Giro: Pour Roglic, un triomphe au goût de revanche au pied du Colisée
©Le Slovène Primoz Roglic vainqueur du Giro lors de la dernière étape dimanche à Rome. Luca Bettini/AFP
Ivre de bonheur au pied du Colisée dimanche à Rome, Primoz Roglic a savouré sa première victoire dans le Tour d'Italie qui a valeur de rédemption pour le Slovène, trois ans après son échec traumatique sur le Tour de France.

C'est, après ses trois succès sur la Vuelta, la quatrième victoire dans un grand Tour pour le coureur de Jumbo-Visma. Il devance pour seulement quatorze secondes au classement général le Britannique Geraint Thomas, très digne dans la défaite et poisson pilote de luxe dimanche pour emmener son compatriote Mark Cavendish à une 17e victoire dans le Giro.

"Ce succès est vraiment spécial, il restera gravé dans ma mémoire jusqu'à la fin de mes jours", a souligné Roglic, qui a rapidement sifflé une bière avant d'aller lever les bras sur le podium en compagnie de son fils, au moins aussi content que lui.

Pour le Slovène de 33 ans, ce triomphe romain a une saveur très particulière, trois ans après avoir vécu un cauchemar dans le Tour de France lorsque, maillot jaune sur le dos, il avait été renversé par Tadej Pogacar dans un contre-la-montre tragique à la veille de l'arrivée.

La revanche est d'autant plus douce qu'il a vécu cette fois le scénario à l'envers. Il a pris le pouvoir sur le Giro samedi en détroussant le Gallois Geraint Thomas de son maillot rose sur un dernier chrono en côte dans l'effrayant Monte Lussari, devant des milliers de supporters slovène en transe.

Dont - incroyable clin d'oeil du destin - un de ses anciens coéquipiers de l'équipe nationale juniors de saut à ski, Mitja Meznar, qui se trouvait par hasard pile à l'endroit où il a connu un saut de chaîne et qui l'a aidé à repartir.

"Les émotions que j'ai vécues hier sur le Mont Lussari resteront gravées à vie. Je n'oublierai jamais", a insisté Roglic.

Dimanche, la dernière étape, un aimable défilé sur son beau vélo rose dans le décor de carte postale de la ville éternelle, a été une formalité. Roglic a fini au chaud dans le peloton, réglé au sprint par Cavendish sous un soleil éclatant.

Pour la légende du sprint britannique aussi le moment a été assez incroyable, alors qu'il vient d'annoncer, à 38 ans, qu'il arrêtait sa carrière à la fin de saison. "Je suis incroyablement heureux", a bredouillé le "Cav" après cette 54e victoire dans un grand Tour, lancé par son vieux pote Geraint Thomas qui n'est pourtant pas dans son équipe.


Saison extraordinaire

Le sacre de Roglic, l'un des six fantastiques du cyclisme, constitue le point d'orge d'une première partie de saison extraordinaire. Le Slovène a tout simplement remporté les trois courses qu'il a disputées cette année, Tirreno-Adriatico, le Tour de Catalogne et le Giro.

Des coups d'éclat qui viennent garnir une armoire à trophées déjà bien remplie et dans laquelle il ne manque guère plus que le Tour de France qu'il pourrait disputer cette année, même si les projets de son équipe restent flous à cet égard.

Roglic était le grand favori de ce Giro avec Remco Evenepoel, avant qu'un test positif au Covid-19 du Belge après dix jours ne prive la course du duel annoncé.

Le Tour d'Italie s'est alors enfoncé dans un certain ennui au niveau de la bagarre pour le classement général. Malgré, ou peut-être à cause, d'un parcours très difficile, surtout en troisième semaine, les principaux favoris ont passé leur temps à se marquer à la culotte dans des conditions météo parfois apocalyptiques, dans le froid et sous une pluie battante.

Alors que les abandons se multipliaient, Roglic n'a pas été épargné non plus. Avant même le départ, quatre de ses équipiers ont dû être remplacés à cause d'un test positif au Covid-19.

"On a dû changer la sélection en catastrophe, on était déjà content de pouvoir démarrer à huit", a rappelé dimanche son directeur sportif Marc Reef en louant la force de caractère de son leader, encore impliqué dans deux chutes qui lui ont notamment valu une profonde entaille à la hanche.

Les chutes et les blessures font partie intégrante de la carrière du Slovène. Longtemps maudit, il a pris une revanche éclatante sur le sort dimanche à Rome.
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