Alexandre Adler, expert géopolitique renommé, décède à 72 ans
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L’univers de la géopolitique et du journalisme français vient de perdre une de ses figures de proue. Historien et journaliste émérite, Alexandre Adler est décédé ce mardi à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, à 72 ans. Expert des relations internationales, de l’ex-URSS et du Proche-Orient, il laisse un grand vide dans le monde des lettres et de la géopolitique.
Une vie dédiée à la géopolitique
Alexandre Adler a marqué par son érudition, sa curiosité et sa perspicacité l’univers de la géopolitique. Il est entré dans le journalisme en 1982, en suivant les affaires soviétiques pour le journal Libération. Dix ans plus tard, il rejoint la rédaction de Courrier International, où il occupe successivement les fonctions de rédacteur en chef et de directeur éditorial pendant une décennie.
C’est durant cette période qu’il s’impose comme une voix respectée de la géopolitique, anticipant des événements majeurs comme la chute de l’URSS. Ses travaux ont été récompensés par de nombreux prix, dont le prix du livre politique 2003 pour son best-seller J’ai vu finir le monde ancien, ouvrage consacré aux conséquences des attentats du 11 septembre.
Cet érudit diplômé de l’École normale supérieure et agrégé d’histoire a également travaillé pour de prestigieux organes de presse tels que Le Monde, Le Figaro, Le Point, et a contribué régulièrement à France Culture. Avant son décès, il travaillait sur un «traité de géopolitique presque achevé», témoignage de sa passion inaltérable pour son domaine.
Au-delà de la presse écrite, Adler a également marqué le paysage audiovisuel. Il a été chroniqueur à Europe 1 et RTL, et a présenté l’émission «Les mercredis de l’Histoire» sur Arte pendant près d’une décennie. Il est aussi l’auteur d’une série de chroniques historiques sur le XXe siècle, «Histoire de comprendre».
Un parcours d’exception

Adler est né dans une famille aux racines profondes, dotée d’un riche héritage culturel et historique. Sa famille maternelle, d’origine juive allemande et russe, a échappé aux persécutions nazies en s'installant en Turquie depuis le début du XXe siècle. Son père, Émeric, a survécu à la déportation, tandis que le reste de sa famille paternelle a tragiquement péri.
Alexandre Adler est le cousin de l’ancien Premier ministre roumain Petre Roman. Il était marié à Blandine Kriegel, une philosophe et historienne de renom, fille de Maurice Kriegel-Valrimont, un résistant et dirigeant communiste.
Franc-maçon, Adler a été initié à la Grande Loge nationale française en 1996, avant de la quitter en 2015 pour la Grande Loge des cultures et de la spiritualité, où il avait atteint le 33e degré.
Il a été reconnu non seulement pour sa carrière journalistique mais aussi pour ses contributions significatives à la vie intellectuelle française. Il a été nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 2002 et Officier de l’ordre national du mérite en 2007. Sa pensée et son travail ont été influencés par une forte sensibilité historique, inspirée par Fernand Braudel et la longue durée.
L’homme aux prédictions audacieuses
Adler était également connu pour ses anticipations risquées, qui se sont souvent avérées exactes. En s’inspirant de Fernand Braudel et de son intérêt pour la longue durée, il s’est souvent aventuré dans des prévisions audacieuses. Parmi ses prédictions les plus marquantes, la chute de Mikhaïl Gorbatchev, trois mois avant le coup d’État de 1991, ou encore la chute de Slobodan Milošević en Serbie, deux mois avant qu’elle ne survienne.
Alexandre Adler était une voix respectée dans le paysage médiatique français. Sa disparition constitue une perte considérable pour le monde du journalisme et de la géopolitique. Adler, par son érudition et sa clairvoyance, a contribué à éclairer les grandes mutations de notre temps. Même si ses prédictions audacieuses étaient parfois sujettes à controverse, sa capacité à anticiper les grands bouleversements géopolitiques est incontestable. Alexandre Adler nous laisse un héritage riche, que continueront de perpétuer ceux qui, à leur tour, chercheront à comprendre et à expliquer le monde.
Les causes de sa mort n'ont pas été précisées.
Avec AFP
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