«Them» de Rima Salamoun ou la souffrance mise à nu


À la galerie Mark Hachem, ne manquez pas l'exposition Them de l'artiste syrienne Rima Salamoun, à voir jusqu'au 5 octobre.

Formée à la faculté des beaux-arts de l’Université de Damas, Rima Salamoun a pris part à des expositions collectives dans les pays arabes et en Europe. Elle a également exposé en solo en France, en Syrie, et au palais de l’Unesco à Beyrouth. Elle est désormais reconnue comme une figure majeure de l’art syrien contemporain.

Le titre de son exposition, Them, introduit une distanciation mentale face à un sujet douloureux, agissant comme une barrière mentale nécessaire pour entreprendre une dissection. Et c’est bel et bien d’une dissection qu’il s’agit: celle de la douleur, incarnée initialement par des personnages féminins. L’artiste relate avoir été marquée, dans sa jeunesse, par la résilience des femmes syriennes. Pendant les périodes de funérailles, ces femmes se regroupaient, formant un solide bloc d’entraide, puisant dans la solidarité mutuelle face aux tragédies. Cependant, à travers son évolution artistique, Rima Salamoun transcende les distinctions de genre pour se concentrer sur la souffrance humaine universelle.


Elle met en lumière ce sentiment de deuil profond, celui lié à la perte de proches, à l’exil de sa patrie, à la perte d'innocence et, ultimement, à la vie elle-même. Inspirée par le contexte géopolitique du Moyen-Orient, une région fréquemment touchée par les conflits, elle dépeint le désarroi des populations brisées et des générations dont les rêves ont été anéantis. Son œuvre s’inscrit comme un acte mémoriel, une reconstitution créative du passé qu’elle façonne pour revisiter l’histoire et engendrer une catharsis.
À travers son art, elle participe à un processus libérateur, révélant des visages tourmentés, des traits déformés, émergeant d’un fond monochrome. Sa maîtrise artistique s’exprime autant en acrylique sur toile qu’en encre sur papier. Ses œuvres, souvent empreintes d’une ambiance sombre, exposent des silhouettes fragiles et éthérées, reflet d’un monde en déroute.

L'artiste, en dévoilant ces ténèbres, nous entraîne dans un voyage à travers ses toiles, nous invitant à une quête existentielle à la recherche de sens et de lumière. Un pacte avec le public, une invitation à l’aventure du 21 septembre au 5 octobre à la galerie Mark Hachem. Une expérience qui mérite d’être vécue et découverte.
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