Dialogue CPL-Hezb: qui annoncera l’échec en premier?
Le Hezbollah exploite son présumé dialogue avec le Courant patriotique libre (CPL) pour maintenir le vide à la présidence, en attendant le moment opportun pour imposer son candidat, le chef des Marada, Sleiman Frangié.
De son côté, le chef du CPL, Gebran Bassil, tente de tirer profit de ce dialogue sur deux axes. D’une part, il essaie d’accroître ses acquis sur le plan politique et de l’administration publique en contrepartie de son appui à la candidature de Frangié. D’autre part, il tente de trouver un moyen pour convaincre le Hezb que sa candidature est une alternative à celle du chef des Marada.
Bien que le Hezbollah indique publiquement que ce dialogue est sur la bonne voie, la formation pro-iranienne et le CPL affirment, dans leurs cercles privés, que celui-ci n’aboutira pas, selon des sources proches des deux parties. De fait, le Hezbollah ne renoncera pas à la candidature de Frangié. Plus encore, il n’acceptera pas que Gebran Bassil remporte une victoire politique au sujet de la décentralisation élargie ou autre. Il paraît d’ailleurs évident que le chef du législatif, Nabih Berry, ne compte pas faire des concessions à Gebran Bassil, notamment en ce qui concerne la mise en chantier de la décentralisation élargie.

Par ailleurs, il est désormais difficile pour le CPL de sortir de cette situation embarrassante dans laquelle il s’est embarqué, d’autant que de nombreux membres du parti refusent de retourner dans le giron du Hezbollah par le biais de la présidentielle. Ils estiment que toute concession sur ce plan ne profitera en définitive qu'à la formation pro-iranienne. De son côté, le CPL ne se rendra compte du marché de dupe que trop tard, comme ce fut le cas avec l’ancien président Michel Aoun que le Hezbollah avait laissé affronter seul, tout au long de son sexennat, Nabih Berry.
Par ailleurs, depuis l’annonce de sa reprise, le dialogue entre le CPL et le Hezb est mené à l’ombre d’incidents sécuritaires graves qui impliquent la formation pro-iranienne d’une manière ou d’une autre, à commencer par les affrontements de Aïn el-Héloué, en passant par  l’affaire du membre présumé de Daëch qui a élu domicile dans la banlieue sud, jusqu'à l’assassinat d’Élias Hasrouni à Aïn Ebel et la fusillade de Kahalé. Des incidents qui soulignent que le fait de ne pas se plier aux desiderata du Hezbollah entraînera le pays dans des tensions sécuritaires plus graves. De ce fait, le CPL sera devant un choix difficile: soit il accepte le compromis avec le Hezbollah selon les conditions de ce dernier, soit on se dirige vers davantage d’effondrement politique et sécuritaire. Dans les deux cas, le CPL n’aura pas tiré des avantages qui lui permettront de prétendre avoir enregistré des acquis pour les chrétiens.
Dans de telles conditions, un tel dialogue pourrait très bien ne pas aboutir. Mais qui du CPL ou du Hezbollah sonnera le tocsin?
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