©Jean-Jacques Beineix, un réalisateur doté d'une vision très particulière et souvent incompris (Photo Olivier LABAN-MATTEI/AFP).
Décédé jeudi, le metteur en scène de Diva et 37.2 le matin n'a pas toujours trouvé son public au cours d'une carrière en dents de scie.
Malgré le succès de 37°2 le matin, film devenu culte, le réalisateur français Jean-Jacques Beineix, décédé jeudi à 75 ans, entretenait des relations douloureuses avec le cinéma, qui le poussèrent à se réfugier dans les documentaires et la littérature.
"J'ai toujours eu une sorte de doute par rapport au succès. (...) Je me suis toujours demandé ce qui allait me tomber dessus", avouait ce passionné de cinéma, de théâtre, de littérature, de BD, qui craignait aussi le succès : "Il y a un danger dans le succès, j'ai toujours pensé ça”.
Après un baccalauréat littéraire, Jean-Jacques Beineix, né le 8 octobre 1946, entame des études de médecine sans les finir, prépare une école de cinéma prestigieuse mais échoue de peu, réalise d'efficaces spots publicitaires (notamment un spot anti-Sida multi-diffusé "Il ne passera pas par moi") mais renonce, parce que "c'est bien de mettre son talent au service de causes" et que la publicité, "ce n'était pas des causes”.
Il fait ses armes en tant qu'assistant réalisateur auprès de grands réalisateurs français : Jacques Becker, Claude Berri, Claude Zidi, avant son premier long-métrage en solo, Diva (1981). Il utilise les recettes qui feront sa renommée - photographie soignée, couleurs vives et accrocheuses, réalisme poétique - mais qui lui attirent des critiques réprouvant son "esthétique publicitaire”.
Le succès n'est pas immédiat en France. Diva a pourtant la faveur du festival de Toronto, qui lui décerne son Grand prix. Retour triomphal au pays. Le film obtient quatre César, le public s'emballe pour ce thriller mettant en scène une diva refusant de faire enregistrer sa voix, servi par de magnifiques airs d’opéra.
Six ans plus tard, Beineix connaît la consécration avec 37°2 le matin, une histoire d'amour et de folie, qui révèle Béatrice Dalle, actrice à la sensualité animale.
Entre les deux, en 1983, il a subi un échec cuisant, avec La Lune dans le caniveau. "La critique m'a assassiné", dira-t-il, évoquant "un traumatisme dont l'onde s'est longtemps propagée”.
Le réalisateur vivra un nouvel échec en 1989 avec Roselyne et les lions, une histoire de saltimbanques inspirée d'une histoire vraie, puis un demi-échec en 1992 avec IP5, film initiatique qu'il considérait comme son "meilleur" et le dernier de la star française Yves Montand, mort à la fin du tournage.
En 2001, le thriller psychanalytique Mortel Transfert n'est pas mieux accueilli. Un gouffre financier pour le réalisateur, "ruiné".
Le public n'adhère pas à ce film tout en second degré dans l'esprit de son réalisateur. "C'est un film qui a beaucoup plu en Russie, les Russes ont hurlé de rire, aux États-Unis également", affirmait Beineix, regrettant qu'au pays de Lacan, on n'ait pas fait preuve du même sens de l’humour.
Ce sera le dernier long-métrage de Beineix, qui ne tournera plus que des documentaires, sous la bannière de sa société de production, Cargos Films.
"Le documentaire privilégie le sujet, l'individu et la vérité", soulignait cet homme sujet à "la dépression et l’anxiété".
Beineix fait également une incursion remarquée au théâtre, avec sa pièce sur Kiki de Montparnasse, égérie des plus grands peintres de son temps, et plonge dans la littérature avec un roman, Toboggan, "sur la chute d'un personnage qui a perdu la foi en l'humanité".
Autobiographie déguisée ? Il disait avoir été mis de côté, au cinéma. "Le roman, c'est le seul endroit de liberté qui me reste", confiait-il.
Nadège PULJAK/AFP
Lire aussi : Décès de Jean-Jacques Beineix, réalisateur français de " 37°2 le matin "
Malgré le succès de 37°2 le matin, film devenu culte, le réalisateur français Jean-Jacques Beineix, décédé jeudi à 75 ans, entretenait des relations douloureuses avec le cinéma, qui le poussèrent à se réfugier dans les documentaires et la littérature.
"J'ai toujours eu une sorte de doute par rapport au succès. (...) Je me suis toujours demandé ce qui allait me tomber dessus", avouait ce passionné de cinéma, de théâtre, de littérature, de BD, qui craignait aussi le succès : "Il y a un danger dans le succès, j'ai toujours pensé ça”.
Après un baccalauréat littéraire, Jean-Jacques Beineix, né le 8 octobre 1946, entame des études de médecine sans les finir, prépare une école de cinéma prestigieuse mais échoue de peu, réalise d'efficaces spots publicitaires (notamment un spot anti-Sida multi-diffusé "Il ne passera pas par moi") mais renonce, parce que "c'est bien de mettre son talent au service de causes" et que la publicité, "ce n'était pas des causes”.
Il fait ses armes en tant qu'assistant réalisateur auprès de grands réalisateurs français : Jacques Becker, Claude Berri, Claude Zidi, avant son premier long-métrage en solo, Diva (1981). Il utilise les recettes qui feront sa renommée - photographie soignée, couleurs vives et accrocheuses, réalisme poétique - mais qui lui attirent des critiques réprouvant son "esthétique publicitaire”.
Gouffre financier
Le succès n'est pas immédiat en France. Diva a pourtant la faveur du festival de Toronto, qui lui décerne son Grand prix. Retour triomphal au pays. Le film obtient quatre César, le public s'emballe pour ce thriller mettant en scène une diva refusant de faire enregistrer sa voix, servi par de magnifiques airs d’opéra.
Six ans plus tard, Beineix connaît la consécration avec 37°2 le matin, une histoire d'amour et de folie, qui révèle Béatrice Dalle, actrice à la sensualité animale.
Entre les deux, en 1983, il a subi un échec cuisant, avec La Lune dans le caniveau. "La critique m'a assassiné", dira-t-il, évoquant "un traumatisme dont l'onde s'est longtemps propagée”.
Le réalisateur vivra un nouvel échec en 1989 avec Roselyne et les lions, une histoire de saltimbanques inspirée d'une histoire vraie, puis un demi-échec en 1992 avec IP5, film initiatique qu'il considérait comme son "meilleur" et le dernier de la star française Yves Montand, mort à la fin du tournage.
En 2001, le thriller psychanalytique Mortel Transfert n'est pas mieux accueilli. Un gouffre financier pour le réalisateur, "ruiné".
Espace de liberté
Le public n'adhère pas à ce film tout en second degré dans l'esprit de son réalisateur. "C'est un film qui a beaucoup plu en Russie, les Russes ont hurlé de rire, aux États-Unis également", affirmait Beineix, regrettant qu'au pays de Lacan, on n'ait pas fait preuve du même sens de l’humour.
Ce sera le dernier long-métrage de Beineix, qui ne tournera plus que des documentaires, sous la bannière de sa société de production, Cargos Films.
"Le documentaire privilégie le sujet, l'individu et la vérité", soulignait cet homme sujet à "la dépression et l’anxiété".
Beineix fait également une incursion remarquée au théâtre, avec sa pièce sur Kiki de Montparnasse, égérie des plus grands peintres de son temps, et plonge dans la littérature avec un roman, Toboggan, "sur la chute d'un personnage qui a perdu la foi en l'humanité".
Autobiographie déguisée ? Il disait avoir été mis de côté, au cinéma. "Le roman, c'est le seul endroit de liberté qui me reste", confiait-il.
Nadège PULJAK/AFP
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