La sécurité au Liban: priorité à la stabilité politique

Les règlements de compte auxquels le pays est parfois le théâtre, les vols de maisons, de commerces ou de voitures viennent s’ajouter à la liste des faits divers quotidiens au Liban. Pas une journée ne passe sans que nous soyons confrontés à ces mauvaises nouvelles qui suscitent une profonde inquiétude générale.
En dépit de la crise économique et sociale sans précédent traversée par le pays, le Liban continue de bénéficier d'une stabilité considérable sur le plan sécuritaire. Il est toutefois évident que la hausse du nombre de meurtres, de vols et d'agressions nécessite l'adoption de nouvelles approches en matière de sécurité.
La sécurité au Liban a toujours été synonyme de «sécurité politique», c'est-à-dire qu'elle est associée à la stabilité politique, et vice versa. Pendant les périodes de paix, les incidents sécuritaires sont rares, et les Libanais ainsi que les touristes jouissent d'une tranquillité élevée. Cependant, durant les périodes de conflits armés et les guerres, les limites se retrouvent dépassées, et les criminels, qui gravitent dans l’orbite des belligérants, s’adonnent à des actes illégaux et répréhensibles.
Les difficultés auxquelles font face les appareils militaires et sécuritaires au Liban ne se limitent pas aux défis traditionnels qui relèvent de leur cadre de travail, mais englobent également les difficultés de préserver le pouvoir d'achat, notamment avec la monnaie nationale qui a connu un effondrement sans précédent.  Effectivement, la stabilité apparente de la monnaie nationale au cours des derniers mois n'est qu'un artifice qu'il sera difficile de maintenir en l'absence d'un climat politique favorable, qui résulterait d'avancées majeures, totalement bloquées pour le moment.
La stabilité politique et sécuritaire commence par le rétablissement de la vie constitutionnelle, à travers la tenue d'une séance parlementaire pour élire un nouveau président de la République pour ensuite former un gouvernement et mettre en place les réformes requises sur les plans économique et social pour apporter le changement attendu.

Évidemment, des questions urgentes, telles que celle des réfugiés syriens qui pèse lourdement sur le pays, exigent une attention particulière. Il est cependant important de noter que ces derniers ne doivent pas être tenus pour seuls responsables de tous les problèmes auxquels le pays est confronté. Cette question nécessite une approche rationnelle, responsable et sage, loin de tout populisme, racisme et autres positions qui ne font qu'exacerber les tensions sans résoudre le problème.
Le Liban a joué un rôle historique pendant des décennies, et certains Libanais qui ont été «pionniers» de cette phase s'enorgueillissent avec beaucoup de démagogie, de narcissisme et de suffisance. En effet, le Liban était un refuge pour les personnes persécutées. De ce fait, il serait déraisonnable de forcer le retour des déplacés et de les jeter dans la gueule du loup sans s'assurer de leur sécurité.
Il faut prendre soin que certaines approches, fondées sur la discrimination et la ségrégation, contribuent à créer une atmosphère tendue et délétère entre les Libanais et les Syriens, menant à des incidents indésirables dans ces moments critiques que le Liban traverse à tous les niveaux. Cela nécessite de faire preuve de plus d'efforts et d'une attention particulière pour contenir la situation.
L'un des inconvénients de la normalisation gratuite, sans contrepartie, avec la Syrie est de n’avoir pas demandé au régime syrien de prendre des engagements sérieux au sujet d’une multitude de questions, notamment celle des réfugiés ou le problème de la production du Captagon et son exportation. Le régime syrien est passé maître dans l’art de jouer sur le facteur «temps» et de se livrer à toutes sortes de manœuvres politiques. Il reviendra probablement à ses stratagèmes d’antan. Le Liban n’en sera pas épargné.
Dans le contexte présent, les Libanais n'ont plus le luxe de manquer des opportunités, en faisant fi des difficultés économiques, sociales et de subsistance. Le Liban mérite bien mieux.
 
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