L’opposition de l'Europe à un retour des réfugiés syriens chez eux, exprimée lors de la conférence de Bruxelles consacrée à ce dossier, jeudi, a suscité un véritable tollé au Liban où les réactions indignées se sont succédé.
Sur leurs comptes Twitter, ou par le biais de communiqués, des hommes politiques libanais se sont pratiquement déchaînés.
Le bureau de l'ancien président Michel Aoun a publié un communiqué dans lequel il a fustigé, en des termes très sévères, les propos tenus jeudi par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, à Bruxelles. « Le maintien des personnes déplacées dans les pays d'accueil et le fait de lier leur retour à un règlement politique mettent en péril l'avenir de notre pays, ce que nous rejetons totalement », indique le communiqué, en insistant sur le fait qu’il n’est pas question pour le Liban de « payer le prix de la guerre en Syrie ».
« Le projet d'intégration des réfugiés dans la société libanaise équivaut à une destruction systématique du Liban. Il devrait être rejeté par les peuples libanais et syrien, en raison des retombées qu'il aura sur les deux pays qui devraient coordonner leurs efforts pour assurer un rapatriement sûr et digne des réfugiés », selon le texte.
Dans son discours lors de la conférence, M. Borrell avait indirectement rejeté les appels à un rapatriement des réfugiés, affirmant que l’UE ne soutenait ce retour que s’il est "volontaire". Il avait aussi insisté sur le fait qu’il doit se faire « en toute sécurité, sous la supervision d’instances internationales ».
Pour sa part, le ministre sortant des Affaires des déplacés, Issam Charafeddine, a considéré que « si l’UE s’oppose au retour des réfugiés syriens, c’est pour pouvoir faire pression sur le régime syrien, parce qu’elle n’est pas satisfaite de l'issue de la guerre en Syrie ».
Le député Georges Atallah (bloc du Courant patriotique libre) a dénoncé « un complot » contre le Liban. « Vous voulez que ce complot se poursuive et que les déplacés syriens restent au Liban, mais je vous assure qu’ils vont rentrer chez eux », a-t-il dit, en s’adressant à M. Borrell sur son compte Twitter. Il a ensuite affirmé « soutenir toute solution à la crise des réfugiés qui enverrait ces derniers en Europe".
D'autres députés, dont Razi Hajj (membre du bloc des Forces libanaises) ont critiqué dans le même temps l'incapacité du gouvernement libanais à faire preuve de fermeté en posant devant les instances internationales, le problème des réfugiés syriens. « La conférence de Bruxelles a été moins qu'ordinaire dans une période exceptionnellement critique », a aussi tweeté M. Hajj.
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