Martha Argerich: le répit de la lionne entre deux rugissements
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«Du haut de ses quatre-vingt-deux printemps, Martha jouit d'une excellente santé et s'apprête à fouler à nouveau les planches pour illuminer ce monde austère d'une saveur sucrée», déclare le virtuose argentin, Dario Ntaca, vieil ami et collègue de la «lionne», en exclusivité à «Ici Beyrouth».
Orfèvres des mélodies immarcescibles, de grands maîtres ont intaillé l’univers apollinien par le velours de leur talent, insufflant à chaque épopée musicale un souffle d’éternité. Leur virtuosité iconoclaste et leur sensibilité à fleur de peau ont ainsi éveillé des abysses de ce monde morose, des lueurs de résurrection, illuminant l’Olympe musical d'une splendeur ineffable. Plusieurs virtuoses scintillent au sein de ce firmament étoilé, trônant parmi les démiurges du cosmos artistique. Si Arthur Rubinstein (1887-1982), ce prince des touches en ivoire, a couronné le répertoire romantique d’une finesse éloquente, Louis Kentner (1905-1987) a sublimé les chefs-d’œuvre lisztiens en y instillant une passion brûlante. Arturo Benedetti Michelangeli (1920-1995), quant à lui, a effleuré les œuvres pianistiques avec une délicatesse et une méticulosité obsessionnelle qui rivalisent avec celles d'un poète caressant les premiers vers de l'aube.

Éclat rutilant


Par ailleurs, l'héritage impérissable d'Emil Gilels (1916-1985) réside dans la soyeuseté de son expression musicale et la fluidité technique des prestations qui ont redonné vie aux œuvres majeures du répertoire germano-autrichien. En contrepoint, Vladimir Ashkenazy (né en 1937) s'est distingué par une interprétation d'une précision cristalline, presque religieuse, particulièrement remarquable dans ses performances des joyaux de Sergueï Rachmaninov (1873-1943), Dmitri Chostakovitch (1906-1975) et Frédéric Chopin (1810-1849). Et si Sviatoslav Richter (1915-1997), Maurizio Pollini (né en 1942), Daniel Barenboim (né en 1942) et Murray Perahia (né en 1947) sont parvenus à forger des univers musicaux lumineux, un éminent astre flamboie d’un éclat particulièrement rutilant dans le panthéon des pianistes: il s’agit indubitablement de la pianiste argentine, Martha Argerich (née en 1941).

Absolue prééminence


Sa virtuosité raffinée, sa musicalité incandescente et sa passion véhémente lui ont valu la réputation incontestée de «lionne du clavier». Avec une aisance déconcertante voire même troublante, elle s'empare et apprivoise des œuvres pianistiques parmi les plus ardentes et les plus épineuses, révélant ainsi son absolue prééminence. Dans chaque note, dans chaque harmonie, dans chaque nuance de son jeu, résident une générosité stylistique, une ingéniosité piquante, une émotion intense, une fougue subtilement contrôlée, un toucher persuasif et tout un voyage sensuel plein de panache. Lorsque son piano entonne le Concerto pour piano no.1 en do majeur, op. 15, de Ludwig van Beethoven (1770-1827), ses doigts voguent à la quête des horizons insoupçonnés où une puissance rythmique fascinante prend vie, accompagnée d'une majesté structurelle imposante et de l'émanation d'une intimité harmonique profondément ressentie.

Impétuosité intrépide


Avec le Concerto pour piano no.1 en mi mineur, op.11, de Frédéric Chopin, la matière sonore revêt, sous ses doigts, une texture complexe et florissante où une plénitude interprétative et une transparence harmonique poignante, voire déchirante, font distiller de frémissants phrasés où affleure un lyrisme éplorant. Mais cette souveraine du piano est avant tout une femme en acier, une artiste dotée d’une justesse naturelle, d’une force herculéenne et d'une agilité technique inébranlable face aux passages pianistiques les plus ardus. Ses fameuses doubles octaves, scrupuleuses et athlétiques, dans le troisième mouvement, Allegro con fuoco, du Concerto pour piano no.1 en si bémol mineur, op.23, de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), les deuxième (Tema con variazioni) et troisième (Allegro, ma non troppo) mouvements du Concerto pour piano no.3 en do majeur, op.26 de Sergueï Prokofiev (1891-1953), les premier (Allegro maestoso), troisième (Allegro animato) et quatrième (Allegro marziale animato) mouvements du Concerto pour piano no.1 en mi bémol majeur, S.124, de Franz Liszt (1811-1886), entres autres, témoignent de son impétuosité intrépide.

Situation «préoccupante»


Depuis quelques jours, la presse internationale se fait l'écho du retrait impromptu de Martha Argerich du concert du 12 août à la Philharmonie de Cologne en Allemagne, et celui du 15 août dans le cadre du Festival de Lucerne, en Suisse. Ses majestueuses mélodies ne résonneront point, tout comme l’intégralité de la tournée estivale qui se voyait somptueusement tissée aux fils du West-Eastern Divan Orchestra, sous la baguette de l’illustre Daniel Barenboim. L'encre de certains journaux s'est même teintée de sinistres prémonitions, dépeignant l'état de santé de la virtuose en des termes sombres et évoquant une situation «préoccupante». Certaines ont même insinué, avec des termes expressément brumeux, que l'ombre du cancer, autrefois combattu avec acharnement par la pianiste argentine dans les années 90, pourrait être à nouveau responsable de cette série d'annulations désolantes.

Maladie saisonnière


«Il est grand temps que toutes ces insinuations irresponsables et de mauvais goût prennent fin !», s’indigne à Ici Beyrouth une personnalité de premier ordre, en contact quotidien avec Martha Argerich, souhaitant préserver l'anonymat. Et de poursuivre: «Son état de santé est excellent. Suite à sa participation au Festival Martha Argerich, au théâtre Colón à Buenos Aires, elle a simplement contracté une maladie saisonnière qui l’a contrainte à annuler les deux premiers concerts puis sa tournée estivale, une décision stratégique prise suite à des concertations avec Daniel Barenboim». De son côté, le pianiste et chef d’orchestre argentin Dario Ntaca, qui a dirigé de nombreux concerts de la «lionne du piano» et l'a accompagnée lors de récitals à deux pianos ou à quatre mains pendant plus de quatre décennies, exprime un profond regret face à une telle décadence. «Du haut de ses quatre-vingt-deux printemps, Martha jouit d'une excellente santé et s'apprête à fouler à nouveau les planches pour illuminer ce monde austère d'une saveur sucrée», déclare le virtuose argentin en exclusivité à Ici Beyrouth.
En somme, n'est-il pas temps que les mots empoisonnés, s'échappant tels un venin perfide, cèdent enfin le pas au silence, permettant ainsi aux mélodies vertueuses de Martha Argerich de s'épanouir en toute quiétude et parfaite harmonie ?
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