Dans un projet novateur, Nathalie Tufenkjian, artiste photographe franco-libanaise, a inlassablement arpenté la vallée des saints, l'œil collé à l'objectif, subjuguée par l'aura magistrale de ces lieux baignés d'histoire millénaire. Ses explorations sinueuses et éclairées ont donné naissance à un projet novateur: Sur la route des saints.
En harmonieuse collaboration avec Khaled Mouzanar, dans cette même perspective d’hommage aux montagnes libanaises, une exposition photo prend vie et donnera le jour plus tard à un livre d’art. C’est au cœur de Smar Jbeil, où se déroule le festival De vin et de musique les 28, 29 et 30 juillet 2023 sous la direction artistique de Khaled Mouzanar, que l’exposition a lieu.
Nathalie Tufenkjian réalise son premier portrait en 1986. Après être tombée sous le charme de l’authenticité humaine, la photographe s'efforce de capter des portraits. Ainsi, elle arpente le monde à la recherche de visages. Elle réalise de grands reportages au Proche-Orient (Jordanie, Iran, Irak...) et en Amérique latine (Argentine...). Celle qui a travaillé dans le domaine de la mode pour Vogue Italia ou encore pour Cartier adopte les mots de Willy Ronis: «La belle image est une géométrie modulée par le cœur». Dans le cadre de la Tbilisi Women’s International Conference, en 2022, Nathalie réalise une exposition: Women of Georgia, pearls of the Caucasus (Femmes de Géorgie, perles du Caucase) au palais présidentiel, le Palais Orbeliani. Elle compte en créer une autre dans le même esprit: Libanaises, perles du Levant.
Les photos de Nathalie Tufenkjian, dévoilées dans le cadre du festival De vin et de musique, reflètent son voyage intérieur, ses rencontres impromptues et la lumière tout au long de son cheminement. Leurs résonances vibrent en accord avec l'esprit et la ferveur de ce festival, où le vin, la musique et la terre s’entrelacent en une symphonie mystique, au sein même de la citadelle de Smar Jbeil, en une vénération artistique de la région de Batroun. S'aventurer sur la route des saints, au cœur de Batroun et du Liban-Nord, c'est comme se glisser dans une faille spatiotemporelle, un voyage à travers les âges, où les murmures des hommes et les souvenirs de la terre se confondent en une sérénade silencieuse.
Nathalie Tufenkjian fait partie de ces personnes qui ont la lumière plein les yeux. C’est avec cette lumière qu’elle perçoit le monde, les sentiers sinueux des montagnes libanaises et les âmes qu’elle croise en chemin. Son objectif capture, non seulement l’instant éphémère, mais aussi le rayonnement intérieur. Elle dit: «Je photographie les âmes.» Fidèle à la lumière naturelle, elle en a fait sa règle d’or, son mantra, cherchant inlassablement l’authenticité des êtres et des choses, les voix éclairées par la lueur du jour, sans fards, sans artifices. Elle voit au-delà de la poudre aux yeux, et nous transmet, dans un rayon de soleil ou un faisceau de lumière, à l'aube ou au crépuscule, un instant de vie baigné de sa source de lumière naturelle. Dans ses photos, la neige est plus blanche, le regard plus serein, les cœurs plus purs. À travers l'objectif clairvoyant de sa caméra, tout est vrai et sublimé à la fois.
Ses clichés sont une loupe braquée sur un élément, un bâtiment ou un coin de nature, un café offert et la chaleur des habitants. Tout est démystification du sacré; dans la caméra de Nathalie Tufenkjian, la sainteté est à portée de main. De ses photographies émane une pureté en quête des églises dispersées dans les montagnes. Elle se laisse porter par le vent des rencontres. Après des échanges avec les gens, en un clic, elle fige l'instant et leur existence.
Au sein de la citadelle de Smar Jbeil, dans une ambiance mystique où la musique rejoint les étoiles, où le vent murmure aux oreilles des violons, les photos de Nathalie Tufenkjian sont accrochées aux murs qui ont vu défier les légendes phéniciennes et le temps. Bien après le concert, ces photos restent en mémoire, comme une douce lueur, bercées par les notes envoûtantes de Vivaldi et de ses quatre saisons, auxquelles s’est ajoutée une cinquième, aux soupirs poignants, imprégnée de notes saccadées ou blanches, celles de Khaled Mouzanar.
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