Ukraine: une semaine de pourparlers stériles entre USA et Russie

Les Etats-Unis ont prévenu jeudi qu'ils étaient "prêts à tous les scénarios" face à la Russie, poursuite du dialogue ou représailles "sévères", au terme d'un intense ballet diplomatique qui n'a pas permis de désamorcer la menace d'un nouveau conflit en Ukraine.


Après une réunion américano-russe tendue lundi à Genève puis le Conseil Otan-Russie de mercredi à Bruxelles, où les deux camps rivaux ont fait le constat de leurs profondes "divergences" sur la sécurité en Europe, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a clos jeudi à Vienne cette semaine de pourparlers en insistant sur "l'urgence" du dialogue.

Mais Moscou semble avoir douché ces espoirs, en disant ne pas voir d'utilité à de nouveaux pourparlers avec les Occidentaux "dans les prochains jours", tant les désaccords sont grands.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ceux-ci ont promis des réponses écrites la semaine prochaine aux exigences de son pays.

"Nous allons maintenant réfléchir et nous consulter avec nos alliés et partenaires sur ce que nous allons faire", a déclaré pour sa part le conseiller du président américain Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, réservant la réponse de Washington.

Alors que le renseignement américain estime, selon lui, que les Russes n'ont pas encore "pris une décision définitive" sur une éventuelle invasion du pays voisin, il a assuré que les Etats-Unis étaient "prêts à tous les scénarios".

"Nous sommes prêts à faire des progrès à la table des négociations" et "nous sommes prêts à prendre les mesures nécessaires et appropriées pour défendre nos alliés, soutenir nos partenaires, et apporter une réponse ferme à toute agression", "à l'unisson" avec les alliés européens, a martelé Jake Sullivan.

Les Occidentaux accusent la Russie d'avoir déployé près de 100000 soldats à la frontière Ukraine en vue d'une potentielle attaque, mais le Kremlin réfute cette intention et réclame de son côté que l'Otan modifie sa posture jugée menaçante à ses portes.

"La situation dans la région est périlleuse", a averti la secrétaire générale de l'OSCE Helga Schmid à l'ouverture de son Conseil permanent dans la capitale autrichienne. "Il est impératif de trouver, par la voie diplomatique, un moyen d'enrayer l'escalade et de commencer à rebâtir la confiance, la transparence et la coopération."

L'OSCE, issue de la Guerre froide et un des rares forums d'échanges dont les Etats-Unis et la Russie sont tous deux membres, est "un lieu unique pour cela", a-t-elle insisté.

La Pologne, qui prend après la Suède la présidence annuelle tournante de l'OSCE, a également exprimé son inquiétude, à l'instar d'autres pays d'Europe de l'Est autrefois soumis à l'autorité de Moscou.


"Il semble que le risque de guerre dans la zone de l'OSCE n'ait jamais été aussi intense au cours des 30 dernières années", a souligné le ministre polonais des Affaires étrangères Zbigniew Rau. "Un défi de taille pour cette organisation, dont le but est précisément de bannir la guerre d'Europe."

Dans le même sens, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a jugé, de New York, "absolument essentiel" de dialoguer pour "éviter toute forme de confrontation qui serait un désastre pour l'Europe et le monde".

Mais les deux camps rivaux campent sur leurs positions.

Il n'est "pas question de négocier sous la pression", a prévenu le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, tandis que l'ambassadeur américain à l'OSCE Michael Carpenter a dit vouloir "résolument rejeter le chantage et faire en sorte qu'agressions comme menaces ne portent jamais leurs fruits".

Face à l'accueil glacial réservé par les Occidentaux aux exigences du Kremlin, qui réclame notamment la garantie que l'Alliance atlantique fermera ses portes à de nouveaux candidats à l'adhésion en Europe de l'Est comme l'Ukraine, le représentant russe à l'OSCE, Alexandre Loukachevitch, a fustigé "l'absence de réponse appropriée".

"Tout a tourné autour de leurs inquiétudes et du soi-disant comportement agressif de la Russie", a-t-il regretté à l'issue de la réunion de Vienne. "C'est clairement une déception."

Sur le terrain, les conditions se sont dégradées pour les observateurs de l'OSCE dans les zones contrôlées par les séparatistes prorusses dans l'est de Ukraine, a par ailleurs déploré Michael Carpenter, se disant "extrêmement inquiet".

Depuis 2014, l'OSCE est chargée de contrôler le respect des accords de paix de Minsk dans la partie orientale rebelle de l'Ukraine.

AFP

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