Elle avait promis de clarifier sa position à la mi-janvier: Christiane Taubira a officialisé samedi sa candidature à la présidentielle, avec pour objectif ambitieux de rassembler une gauche plus que jamais divisée, au risque pourtant de la morceler encore davantage.
L'ex-garde des Sceaux de François Hollande, connue notamment pour la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité et son combat pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, veut unir une gauche fragmentée. (AFP)
Dans le brouillard et des températures négatives, elle a affirmé vouloir répondre "aux colères" face aux "inégalités, aux injustices, aux discriminations", précisant vouloir notamment convoquer une "conférence sur les salaires", avec un programme qui repose sur la défense de la jeunesse, la justice sociale, l'écologie et la démocratie.
"Je veux prendre toute ma part contre la démoralisation, contre les discours de haine et les propos belliqueux", a-t-elle ajouté, et affronter "le risque de dislocation sociale", "la nécessaire et urgente transition écologique", "les colères qui nous font descendre dans la rue, occuper les ronds-points".
Elle a réclamé un gouvernement "qui sache dialoguer au lieu de moraliser et de caporaliser", en allusion à la polémique sur les propos d'Emmanuel Macron qui a dit vouloir "emmerder les non-vaccinés" contre le Covid-19.
Souhaitant "rendre l'État plus attentif, plus attentionné, plus juste, plus efficace", Mme Taubira a présenté quelques une de ses propositions, comme introduire dans tous les débats publics des "conventions citoyennes" et "le référendum d'initiative citoyenne", "un revenu de 800 euros par mois pendant 5 ans" pour les étudiants, un smic revalorisé à "1.400 euros net", la fiscalisation des grandes fortunes "à partir de 10 millions d'euros de patrimoine" ou encore le recrutement de 100.000 soignants.
Elle veut aussi revoir "sans tabou" les conditions d'installation des médecins traitants, pour lutter contre les déserts médicaux, améliorer les droits des travailleurs des plateformes numériques, ou encore instaurer "une TVA à taux 0 pour les produits de l'agriculture biologique.
Les yeux se tournent maintenant vers Anne Hidalgo, en déplacement non loin de là à Villeurbanne, dans un weekend actif pour les autres candidats aussi: Valérie Pécresse en Grèce sur le contrôle des migrants, vidéo de Marine Le Pen au Louvre, Eric Zemmour à Château-Thierry ou encore Jean-Luc Mélenchon à Nantes.
L'ex-garde des Sceaux de François Hollande, connue notamment pour la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité et son combat pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, veut unir une gauche fragmentée.
Peut-elle réussir à moins de trois mois de la présidentielle alors que certains socialistes la regardent encore comme ayant contribué par sa candidature à l'éviction de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002? Elle n'avait alors recueilli que 2,32% des suffrages.
Son entrée dans l'arène il y a un mois n'a pas suscité pour l'instant de percée dans les intentions de vote, malgré la ferveur populaire qu'elle suscite sur le terrain.
Et sa candidature "ajoute de la confusion à la division" selon ses détracteurs, alors que cinq autres candidats sont déjà en lice, sans réussir à s'imposer: l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel et le chantre de la "Remontada" de la France Arnaud Montebourg, proche de l'abandon.
Christiane Taubira a promis de se soumettre à l'initiative citoyenne de la primaire populaire, une "investiture" par des électeurs de gauche -déjà 120.000 inscrits pour voter-, quel que soit le résultat.
Elle part favorite de cette consultation, d'autant que les autres candidats de gauche dont les noms seront aussi proposés à ce scrutin, ont tous refusé de s'y soumettre.
L'ex-frondeur PS Christian Paul, présent lors de son discours, fait "le pari" qu'au mois de février, "plusieurs candidats tireront les conséquences du résultat de la primaire".
Déjà confortée par le soutien des plus de 80 comités qui portent son nom, Christiane Taubira voit arriver "tous les jours des personnes qui se manifestent pour participer", explique une proche.
La candidate guyanaise a déjà réussi à convaincre la présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay. Et le maire PS de Marseille, Benoît Payan, a annoncé qu'il soutiendrait le vainqueur de la primaire populaire.
Mais "il n'y a pas de duel", ni de "compte à régler" avec la candidate socialiste Anne Hidalgo, assurent les proches de Mme Taubira.
AFP
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