L'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta est décédé dimanche à Bamako à l'âge de 76 ans, un an et demi après avoir été renversé par les militaires qui défient aujourd'hui une partie de la communauté internationale.
M. Keïta avait été renversé en août 2020 par des militaires qui, après un deuxième coup d'Etat en mai 2021, invoquent les maux accumulés pendant l'ère IBK pour projeter de continuer à diriger le pays encore plusieurs années.
"Le président IBK est décédé ce matin à 09H00 (GMT et locales) à son domicile" dans la capitale, où il vivait retiré, à l'écart de la vie publique, a indiqué à l'AFP un membre de sa famille.
Cette information a été confirmée par plusieurs membres de sa famille et de son entourage. La cause du décès n'a pas été précisée.
Le décès est survenu "à la suite d'une longue maladie", a simplement indiqué dans un communiqué le gouvernement de transition malien, dirigé par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui fut ministre d'IBK avant de devenir son opposant.
Le gouvernement de transition a, dans ce texte signé du ministre de l'Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga, salué "la mémoire de l'illustre disparu" et annoncé que les informations sur la cérémonie funéraire "feront l'objet d'un communiqué ultérieur".
Le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop s'est dit "attristé d'apprendre la disparition de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta" et s'est incliné, dans un message sur Twitter, "avec une grande émotion devant sa mémoire".
Le président du Sénégal voisin, Macky Sall, a indiqué sur Twitter être "peiné d'apprendre le décès" de M. Keïta. L'ex-président du Niger Mahamadou Issoufou, camarade du défunt au sein de l'Internationale socialiste, a salué "un homme cultivé, un grand patriote et un panafricaniste".
La résidence de l'ancien président, située dans le sud-ouest de la capitale, était le théâtre dimanche après-midi d'un intense ballet de voitures de personnalités venues présenter leurs condoléances. Des policiers gardaient les entrées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ibrahim Boubacar Keïta avait été chassé du pouvoir après des mois de mobilisation au sein d'une population exaspérée par les violences en tous genres - jihadistes, communautaires ou crapuleuses -, par la faillite des services de l'Etat et par une corruption réputée galopante.
Il disparaît alors que les colonels qui l'ont renversé font voeu de remédier aux maux du pays et assurent avoir besoin de plusieurs années pour y parvenir et pouvoir tenir leur promesse initiale de rendre le pouvoir aux civils.
La junte étant revenue sur son engagement d'organiser le 27 février les scrutins présidentiels et législatifs devant ramener les civils à la tête du pays, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont pris le 16 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l'encontre du Mali.
Le pays est déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012.
M. Keïta, qui se réclamait de la gauche, a connu une ascension fulgurante sous Alpha Oumar Konaré, premier président (1992-2002) de l'ère démocratique du Mali. Il a notamment a été son Premier ministre de 1994 à 2000.
Prétendant malheureux à l'élection présidentielle de 2002, il avait tenu sa revanche en septembre 2013 en accédant au palais de Koulouba, siège de la présidence malienne à Bamako.
Il sera réélu en 2018 face à Soumaïla Cissé, alors leader de l'opposition et décédé en décembre 2020 du Covid-19.
AFP
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