©Les unités françaises de la force "Barkhane" lors de leur retrait du Mali.
Le récent retrait des Casques bleus du Mali survient après d'importantes critiques à l'égard de certaines opérations de maintien de la paix de l'ONU dans le monde.
La demande du Mali d'un départ "sans délai" des Casques bleus a fait l'effet d'une bombe, mais les signes précurseurs étaient là, dans un contexte de critiques grandissantes de certaines opérations de maintien de la paix de l'ONU, surtout en Afrique.
Le 16 juin, devant le Conseil de sécurité, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a réclamé le "retrait sans délai" de la Minusma, mission de maintien de la paix de l'ONU présente au Mali depuis 2013 dont il a dénoncé "l'échec". Dans ces conditions, le Conseil de sécurité qui devait voter le 29 juin sur un renouvellement du mandat devrait finalement se ranger dernière cette demande, selon des sources diplomatiques.
Le dernier projet de résolution en discussions, qui devra être approuvé par le Conseil, "acte le retrait" et évoque une période de six mois pour organiser le départ des quelque 12.000 militaires et policiers, a indiqué une de ces sources à l'AFP.
"Depuis le coup d'Etat militaire de 2020, (la Minusma) était dans une sorte de crise permanente", commente Anjali Dayal, professeure à l'université américaine Fordham. L'ONU soulignait ainsi régulièrement les entraves de la junte malienne aux déplacements des Casques bleus, tandis que la junte réclamait une mission s'attaquant aux groupes terroristes.
République démocratique du Congo (RDC), Centrafrique, Soudan du Sud... "Ce n'est pas la seule mission dans le monde à avoir ce type de problèmes liés au pays d'accueil", explique Anjali Dayal à l'AFP. "Il y a une +crise du consentement+ dans plusieurs pays en Afrique, mais il ne faut pas trop généraliser non plus, cette décision s'explique plus par les priorités du gouvernement malien", estime de son côté Patryk Labuda, de l'université de Zurich. "Les populations et les gouvernements ne sont pas satisfaits des prestations des Casques bleus" mais "les raisons sont différentes dans chaque pays", indique-t-il à l'AFP.
Pour Richard Gowan, de l'International Crisis Group, il y a bien un trait commun. En RDC ou au Soudan du Sud, "comme au Mali, les Casques bleus ont du mal à jouer un rôle contre les violences persistantes. La population locale voit souvent les unités de l'ONU avec scepticisme et mépris", dit-il à l'AFP. Des manifestations anti-ONU ont même eu lieu en RDC, où le gouvernement réclame une "accélération" du départ de la mission (Monusco), de manière "organisée".
Dans ce contexte, alimenté par des campagnes de désinformation, "l'ONU a beaucoup travaillé pour améliorer sa communication stratégique, avoir un meilleur contact avec les populations, et sensibiliser le public à ce que (les Casques bleus) peuvent ou ne peuvent pas accomplir", assure Julie Gregory, du groupe de réflexion américain Stimson Center.
Ainsi, un des trois principes du maintien de la paix est clair: les Casques bleus ne sont autorisés à utiliser la force qu'en dernier ressort pour se défendre ou défendre le mandat. Ils ne sont pas un outil d'imposition de la paix ni une force antiterroriste. Mais certains gouvernements en Afrique "pensent que l'ONU perd trop de temps à parler droits humains et pas assez à éliminer des insurgés problématiques", note Richard Gowan, évoquant l'"alternative" que représente alors le groupe paramilitaire russe Wagner, pourtant selon lui "une recette pour plus de chaos".
Et les divisions au sein du Conseil de sécurité de l'ONU n'aident pas. "Les Etats hôtes les utilisent malheureusement comme levier pour pousser leurs propres intérêts". Et la décision malienne "va peut-être envoyer un signal aux autres gouvernements: si vous n'êtes pas contents, vous pouvez être plus exigeants; ça peut réduire la marge de manœuvre" de l'ONU, prévient Patryk Labuda.
Malgré toutes ces limites et une image entachée aussi par les cas d'abus sexuels ou le choléra apporté par des Casques bleus en Haïti, il ne faut pas oublier les "succès" des opérations de l'ONU, plaident les experts.
"La façon dont nous voyons le maintien de la paix est teinté par ses échecs, parce qu'ils sont visibles et importants", note Anjali Dayal.
"Mais c'est un outil plutôt couronné de succès. Il tend à réduire la propagation des conflits, à réduire le nombre des victimes, et surtout à protéger la population des rebelles".
Maïssa Ben Fares, avec AFP
La demande du Mali d'un départ "sans délai" des Casques bleus a fait l'effet d'une bombe, mais les signes précurseurs étaient là, dans un contexte de critiques grandissantes de certaines opérations de maintien de la paix de l'ONU, surtout en Afrique.
Le 16 juin, devant le Conseil de sécurité, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a réclamé le "retrait sans délai" de la Minusma, mission de maintien de la paix de l'ONU présente au Mali depuis 2013 dont il a dénoncé "l'échec". Dans ces conditions, le Conseil de sécurité qui devait voter le 29 juin sur un renouvellement du mandat devrait finalement se ranger dernière cette demande, selon des sources diplomatiques.
Le dernier projet de résolution en discussions, qui devra être approuvé par le Conseil, "acte le retrait" et évoque une période de six mois pour organiser le départ des quelque 12.000 militaires et policiers, a indiqué une de ces sources à l'AFP.
"Depuis le coup d'Etat militaire de 2020, (la Minusma) était dans une sorte de crise permanente", commente Anjali Dayal, professeure à l'université américaine Fordham. L'ONU soulignait ainsi régulièrement les entraves de la junte malienne aux déplacements des Casques bleus, tandis que la junte réclamait une mission s'attaquant aux groupes terroristes.
République démocratique du Congo (RDC), Centrafrique, Soudan du Sud... "Ce n'est pas la seule mission dans le monde à avoir ce type de problèmes liés au pays d'accueil", explique Anjali Dayal à l'AFP. "Il y a une +crise du consentement+ dans plusieurs pays en Afrique, mais il ne faut pas trop généraliser non plus, cette décision s'explique plus par les priorités du gouvernement malien", estime de son côté Patryk Labuda, de l'université de Zurich. "Les populations et les gouvernements ne sont pas satisfaits des prestations des Casques bleus" mais "les raisons sont différentes dans chaque pays", indique-t-il à l'AFP.
Pour Richard Gowan, de l'International Crisis Group, il y a bien un trait commun. En RDC ou au Soudan du Sud, "comme au Mali, les Casques bleus ont du mal à jouer un rôle contre les violences persistantes. La population locale voit souvent les unités de l'ONU avec scepticisme et mépris", dit-il à l'AFP. Des manifestations anti-ONU ont même eu lieu en RDC, où le gouvernement réclame une "accélération" du départ de la mission (Monusco), de manière "organisée".
Dans ce contexte, alimenté par des campagnes de désinformation, "l'ONU a beaucoup travaillé pour améliorer sa communication stratégique, avoir un meilleur contact avec les populations, et sensibiliser le public à ce que (les Casques bleus) peuvent ou ne peuvent pas accomplir", assure Julie Gregory, du groupe de réflexion américain Stimson Center.
Ainsi, un des trois principes du maintien de la paix est clair: les Casques bleus ne sont autorisés à utiliser la force qu'en dernier ressort pour se défendre ou défendre le mandat. Ils ne sont pas un outil d'imposition de la paix ni une force antiterroriste. Mais certains gouvernements en Afrique "pensent que l'ONU perd trop de temps à parler droits humains et pas assez à éliminer des insurgés problématiques", note Richard Gowan, évoquant l'"alternative" que représente alors le groupe paramilitaire russe Wagner, pourtant selon lui "une recette pour plus de chaos".
Et les divisions au sein du Conseil de sécurité de l'ONU n'aident pas. "Les Etats hôtes les utilisent malheureusement comme levier pour pousser leurs propres intérêts". Et la décision malienne "va peut-être envoyer un signal aux autres gouvernements: si vous n'êtes pas contents, vous pouvez être plus exigeants; ça peut réduire la marge de manœuvre" de l'ONU, prévient Patryk Labuda.
Malgré toutes ces limites et une image entachée aussi par les cas d'abus sexuels ou le choléra apporté par des Casques bleus en Haïti, il ne faut pas oublier les "succès" des opérations de l'ONU, plaident les experts.
"La façon dont nous voyons le maintien de la paix est teinté par ses échecs, parce qu'ils sont visibles et importants", note Anjali Dayal.
"Mais c'est un outil plutôt couronné de succès. Il tend à réduire la propagation des conflits, à réduire le nombre des victimes, et surtout à protéger la population des rebelles".
Maïssa Ben Fares, avec AFP
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