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Au cœur de Nervesa della Battaglia, Laure Keyrouz, artiste plurielle et fervente ambassadrice de la culture libanaise, poursuit inlassablement son œuvre créatrice et fédératrice.
C’est dans la «Maison des cèdres» et du bonheur, à une heure de Venise, que vit Laure Keyrouz, avec son époux italien et ses deux enfants.
La maison, entourée de ceps et de verdure, surplombe la vallée du Piave, fleuve qui traverse le nord-est de l’Italie. Laure, enfant de Becharré, village natal de Gibran Khalil Gibran, fait résonner en Vénitie les échos de la vallée sainte et des irréductibles habitants de ses versants. Cette femme singulière, peintre, poète, professeure universitaire de littérature arabe, sculptrice de son destin d’artiste tous azimuts, a donc recréé dans le village de Nervesa della Battaglia un pôle artistique sans précédent.
Les ceps entourant la villa des Cèdres
La foi transporte les montagnes, dit-on en citant l’exemple des moines qui ont creusé leurs monastères dans la roche de la vallée sainte. La foi en l’art de Laure Keyrouz ferait-elle écho à celle des inébranlables enfants de Qadisha?
Tout porte à le croire quand on se penche sur le destin de cette jeune femme sereine et souriante qui se réveille à l’aube, parcourt tambour battant les trois étages de sa maison en pensant à la famille, aux repas de la journée, aux animaux de la maisonnée, aux galettes de thym à enfourner, pour rattraper au vol le train de Padoue, donner son cours, rentrer, organiser au pied levé un café littéraire où tous les rôles ont été parfaitement attribués, du médiateur au photographe, à la talentueuse lectrice de vers poétiques ou à la danseuse qui donne corps aux émotions dégagées par tant de confluences artistiques.
Gibran Khalil Gibran par Laure Keyrouz
Laure Keyrouz est ainsi d’abord une créatrice de projets, où artistes affirmés ou émergents sont admis, dans la galerie qu’elle a fondée, sous la Maison des cèdres au mur d’entrée décoré de fresques.
Cette détentrice d’une maîtrise en littérature arabe, élève de l’École des beaux-arts de Beyrouth, a complété sa formation artistique en Italie, à Udine, capitale du Frioul. C’est là qu’elle rencontre son époux et que son parcours artistique démarre. Elle enseigne la peinture dans une bibliothèque aux environs d’Udine, expose ses œuvres, effectue un stage à Rome où elle entreprend le défi d’enseigner la langue italienne aux étrangers à travers l’expression artistique et la créativité. C’est lors d’un master à l’Académie des beaux-arts de Venise qu’elle rencontre le professeur Luigi Viola qui l’initie à la peinture moderne et aux nouvelles technologies adoptées dans le domaine de l’art. C’est en Vénitie que les premiers projets naissent. Laure est poète depuis de nombreuses années. Un recueil conservé depuis l’adolescence, Hajar wa hibr (Pierre et encre) est traduit en huit langues et lu au Lido de Venise, face à la Méditerranée, puis à Mestre, au milieu des pins, mettant en lumière le rôle de porte-flambeau du poète en Orient. La nature est perçue comme une auditrice attentive de la pensée poétique à laquelle l’homme demeure souvent insensible. Suivra un pèlerinage à l’île des Arméniens, au large de Venise, qui culmine en une cérémonie durant laquelle de jeunes pousses de cèdres provenant du Mont-Liban sont plantées face au grand bleu à l’intention des générations futures.
Une œuvre de l’artiste Laure Keyrouz
En 2018, l’artiste réalise à l’Institut du monde arabe une installation originale à partir de ses collections: «Je veux me connecter au monde à travers les livres».
Chaque événement réunit artistes, spectateurs, auditeurs autour d’une fête où l’art est célébré, à travers sa fonction cathartique et unificatrice d’hommes et de peuples.
«Comment résister sans financements?», assène Laure Keyrouz. «Comment imposer l’art dans sa fonction sociale et unificatrice à l’ère de l’individualisme?»
Le projet de jumelage entre Qadisha et le fleuve Piave
À la fondation Spinola, à Turin, Laure avait fait l’expérience de l’œuvre artistique en devenir, rassemblant sur un seul projet un microcosme d’artistes volontaires et d’acteurs indirectement impliqués. L’idée avait fait son chemin, aboutissant en 2012 à la naissance de la fondation «Front of art» et du journal «Inchiostro e pietra» (Encre et pierre). Loin des grandes villes, dans le cadre bucolique de Nervesa della Battaglia, grandit ainsi la fondation, qui fait converger grands artistes et débutants, attire écoles et associations, et crée ateliers et expositions dans la galerie de Laure Keyrouz.
Projet à la villa Zonca à Arcade
Plusieurs éditions sont à retenir, telle que celle jumelant la vallée de Qadisha à celle du fleuve Piave et incluant le projet Wahyet yallé raho. Les témoignages des habitants du village de Becharré y sont précieusement recueillis comme patrimoine de la mémoire en présence du professeur Elias Dib et de nombreux artistes italiens et libanais, toutes communautés confondues.
Projet « Wahyet yalli raho » parmi les habitants de Becharré
Dans la Maison des cèdres, Laure Keyrouz a planté les racines ramenées de Qadisha, en créant un lieu d’échanges et d’évolution. Une association fondée par Beatrice Monastero, Radica, est née il y a un an, consacrée aux étudiants en art et aux artistes.
Laure Keyrouz à l’œuvre
Dans la galerie d’art Laure Keyrouz Arts Gallery se sont déjà déroulées de nombreuses expositions, dont l’inoubliable «Femmes en révolution», dédiée à Beyrouth (après l’explosion du port en août 2020). La dernière en date, «Vette Vertici», (Montagnes et droits humains), débute aujourd’hui samedi 9 septembre et se prolongera tout au long de l’année 2023-2024. Parmi les curateurs, on citera Anna Orlando, actrice de théatre et poète. L’échange sera coordonné par le journaliste Gino Zangrando, en présence d’artistes internationaux, d’auteurs et de poètes, et autour de tables rondes incluant avocats (dont Yolla Keyrouz) et experts environnementalistes (dont Giancarlo Gazzola ou Yolanda Da Deppo). Des ateliers créatifs sont prévus.
Dans la vallée du Piave
Un retour à l’essentiel, à des cimes (Vette) s’élevant au-dessus de la mêlée fera converger artistes à travers dialogues, créativité, retour à la nature et à la terre. Le point de départ de l’exposition Vette Vertici prévoit une marche de quarante personnes le long du fleuve Piave. Parmi les artistes libanais participant à l’événement figurent Arige el-Bahri, à travers l’envoi de l’une de ses toiles, Rana Tannous (poète), Maria Sarkis, Mona Sayegh (artistes et auteures). Le médecin et auteur égyptien Ashraf Yaacoub sera également présent. Une discussion sur les droits de l’homme aura lieu à 18 h. Les journalistes de France 24 invités sur place couvriront l’événement.
Laure Keyrouz, à l’image du cèdre qui pousse devant le portail de sa galerie, a pris racine en Vénitie. En 2021, son premier recueil en langue française, Le chemin des orages, a paru aux éditions L’Harmattan, succédant à Ink and Stone, publié en 2013.
Attraversamenti Oubour dernier recueil publié par Laure Keyrouz
«J’unis mon sang à la sève
Et taille des montagnes solitaires
Dans l’ombre de l’ubac… »
(Le chemin des orages, Laure Keyrouz)
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Au cœur de Nervesa della Battaglia, Laure Keyrouz, artiste plurielle et fervente ambassadrice de la culture libanaise, poursuit inlassablement son œuvre créatrice et fédératrice.
C’est dans la «Maison des cèdres» et du bonheur, à une heure de Venise, que vit Laure Keyrouz, avec son époux italien et ses deux enfants.
La maison, entourée de ceps et de verdure, surplombe la vallée du Piave, fleuve qui traverse le nord-est de l’Italie. Laure, enfant de Becharré, village natal de Gibran Khalil Gibran, fait résonner en Vénitie les échos de la vallée sainte et des irréductibles habitants de ses versants. Cette femme singulière, peintre, poète, professeure universitaire de littérature arabe, sculptrice de son destin d’artiste tous azimuts, a donc recréé dans le village de Nervesa della Battaglia un pôle artistique sans précédent.
Les ceps entourant la villa des Cèdres
La foi transporte les montagnes, dit-on en citant l’exemple des moines qui ont creusé leurs monastères dans la roche de la vallée sainte. La foi en l’art de Laure Keyrouz ferait-elle écho à celle des inébranlables enfants de Qadisha?
Tout porte à le croire quand on se penche sur le destin de cette jeune femme sereine et souriante qui se réveille à l’aube, parcourt tambour battant les trois étages de sa maison en pensant à la famille, aux repas de la journée, aux animaux de la maisonnée, aux galettes de thym à enfourner, pour rattraper au vol le train de Padoue, donner son cours, rentrer, organiser au pied levé un café littéraire où tous les rôles ont été parfaitement attribués, du médiateur au photographe, à la talentueuse lectrice de vers poétiques ou à la danseuse qui donne corps aux émotions dégagées par tant de confluences artistiques.
Gibran Khalil Gibran par Laure Keyrouz
Laure Keyrouz est ainsi d’abord une créatrice de projets, où artistes affirmés ou émergents sont admis, dans la galerie qu’elle a fondée, sous la Maison des cèdres au mur d’entrée décoré de fresques.
Cette détentrice d’une maîtrise en littérature arabe, élève de l’École des beaux-arts de Beyrouth, a complété sa formation artistique en Italie, à Udine, capitale du Frioul. C’est là qu’elle rencontre son époux et que son parcours artistique démarre. Elle enseigne la peinture dans une bibliothèque aux environs d’Udine, expose ses œuvres, effectue un stage à Rome où elle entreprend le défi d’enseigner la langue italienne aux étrangers à travers l’expression artistique et la créativité. C’est lors d’un master à l’Académie des beaux-arts de Venise qu’elle rencontre le professeur Luigi Viola qui l’initie à la peinture moderne et aux nouvelles technologies adoptées dans le domaine de l’art. C’est en Vénitie que les premiers projets naissent. Laure est poète depuis de nombreuses années. Un recueil conservé depuis l’adolescence, Hajar wa hibr (Pierre et encre) est traduit en huit langues et lu au Lido de Venise, face à la Méditerranée, puis à Mestre, au milieu des pins, mettant en lumière le rôle de porte-flambeau du poète en Orient. La nature est perçue comme une auditrice attentive de la pensée poétique à laquelle l’homme demeure souvent insensible. Suivra un pèlerinage à l’île des Arméniens, au large de Venise, qui culmine en une cérémonie durant laquelle de jeunes pousses de cèdres provenant du Mont-Liban sont plantées face au grand bleu à l’intention des générations futures.
Une œuvre de l’artiste Laure Keyrouz
En 2018, l’artiste réalise à l’Institut du monde arabe une installation originale à partir de ses collections: «Je veux me connecter au monde à travers les livres».
Chaque événement réunit artistes, spectateurs, auditeurs autour d’une fête où l’art est célébré, à travers sa fonction cathartique et unificatrice d’hommes et de peuples.
«Comment résister sans financements?», assène Laure Keyrouz. «Comment imposer l’art dans sa fonction sociale et unificatrice à l’ère de l’individualisme?»
Le projet de jumelage entre Qadisha et le fleuve Piave
À la fondation Spinola, à Turin, Laure avait fait l’expérience de l’œuvre artistique en devenir, rassemblant sur un seul projet un microcosme d’artistes volontaires et d’acteurs indirectement impliqués. L’idée avait fait son chemin, aboutissant en 2012 à la naissance de la fondation «Front of art» et du journal «Inchiostro e pietra» (Encre et pierre). Loin des grandes villes, dans le cadre bucolique de Nervesa della Battaglia, grandit ainsi la fondation, qui fait converger grands artistes et débutants, attire écoles et associations, et crée ateliers et expositions dans la galerie de Laure Keyrouz.
Projet à la villa Zonca à Arcade
Plusieurs éditions sont à retenir, telle que celle jumelant la vallée de Qadisha à celle du fleuve Piave et incluant le projet Wahyet yallé raho. Les témoignages des habitants du village de Becharré y sont précieusement recueillis comme patrimoine de la mémoire en présence du professeur Elias Dib et de nombreux artistes italiens et libanais, toutes communautés confondues.
Projet « Wahyet yalli raho » parmi les habitants de Becharré
Dans la Maison des cèdres, Laure Keyrouz a planté les racines ramenées de Qadisha, en créant un lieu d’échanges et d’évolution. Une association fondée par Beatrice Monastero, Radica, est née il y a un an, consacrée aux étudiants en art et aux artistes.
Laure Keyrouz à l’œuvre
Dans la galerie d’art Laure Keyrouz Arts Gallery se sont déjà déroulées de nombreuses expositions, dont l’inoubliable «Femmes en révolution», dédiée à Beyrouth (après l’explosion du port en août 2020). La dernière en date, «Vette Vertici», (Montagnes et droits humains), débute aujourd’hui samedi 9 septembre et se prolongera tout au long de l’année 2023-2024. Parmi les curateurs, on citera Anna Orlando, actrice de théatre et poète. L’échange sera coordonné par le journaliste Gino Zangrando, en présence d’artistes internationaux, d’auteurs et de poètes, et autour de tables rondes incluant avocats (dont Yolla Keyrouz) et experts environnementalistes (dont Giancarlo Gazzola ou Yolanda Da Deppo). Des ateliers créatifs sont prévus.
Dans la vallée du Piave
Un retour à l’essentiel, à des cimes (Vette) s’élevant au-dessus de la mêlée fera converger artistes à travers dialogues, créativité, retour à la nature et à la terre. Le point de départ de l’exposition Vette Vertici prévoit une marche de quarante personnes le long du fleuve Piave. Parmi les artistes libanais participant à l’événement figurent Arige el-Bahri, à travers l’envoi de l’une de ses toiles, Rana Tannous (poète), Maria Sarkis, Mona Sayegh (artistes et auteures). Le médecin et auteur égyptien Ashraf Yaacoub sera également présent. Une discussion sur les droits de l’homme aura lieu à 18 h. Les journalistes de France 24 invités sur place couvriront l’événement.
Laure Keyrouz, à l’image du cèdre qui pousse devant le portail de sa galerie, a pris racine en Vénitie. En 2021, son premier recueil en langue française, Le chemin des orages, a paru aux éditions L’Harmattan, succédant à Ink and Stone, publié en 2013.
Attraversamenti Oubour dernier recueil publié par Laure Keyrouz
«J’unis mon sang à la sève
Et taille des montagnes solitaires
Dans l’ombre de l’ubac… »
(Le chemin des orages, Laure Keyrouz)
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