Matches plus courts, crampons trop grands: en 1991, la première Coupe du monde féminine
©Hege Riise (n°9) et ses coéquipières norvégiennes célèbrent leur victoire face à la Suède (4-1) lors des demi-finales de la Coupe du monde 1991 en Chine. AFP/Archives
Asako Takakura a joué la première Coupe du monde féminine en 1991. La Japonaise se souvient avec une pointe de dédain de matches qui ne duraient que 80 minutes au lieu de 90 et d'équipements trop grands pour les joueuses.

"A cette époque, le football était encore considéré comme un sport d'homme", a raconté Asako Takakura à l'AFP, se remémorant un tournoi auquel seules 12 équipes avaient participé, contre 32 lors de la Coupe du monde qui débute jeudi en Australie et en Nouvelle-Zélande avec un intérêt mondial sans précédent.

Asako Takakura a vécu cette évolution au plus près. Après avoir joué pour le Japon lors des Mondiaux 1991 et 1995, elle a officié sur le banc japonais lors de la Coupe du monde 2019 en France.

Organisée dans la province chinoise de Guangdong, la Coupe du monde 1991 a été remportée par les Américaines, victorieuses de la Norvège en finale (2-1) devant 63.000 spectateurs. Une affluence alors dopée par la distribution de billets gratuits.

A l'époque, les matches se déroulaient en deux périodes de 40 minutes. "Bonté divine, les filles ne peuvent pas tenir 90 minutes", avait alors déclaré dans une réponse sarcastique la buteuse vedette américaine Michelle Akers.

Si la longueur des matches a été rallongée dès l'édition suivante à la demande de plusieurs équipes, "les gens se demandaient si les femmes pouvaient jouer", se souvient Takakura.

"Au moins, ils n'avaient pas fait un terrain plus petit", avait-elle ironisé.

Au-delà de la durée de jeu, beaucoup d'équipes ont eu des difficultés pour trouver des crampons et des gants de gardienne à des tailles adaptées aux femmes.


"Soutien de façade"

Capitaine et gardienne de la sélection néo-zélandaise en 1991, Leslie King faisait partie d'une équipe principalement composée de joueuses amateures.

Si elle garde d'excellents souvenirs du tournoi, elle estime qu'à ce moment-là, la Fifa était loin d'être convaincue par ce premier Mondial au féminin, qui ne portait même pas l'appellation de Coupe du monde.

"Je ne pense pas qu'ils y aient accordé beaucoup de crédit, il s'agissait d'un soutien de façade au football féminin", a-t-elle estimé auprès de l'AFP.

"Personne ne voulait d'une Coupe du monde féminine", a insisté Asako Takakura aujourd'hui entraîneure dans le championnat féminin chinois.

Depuis le football féminin s'est développé. "Physiquement, les joueuses sont plus grandes, plus fortes et meilleures techniquement", estime Leslie King, attribuant ces évolutions à la professionnalisation.

"Au départ, beaucoup de nations voyaient le football féminin négativement. Avec la Coupe du monde, chaque fédération a dû s'emparer du sujet", s'est réjoui Asako Takakura.
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