Un acteur révèle la face cachée du rêve hollywoodien

À 40 ans, Dominic Burgess est à des années-lumière des paillettes et du glamour d’Hollywood. Pour cet acteur britannique, dont les revenus ont décliné au cours de la dernière décennie, la grève monumentale des acteurs annoncée jeudi est une nécessité.
Malgré des rôles dans des séries populaires telles que Modern Family, Star Trek: Picard et Dahmer: Monstre – L'histoire de Jeffrey Dahmer, une production nommée aux prestigieux Emmy Awards, la réalité quotidienne de Burgess est bien loin de celle des stars sous les projecteurs.
«Pour 99 % des acteurs, la vie quotidienne se déroule dans la mêlée, en passant des auditions, en se battant pour accéder aux salles de casting», explique-t-il. Pendant ses six premières années à Los Angeles, Burgess a dû compléter ses maigres revenus d’acteur par un travail à temps partiel dans un cinéma local, payé 7,75 dollars l’heure.
Il soutient pleinement la grève initiée par son syndicat, la SAG-AFTRA, qui représente 160.000 acteurs et autres professionnels de l’industrie du film et de la télévision aux États-Unis. «Nous voulons tous travailler, mais à quel prix, lorsque le salaire et les revenus résiduels sont devenus insuffisants pour les acteurs?» dit-il. «Je dois pouvoir payer mon loyer et l’insuline de mon chat.»
La plupart des acteurs ont deux sources de revenus: leurs cachets pour chaque série ou film, et les fameux revenus résiduels qui sont actuellement au cœur des négociations avec les employeurs. Ces derniers sont versés à chaque rediffusion d’une œuvre, mais sont particulièrement faibles pour les diffusions sur les plateformes de streaming.

Malgré une carrière qui lui permet désormais de «subvenir à ses besoins en jouant la comédie», Burgess a vu ses revenus, quels qu’ils soient, diminuer avec le temps. Les studios et les chaînes de télévision continuent de «serrer la vis».
Il raconte qu’on lui propose souvent «le strict minimum» fixé par les barèmes syndicaux. C’est particulièrement vrai pour les plateformes de streaming, selon lui. «J’ai travaillé cette année pour une société pour laquelle j’avais déjà travaillé en 2012, et je suis moins bien payé qu’il y a dix ans», se désole-t-il.
Selon les régulations syndicales, un acteur de télévision doit recevoir au moins 1.082 dollars par jour de tournage. Cependant, entre les frais d’agent, les frais juridiques et les impôts, la moitié de cette somme disparaît, explique Burgess.
C’est une existence qu’il n’avait pas imaginée lorsqu’il a débarqué aux États-Unis il y a 16 ans. «Nous sommes des artistes, des acteurs, des auteurs et des créateurs, et je pense que certains en profitent parfois. Les studios savent que nous aimons ce que nous faisons», confie-t-il.
Mais face à une concurrence féroce, que peut-il faire? Refuser une production payée au salaire minimum, c’est laisser la place à «450 autres acteurs juste derrière toi, qui diront: Oui, je le fais».
Avec AFP
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