Le porte-parole du gouvernement somalien a été blessé dimanche dans une attaque-suicide des shebab contre sa voiture à Mogadiscio, ont affirmé les services du Premier ministre et la police de ce pays instable, où les élections maintes fois retardées devaient reprendre ce week-end.
Selon une source policière et des témoins, l'assaillant a tenté de s'accrocher à la voiture du porte-parole Mohamed Ibrahim Moalimuu avant de faire exploser sa bombe, détruisant partiellement le véhicule.
"Un kamikaze a sauté sur le véhicule transportant le porte-parole du gouvernement Mohamed Ibrahim qui a eu de la chance de survivre et d'avoir des blessures légères", a affirmé Mohamed Farah, un policier présent sur le lieu de l'attaque.
"Deux autres personnes ont été blessées par l'explosion", a-t-il ajouté.
Des témoins ont confirmé que l'assaillant, qui est décédé, s'était appuyé sur la voiture avant qu'une forte explosion ne retentisse.
L'attaque a été revendiquée par les shebab.
Porte-parole du gouvernement et conseiller du Premier ministre depuis plus d'un an, M. Moalimuu est un ancien journaliste de la BBC et ancien secrétaire général de l'Union nationale des journalistes somaliens (UNSOJ).
Il a échappé à plusieurs attaques contre des hôtels où il résidait, dont une en 2019 qui avait touché un grand hôtel et avait été suivie d'un siège de près de 22 heures.
L'attaque de dimanche a eu lieu alors que la Somalie doit reprendre son processus électoral, enlisé depuis un an, sur fond de tensions entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous le surnom de Farmajo, et le Premier ministre Mohamed Hussein Roble.
Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février 2021 en ayant failli à organiser des élections. L'annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.
Dans un geste d'apaisement, le chef de l'Etat avait chargé le Premier ministre d'organiser les élections. Mais dans les mois qui ont suivi, les accrochages entre les deux hommes se sont intensifiés, faisant craindre que leur différend ne dégénère en violences généralisées.
En décembre, Farmajo a suspendu M. Roble. Celui-ci a aussitôt accusé le président de "tentative de coup d'Etat" et défié son autorité, tandis que l'opposition appelait Farmajo à démissionner.
Il y a une semaine, M. Roble et les dirigeants régionaux ont conclu un accord pour achever les élections parlementaires d'ici au 25 février. Farmajo a affirmé son soutien à cet accord.
"La seule solution que nous avons pour ce pays est de tenir les élections, donc moi-même ainsi que le reste des dirigeants des Etats régionaux devons prendre des mesures vigoureuses afin de tenir et de finaliser les élections dans les temps", a déclaré M. Roble samedi.
Le Premier ministre a insisté sur le fait que, selon l'accord, le processus électoral devait "reprendre" le jour même, le 15 janvier.
Un nouveau président a été élu samedi à la tête de la commission électorale. Dimanche, les avancées se sont limitées à la publication par l'Etat du Puntland d'une liste de dix sièges pour lesquels le vote aura lieu entre le 22 et le 25 janvier. D'autres Etats ont ces derniers jours publié une liste similaire.
Selon le complexe système électoral somalien, les assemblées des cinq Etats du pays et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.
Les élections pour la Chambre haute sont terminées dans tous les Etats, à l'exception de celui de Galmudug, et les votes ont commencé début novembre pour la chambre basse.
De nombreux observateurs estiment que la crise au sommet de l'Etat et l'impasse électorale détournent l'attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l'insurrection des shebab.
Ce mouvement lié à Al-Qaïda cherche à renverser le fragile gouvernement fédéral somalien, soutenu par la communauté internationale, et contrôlent de vastes territoires dans les zones rurales tout en menant des attaques jusque dans la capitale.
Lundi, ils ont revendiqué un attentat-suicide à la voiture piégée, qui a fait plus de quatre morts à Mogadiscio.
AFP
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