Les États-Unis et leurs alliés se sont concertés mardi à Bruxelles au lendemain de pourparlers russo-américains sur la crise à la frontière ukrainienne et à la veille de discussions entre l'Otan et Moscou, Kiev appelant de son côté à un sommet international.
La Russie affirme que ce déploiement militaire est une réaction à la présence jugée croissante et menaçante de l'Otan dans ce qu'elle considère comme sa zone d'influence. Moscou réclame des garanties occidentales sur un arrêt de l'élargissement de cette alliance militaire à ses frontières, notamment à l'Ukraine.
Une réunion du Conseil Otan-Russie, impliquant de hauts diplomates des 30 pays membres de l'Alliance et des représentants de Moscou, est prévue mercredi à Bruxelles, la première depuis juillet 2019.
C'est "un moment de vérité" pour la relation Russie-Otan, a estimé Alexandre Grouchko, autre représentant du ministère russe des Affaires étrangères, qui se rendra à Bruxelles "avec des attentes réalistes et l'espoir qu'il y aura une conversation sérieuse, approfondie sur les questions clés, fondamentales de la sécurité européenne".
Américains et Européens ont jusqu'à présent considéré comme inacceptables les exigences de Moscou sur une interdiction de tout élargissement futur de l'Otan, soulignant qu'il s'agit d'une question de souveraineté pour les États concernés et promettant de maintenir une politique de porte ouverte.
La Russie "n'a pas le droit de vote" sur l'éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'Otan, a commenté le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.
Après Genève et Bruxelles, la séquence diplomatique doit se poursuivre jeudi à Vienne avec une réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la plateforme de dialogue Est-Ouest issue de la Guerre froide.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui appelé à un sommet quadripartite avec Moscou, Paris et Berlin pour "mettre fin au conflit" avec les séparatistes prorusses dans l'est du pays.
Le précédent sommet dit "de format Normandie" à Paris, en décembre 2019, avait permis de timides avancées. Mais le processus de paix s'est ensuite de nouveau retrouvé dans l'impasse, alors que la guerre dans l'est de l'Ukraine a fait plus de 13.000 morts depuis 2014, date de l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Au siège de l'Otan mardi, la vice-secrétaire d'État américaine Wendy Sherman a rendu compte aux pays de l'Alliance des pourparlers avec son homologue russe la veille. Elle a affirmé la volonté de Washington de travailler "en étroite collaboration" avec ses alliés, face aux inquiétudes des Européens d'être mis sur la touche dans les pourparlers.
Avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, "nous avons affirmé une approche unifiée de l'Otan à l'égard de la Russie, réalisant l'équilibre entre dissuasion et dialogue, et souligné notre soutien indéfectible à l'Ukraine", a-t-elle ajouté sur Twitter.
Dans un message adressé à la vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères Eminé Djaparova, elle a aussi assuré Kiev que les alliés "ne prendraient pas de décisions sur l'Ukraine sans l'Ukraine".
Alors que Washington et Moscou sont convenus de poursuivre le dialogue, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a jugé "positives" les discussions, tout en soulignant qu'il n'y avait "encore rien à dire sur le résultat".
Wendy Sherman a déploré que la Russie n'ait pas prouvé qu'elle ne comptait pas envahir l'Ukraine. La responsable américaine a soumis des pistes pour de futures négociations, notamment sur une limitation "réciproque" concernant le déploiement de missiles et sur les manœuvres militaires en Europe.
Les Occidentaux ont menacé le Kremlin de sanctions économiques et financières "massives" en cas de nouvelle agression contre l'Ukraine.
AFP
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