Le Festival Jazz à La Villette, qui se tiendra du 30 août au 10 septembre au Parc de la Villette, rend un brillant hommage à l’Afrique cette année, démontrant que la tradition peut harmonieusement se marier à la modernité.
L’une des étoiles montantes de l’événement, la Malienne Oumou Sangaré, se produira le 6 septembre. Elle illustre parfaitement cette fusion des temps: tout en cherchant à innover, elle conserve précieusement les racines de sa culture. Passionnée par la richesse ethnique de Wassoulou, une région de son Mali natal, l’artiste confie à l’AFP qu’elle a tenté de «moderniser» sa musique tout en préservant son essence. À l’intersection de trois nations africaines – Mali, Côte d’Ivoire et Guinée –, elle use de la musique pour plaider en faveur de l’émancipation des femmes. Innovante, elle a intégré à la sonorité traditionnelle du n’goni des instruments comme la basse électrique et le violon. Une révolution qui, selon ses dires, «a pris» auprès du public.
Ce mélange d’ancien et de nouveau fait écho au sentiment du violoncelliste Vincent Segal qui insiste sur le fait qu’en Afrique, «la tradition n’est pas synonyme d’immobilité». Pour lui, le continent est synonyme de créativité, un sentiment qu’il entretient depuis son enfance, durant laquelle il avait été émerveillé par les musiques africaines.
Parmi d’autres artistes à l’affiche, le vibraphoniste éthiopien Mulatu Astatke se démarque également. Fort d’une expérience datant des années 1960 à New York, Astatke est devenu un maître de l’éthio-jazz, un subtil mélange de jazz et de sonorités traditionnelles, dites azmari. De retour en Éthiopie, il a contribué à l’essor du «swinging Addis», fusion de plusieurs genres musicaux. Aujourd’hui, à 79 ans, il est considéré comme l’une des dernières légendes de ce genre.
Les Nana Benz, un trio féminin du Togo, apporte une touche contemporaine avec du chant vaudou rehaussé de sons électroniques, incarnant ce qu’on appelle le «Digital Vaudou».
Il convient de mettre en lumière l’influence indéniable de la musique africaine sur le jazz, un point souligné par le contrebassiste Henri Texier. «Sans la résonance de musique africaine, il n’y a pas de jazz», dit-il. M. Texier, fort de ses nombreuses tournées en Afrique avec le trio Romano-Sclavis-Texier, insiste sur le caractère ubiquitaire de la musique sur le continent.
Le festival accueillera également d’autres formations jazz influencées par l’Afrique, comme Ezra Collective et Balimaya de la scène londonienne, ou Tigre d’eau douce, qui se tourne vers l’Éthiopie.
Pour Henri Texier, l’Afrique est une source inépuisable d’inspiration. «La musique est partout», conclut-il. Une déclaration qui promet une édition du festival Jazz à La Villette riche en découvertes et en émotions.
Avec AFP
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