgVUZ_VrW8
Panique dans les hôpitaux
"Nous testons 600 personnes chaque jour! Il y a une très forte affluence", note Makram Boustany, directeur du Centre médical Saint-Joseph. Même constat dans le laboratoire de Jacques Morkhbat, spécialiste en maladies infectieuses : "Plus de 500 personnes ont été testées aujourd’hui. À midi, nous avions déjà dépassé nos capacités et avons été obligés de fermer la salle de prélèvements. Habituellement nous arrêtons à 15h." Il souligne que 25.000 à 30.000 personnes se font tester chaque jour au Liban et que 12 à 15% d’entre elles sont déclarées positives. "Nous travaillons 24h/24. Le nombre de cas positifs ne cesse d’augmenter. Ils sont 5 à 10 fois supérieurs à ce qu’ils étaient avant", constate de son côté le Dr Hobeiche.
"Si le nombre de cas explose, les hôpitaux seront très rapidement submergés !", met en garde le Dr Mokhbat, évoquant plusieurs causes: d’une part, le coût exorbitant de la prise en charge des patients atteints du Covid-19, les médicaments et le matériel médical devant être réglés en dollars frais. Un fardeau financier qui a poussé certains établissements à fermer ces services. D’autre part, l’hémorragie du corps médical, nombre de médecins et d’infirmiers ayant quitté leurs fonctions pour travailler à l’étranger.
"Heureusement, nous avons quelques points positifs dans ce contexte compliqué", tempère le Dr Mokhbat. "Premièrement, le variant Omicron est un peu moins méchant que le virus Delta, explique-t-il. Deuxièmement, une bonne partie de la population est déjà vaccinée et parmi elle, près de 14% ont reçu les trois doses. À noter que le vaccin ne protège pas du virus, mais des formes graves et donc de la mort." "Plusieurs personnes sont détectées positives, alors qu’elles ont reçu les trois doses. Le variant est très contagieux", affirme le Dr Boustany. Même vaccinés, les gestes barrières restent donc de rigueur et la prudence de mise dans les hauts lieux de contamination que constituent les cafés et les restaurants.
Des résultats sur-représentatifs?
"En réalité, il est impossible de connaître le taux d’infection de la population", explique par ailleurs le Dr Mokhbat. Les différents types de tests – PCR, sérologique, antigénique – ne permettent pas d’en avoir une idée fidèle. "La plupart des personnes qui viennent se faire tester ont été exposées ou ont des symptômes", poursuit-il. Il estime que les chiffres précités ne représentent pas le réel pourcentage de contamination dans la population. C’est encore plus le cas des tests sérologiques, puisque leur positivité – qui atteint aujourd’hui les 80% – peut être attribuée aussi bien à l’infection qu’au vaccin.
Quant à la surveillance sentinelle, "ces tests sont en réalité effectués chez des personnes symptomatiques et dont 30% se révèlent positives". En somme, il est compliqué de connaître le nombre de cas, et encore moins de savoir s’il s’agit du variant Delta ou d’Omicron. "Ce sont les laboratoires de détection génétiques à l’Université libanaise et à la LAU qui effectuent la séquence génétique du virus, note le Dr Mokhbat. C’est un processus qui prend du temps. Mais au vu de la rapide augmentation des cas, il est très vraisemblable qu’il s’agit surtout d’Omicron."
Réduire la période d’isolement
"Selon moi, l’isolement doit être raccourci, ajoute-t-il. La grande période de contagiosité se limite à un ou deux jours avant les symptômes et trois à quatre jours après leur apparition. S’isoler cinq jours après l’apparition permet de réduire au moins 90% des risques de contagiosité. Si la personne n’est pas vaccinée, elle devrait cependant s’isoler davantage." Quant aux cas contacts, "ils doivent s’isoler pendant sept jours, qu’ils aient ou non des symptômes, avant de faire un test PCR", précise encore le Dr Mokhbat.
Appelant à la responsabilité de chacun, il ne préconise pourtant pas un nouveau confinement. "Cela va fonctionner deux ou trois jours, puis les gens vont reprendre leur travail. Ils ont besoin de travailler, quelle que soit leur profession. Et nous savons très bien que ces décisions de fermeture s’appliquent toujours à certaines personnes et pas à d’autres", conclut-il.
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