États-Unis: fin de la discrimination positive à l'université
©Des partisans de l'éducation manifestent devant la Cour suprême des États-Unis, le 29 juin 2023, à Washington, DC. (Photo OLIVIER DOULIERY / AFP)
La Cour suprême des Etats-Unis, dominée par les républicains, a aboli les programmes de discrimination positive à l'université jeudi 29 juin. Un an après Roe v. Wade et le droit à l'avortement, l'institution rétropédale ainsi sur un autre acquis social des années 1960-70. 

La Cour suprême des Etats-Unis a fait tomber jeudi un des acquis de la lutte pour les droits civiques des années 1960, en mettant un terme aux programmes de discrimination positive à l'université.

Ses six juges conservateurs ont jugé - contre l'avis de leurs trois consoeurs progressistes - contraire à la Constitution les procédures d'admission sur les campus prenant en compte la couleur de la peau ou l'origine ethnique des candidats.

A la fin des années 1960, plusieurs universités très sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leur procédure d'admission afin de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des Etats-Unis et d'augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques et amérindiens dans leurs effectifs.

Ces politiques dites de "discrimination positive" ont toujours été très critiquées dans les milieux conservateurs, qui les jugent opaques et y voient du "racisme inversé".

Saisie à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême avait interdit les quotas, mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, parmi d'autres, les critères raciaux. Jusqu'ici, elle jugeait "légitime" la recherche d'une plus grande diversité sur les campus.


Jeudi, elle a fait demi-tour, comme elle l'avait fait le 24 juin 2022 en annulant le droit fédéral à l'avortement qu'elle garantissait depuis 1973.

Elle s'est prononcée dans le cadre d'une plainte déposée en 2014 contre les plus vieilles universités privée et publique des Etats-Unis, Harvard et celle de Caroline du Nord, accusées de discriminer les étudiants d'origine asiatique.

Ces derniers, qui ont des résultats académiques nettement supérieurs à la moyenne, seraient plus nombreux sur les campus si leurs performances étaient le seul critère de sélection, avait plaidé l'association Students for Fair Admission.

La haute Cour leur a donné raison, en estimant que "malgré leurs bonnes intentions", les procédures d'admission dans ces universités utilisaient des catégories raciales "imprécises" et des "stéréotypes" raciaux.

Des critiques très vives se sont élevées en son sein même.

Malo Pinatel, avec AFP
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