Le monde enchanté de Yolande Naufal

Dotée d’un doctorat en psychologie, Yolande Naufal est une artiste qui a illustré de nombreux livres de contes pour enfants et exposé ses œuvres au Liban et à l’étranger, notamment dans plusieurs pays d’Europe, aux États-Unis, en Angleterre et en Australie. Une exposition de ses œuvres se tient à titre posthume à la galerie Chaos du 25 mai au 19 juin 2023.

Yolande Naufal crée un univers édénique, celui d’un Liban fantasmé, une sorte de rêve éveillé parsemé de touches étoilées et de fleurs. Enfance ou patrie d’antan, ce passé nostalgique est perçu par l’artiste comme un espace de légèreté et d’abondance, symbolisé par une nature riche et féconde qui diffuse la pureté bleue du ciel, la fraîcheur verte de l’herbe, la plénitude des fruits et la splendeur colorée de l’univers.
Un monde pacifié où l’humain pactise avec la faune et la flore, un monde qui s’anime grâce à une savante orchestration de notes vives quand la palette de l’artiste vient s’étaler généreusement sur la toile en myriades de petites touches colorées, jaune étoile et rose bonheur! Un monde ouaté de douce sérénité où les êtres semblent flotter dans une sorte d’euphorie ou de béatitude. L’artiste provoque ainsi l’enchantement à travers le prisme magique de sa perception et de ses pinceaux. Le décor quotidien se transforme alors en célébration festive de la vie dans toutes ses manifestations. De charmantes scènes du terroir qui racontent un quotidien idéalisé, celui des Libanais de la montagne ou de la plaine ponctuée de multiples tâches agricoles, de chasse ou de pêche. Des personnages qui touchent tant par leur authenticité que par la richesse de leurs traditions. Une ode à la vie simple, loin des désordres et artifices de la ville.


Défile ainsi un joyeux cortège d’hommes en cherwal et tarbouche, de femmes en costume traditionnel qui dansent la dabké, de paysannes qui sèment les graines, plantent et arrosent les champs cultivés, s’activent devant le jorn de kebbé, s’occupent du bétail ou remplissent les sacs de mouné ou provisions d’hiver – le tout dans un décor de carte postale. Ânes chargés de victuailles, poules et canards, vaches à traire, bœufs attelés à la charrue, poissons de rivière, arbres fleuris, humains et animaux cohabitent en parfaite harmonie avec la nature et participent aussi à cette célébration de la vie familiale ou communautaire qui se déroule dans un climat d’allégresse.
Cette exposition se vit ainsi comme un hymne au temps de la grâce, celui d’avant la chute, d’avant le péché originel, une sorte de rappel du paradis perdu. Un regard émerveillé posé sur le monde entrevu à travers l’art du peintre resté fidèle à son âme d’enfant, à l’instar de ces tournesols qui se tournent vers le soleil pour en puiser le pur nectar, une source d’épanouissement et de lumière.

Jocelyne Ghannagé
Professeur d’université, peintre et auteure
www.joganne.com
Commentaires
  • Aucun commentaire