Diaspora: les fonds envoyés dépensés sur la nourriture et les médicaments     

Depuis 2019, le rôle des fonds envoyés par la diaspora aux Libanais résidents a changé. La nature de leur affectation aux postes de dépenses, leur fréquence et leur montant ont connu des adaptations à la crise multifacette qui secoue le Liban depuis quatre ans.
Les fonds envoyés par la diaspora sont principalement utilisés par les récipiendaires libanais pour répondre à des besoins de consommation urgents, tels que la nourriture et les dépenses de base (65%) ainsi que les frais médicaux (59%). Parmi les personnes interrogées, 16% les ont utilisés pour régler des dettes principalement liées à la nourriture, aux frais médicaux et à des dépenses de base. 46% les ont affectés à des dépenses spécifiques et 29% à des dépenses générales.                                   
Ces pourcentages figurent dans les conclusions d’une enquête menée par Mercy Corps, intitulée «Analyse des envois de fonds aux ménages libanais –  juillet 2023».
L’enquête quantitative se base sur des données primaires et secondaires recueillies auprès d’un échantillon de 379 sondés et d’une série de dix entretiens, utilisant une approche globale de méthode mixte.
Qui sont les bailleurs de fonds?
Les principales sources d’envois de fonds sont les membres directs de la famille, tels que les parents, les conjoints, les frères et sœurs (66%), suivis par la famille élargie, comme les cousins et autres (22%). Seuls 10% proviennent d’amis. L’enquête de Mercy Corps montre que 90% des personnes qui reçoivent des fonds des membres directs de leur famille les perçoivent d’une manière régulière.
Quant aux pays où ils résident, les bailleurs de fonds se répartissent comme suit: 34% dans les pays du CCG, 23% dans les pays de l’Amérique du Nord – soit dix pays dont les Etats-Unis, le Canada et le Mexique – 19% en Europe, 14% en Afrique, 14% en Australie et 4% en Amérique du Sud.
Qui sont les récipiendaires?

Contrairement à ce qu’on pourrait supposer, les ménages qui ont des revenus plus élevés tendent à recevoir des envois de fonds plus fréquents: 59% des personnes interrogées dont le revenu moyen mensuel se situe entre 20 et 25 millions de livres, ainsi que 48% des personnes gagnant plus de 25 millions par mois ont déclaré recevoir régulièrement des envois de fonds. En revanche, seulement 7% des personnes dont le revenu mensuel est inférieur à 5 millions de livres ont déclaré en recevoir régulièrement. Au total, 34% des ménages ont reçu des envois de fonds régulièrement, tandis que 66% en ont reçu occasionnellement. Aussi est-il nécessaire de souligner que 63% des bénéficiaires d’envois de fonds interrogés ont déclaré avoir commencé à en recevoir après 2019. Cela établit un lien entre la crise économique et la dépendance de ces envois de fonds comme source de revenus dans un contexte de dépréciation de la livre libanaise.  
Fréquence et montant
Selon l’enquête de Mercy Corps, il existe une corrélation positive entre la fréquence et le montant des envois de fonds. Ainsi, les sondés qui ont reçu des envois de fonds plus souvent depuis 2019 ont également déclaré avoir reçu des montants plus importants. En 2022, 45% des personnes interrogées ont reçu des envois de fonds plus souvent qu’avant 2019, et 41% des montants plus élevés.
Dans l’ensemble, la moitié des envois de fonds reçus par les personnes interrogées au moment de l’enquête se situait en moyenne entre 100 et 300 dollars. La part la plus élevée de cette tranche a été signalée par les personnes qui les recevaient régulièrement. La part des sondés ayant reçu les montants les plus élevés (plus de 500$) se trouvait également parmi ceux qui les recevaient régulièrement. Les sondés qui ont reçu des envois de fonds de manière irrégulière ont aussi reçu les montants les plus faibles.  
Leur rôle
Depuis 2019, les transferts de fonds de la diaspora ne jouent plus de rôle au niveau de l’épargne, de l’investissement et comme source de financement externe du développement à l’intérieur du Liban. Ils ne contribuent plus à stimuler les rouages de l’économie. Seule une petite partie des participants a utilisé les transferts de fonds pour aider les petites et moyennes entreprises (PME), selon l’étude menée par Mercy Corps.
Ces envois de fonds pourraient participer à expliquer en partie la valeur des importations du Liban au moment où son PIB est en train de reculer. Mais pour connaître la part précise de cette contribution, un recensement au niveau national est impératif.
Dans tous les cas de figures, les transferts de fonds de la diaspora aux résidents libanais ne peuvent aucunement remplacer les filets sociaux assurés par le gouvernement, en l’occurrence les services fournis par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)  
Sur un plan macroéconomique, les transferts de fonds de la diaspora ont totalisé 7,4 milliards de dollars en 2019, reculant à 6,3 milliards de dollars en 2021, pour se redresser en 2022 et s’établir à 6,8 milliards de dollars, rappelle-t-on.
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