Le président du Parlement européen, le social-démocrate italien David Sassoli, est décédé mardi en Italie à l'âge de 65 ans, laissant le souvenir d'un "champion de la démocratie" et d'un "combattant de l'Europe" selon les hommages d'eurodéputés et dirigeants de l'UE.
Ayant souffert par le passé d'une leucémie, il avait déjà été hospitalisé cet automne pour une pneumonie qui l'avait tenu éloigné du Parlement européen pendant plusieurs semaines.
"Européen sincère et passionné, sa chaleur humaine, sa générosité, sa convivialité et son sourire nous manquent déjà", a réagi le président du Conseil européen Charles Michel.
"Je suis extrêmement attristée par cette perte terrible d'un grand Européen et fier Italien, journaliste attentionné, extraordinaire président du Parlement et avant tout un ami cher", a abondé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Journaliste-présentateur vedette de journaux télévisés en Italie avant de se tourner vers la politique, David Sassoli était à la tête de l'assemblée de Strasbourg depuis 2019. Son mandat se terminait ce mois-ci, à la moitié de la législature quinquennale. L'élection pour sa succession, à laquelle il avait été un temps question qu'il se représente, est actuellement prévue le 18 janvier.
Son groupe, les sociaux-démocrates (S&D), deuxième force politique au Parlement européen, avait renoncé à la mi-décembre à présenter un candidat, ouvrant la voie à l'élection de la candidate du PPE (droite), l'actuelle première vice-présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola.
"J'ai le cœur brisé. L'Europe a perdu un leader, j'ai perdu un ami, la démocratie a perdu un champion", a indiqué cette dernière sur Twitter.
Député européen depuis 2009 sans discontinuer avec un échec aux élections municipales de Rome en 2013, David Sassoli avait été élu président du Parlement européen en juillet 2019 à la faveur de tractations entre les grandes forces politiques européennes pour les principaux postes à responsabilité de l'UE.
La droite, qui avait obtenu la présidence de la Commission avec Ursula von der Leyen, et les libéraux-centristes, représentés au Conseil par Charles Michel, avaient également voté pour lui.
Mais son mandat, dans lequel il s'est beaucoup impliqué, a été rapidement mis à mal par la crise sanitaire, qui a obligé le Parlement européen, seule institution européenne élue, à travailler à distance.
Par solidarité en pleine pandémie, David Sassoli avait marqué les esprits en mettant à disposition les locaux désertés du Parlement, tant à Strasbourg qu'à Bruxelles pour la préparation de repas pour les personnes dans le besoin, l'installation d'un centre de dépistage ou pour servir de refuge à des femmes isolées.
"Nous nous souviendrons d'un leader de la démocratie et pro-européen. Tu étais lumineux, généreux, joyeux", a renchéri son compatriote Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'Economie. "Sa gentillesse était une inspiration pour tous", a abondé Frans Timmermans, vice-président de la Commission.
Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a pour sa part salué "un combattant de l’Europe, un défenseur sincère et courageux de la démocratie et des valeurs de notre Union".
Des eurodéputés exprimaient leur vive émotion: "Son travail pour moderniser le Parlement de fond en comble était visionnaire, et j'espère que nous pourrons achever ce qu'il a commencé", observait la Danoise Karen Melchior (Renew, libéraux).
Ces dernières heures, de nombreux internautes dont plusieurs personnalités politiques en Italie avaient témoigné de leur soutien à David Sassoli sur les réseaux sociaux, utilisant le hashtag #ForzaDavid ("Courage, David"), à l'unisson de messages de soutien émanant de responsables des institutions européennes et d'eurodéputés.
Discret mais ferme dans sa tenue des débats dans l'hémicycle tant à Strasbourg qu'à Bruxelles, David Sassoli avait reçu le "soutien unanime" de son groupe politique en novembre pour briguer un second mandat. Mais il ne s'était alors pas lui-même déclaré officiellement candidat, et son état de santé laissait planer une incertitude sur cette candidature, à laquelle son groupe avait finalement renoncée mi-décembre.
AFP
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