Frontières maritimes : Hochstein proposerait un package deal au Liban
Le médiateur américain Amos Hochstein entre le Liban et Israël au sujet de la délimitation des frontières maritimes pourrait proposer un package deal au Liban lors de sa prochaine mission, prévue début février. 

L’émissaire américain Amos Hochstein, qui assure la médiation entre le Liban et Israël pour ce qui a trait au dossier des frontières maritimes et de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières au large des deux pays, est attendu début février à Beyrouth afin de relancer sa médiation au cours de laquelle il pourrait proposer un « package deal » global au Liban portant sur le règlement du contentieux sur les frontières maritimes et l’octroi d’une aide économique et financière au Liban.

Selon des milieux politiques locaux qui suivent ce dossier de près, cette nouvelle mission de M. Hochstein pourrait être cette fois-ci cruciale, en ce sens qu’il serait porteur de cartes maitresses qu’il se proposerait de discuter lors de ses pourparlers avec les dirigeants libanais. Il ferait valoir notamment que les Etats-Unis sont prêts à aider le Liban à surmonter sa crise économique et financière, le prélude à une telle aide devant être un accord sur la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël et le début de l’exploitation des ressources gazières et pétrolières au Sud. Le Liban serait de ce fait réhabilité au niveau de la communauté internationale par le biais de l’exploitation des richesses pétrolières et de la mise en place d’un nouveau statu quo politique et sécuritaire entre le Liban et Israël.

De nouveaux éléments 

Les conditions d’un tel package deal sont-elles suffisamment mûres dans le contexte actuel ? Il est certes encore trop tôt pour répondre à la question, mais le retour de M. Hochstein signifie en toute vraisemblance que de nouveaux éléments seraient apparus sur ce plan. Les milieux politiques locaux précités indiquent cependant qu’aucun détail n’a filtré au sujet de la nature de la mission que l’émissaire entreprendra dans un peu plus de deux semaines. Il est permis toutefois de supposer, sans risque de trop de se tromper, que M. Hochstein sera porteur de réponses israéliennes aux dernières positions adoptées par le Liban concernant la délimitation des frontières.


Il reste que les milieux locaux s’attendent à ce que la partie américaine laisse filtrer à la presse, quelques jours avant la visite de l’émissaire US, quelques détails et indications sur les réponses israéliennes, dans le but de scruter les réactions libanaises et de déterminer si les principaux pôles du pouvoir ont une position unifiée en la matière ou si le bras de fer actuel entre le président de la République et le chef du législatif va se traduire par des tiraillements et des divergences de vue qui risqueraient d’entraver les efforts de M. Hochstein.

Le champ Qana

A titre de rappel, la position officielle libanaise que l’émissaire américain a transmise aux autorités israéliennes souligne que les blocs 8,9 et10, situés aux frontières Sud avec Israël, devraient faire partie de la Zone Economique Exclusive du Liban (ZEE), la limite de ces blocs devant être la ligne droite 23. Le Liban réclame en outre que le champ Qana situé dans le bloc 9, et qui s’étend au-delà de la ligne 23, soit inclus dans sa Zone Economique Exclusive. Cela signifie que la ligne droite 23 devrait subir une déviation en direction du Sud afin que le champ soit entièrement sous souveraineté libanaise. Cela implique que le bloc 9 libanais devrait s’étendre au bloc 72 dont Israël revendique le contrôle.

Cette position libanaise a pour but d’éviter que le champ de Qana soit partagé conjointement par le Liban et Israël car la partie libanaise serait contrainte, auquel cas, de s’engager dans des tractations et de conclure des accords avec la partie israélienne, sous l’égide des Nations Unies, afin d’exploiter conjointement le champ en question, ce qui risquerait de déboucher sur de nouvelles divergences entrainant un retard dans les opérations de prospection au niveau du bloc 9. Or l’entreprise TOTAL, en charge de la prospection (avec des partenaires italien et russe) a informé récemment le ministre de l’Energie Walid Fayad qu’elle ne reprendra pas ses opérations au bloc 9 avant le règlement des divergences entre le Liban et Israël sur la délimitation des frontières maritimes.
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