France: Les trafiquants de drogue auraient poussé à l'accalmie
©Un officier de police français en tenue anti-émeute observe des voitures incendiées dans le quartier Pablo Picasso à Nanterre. (Photo: CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Les violences urbaines en France ont diminué au cours des dernières 24 heures après plusieurs d'émeutes, de pillages et de dégradations de biens publics et privés, à la suite de la mort d'un jeune de 17 ans lors d'un contrôle routier.

Les violences urbaines survenues en France depuis la mort le 27 juin d'un jeune de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier ont poursuivi leur décrue dans la nuit de mardi à mercredi, selon le ministère de l'Intérieur. Un bilan national du ministère fait état de 16 interpellations et huit bâtiments incendiés ou dégradés durant la nuit. À Paris et sa banlieue, sept personnes ont été interpellées. Quelque 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés la nuit dernière. Aucun n'a été blessé, selon le ministère.

Il convient d'indiquer dans ce contexte que selon diverses sources concordantes, l'un des facteurs qui a contribué à la baisse de la tension et à l'arrêt des émeutes est l'attitude des trafiquants de drogue qui auraient poussé à l'accalmie. Et pour cause:  la persistance des violences urbaines, accompagnée d'un déploiement massif des forces de police, s'est répercutée négativement sur le trafic de drogue et sur l'écoulement des stocks de stupéfiants.

D'après les estimations des experts, environ 250 000 personnes en France seraient impliquées dans le trafic de drogue, contribuant ainsi à maintenir certaines zones sous perfusion grâce à cette économie souterraine. Cependant, lors des troubles prolongés, ils cherchent à mettre rapidement fin aux violences afin de pouvoir écouler les stocks de marchandises qui n'ont pas pu être vendues sur les points de vente.

Le bilan du ministère de l'Intérieur 

Pour en revenir aux violences des derniers jours, le ministère de l'Intérieur a recensé au total 202 incendies sur la voie publique, notamment des poubelles, 159 véhicules incendiés, et quatre attaques de locaux de police nationale, gendarmerie et police municipale.

Mardi, les autorités avaient fait état au plan national de 3625 personnes placées en garde à vue, dont 1124 mineurs, depuis le début de ces émeutes. Parmi elles, 990 ont été déférées devant la justice et 380 incarcérées.

Les violences nocturnes avaient commencé à décroître dimanche.

Mardi, le président Emmanuel Macron était resté "prudent" sur la perspective d'un retour au calme dans le pays tout en estimant que le "pic" des violences était passé. Il a annoncé une "loi d'urgence" pour la reconstruction dans les villes touchées par les émeutes.


 

(Photo: Valery HACHE / AFP)

"Marches citoyennes" de la gauche radicale, samedi

Dans ce contexte, quelque 90 organisations classées à gauche, parmi lesquelles LFI, EELV, CGT ou Solidaires, ont appelé à "des marches citoyennes" ce samedi pour exprimer "deuil et colère" et dénoncer les politiques jugées "discriminatoires" contre les quartiers populaires.
Ces organisations mobilisées "pour le maintien des libertés publiques et individuelles", demandent que le "gouvernement prenne ses responsabilités et apporte des réponses immédiates pour sortir de l’affrontement", selon un communiqué transmis mercredi par Solidaires. Parmi la kyrielle de mesures demandées par ces syndicats, associations ou partis politiques figure "une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement". Dans le collimateur de ces 90 organisations, la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre dont elles demandent l'abrogation mais aussi l’inspection générale de la police nationale (IGPN) dont elles réclament le remplacement par un organisme indépendant.Elles veulent en outre "la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits".

Pour ces organisations, "les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires" depuis la mort de Nahel sont la résultante d'un "abandon de ces populations" et "de décennies de dérives d’une politique du maintien de l’ordre".

Elles mettent aussi en cause "le racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société".

En attendant les "marches citoyennes" prévues samedi, les organisations invitent à rejoindre les rassemblements et marches "partout dans le pays" à partir de ce mercredi, "à l’exemple de la marche organisée par le Comité Vérité et Justice pour Adama, à Beaumont-sur-Oise, et de celle de la Coordination Nationale contre les violences policières du 15 juillet".


Pierre Daccache, avec AFP et Europe 1
Commentaires
  • Aucun commentaire