Paris dénonce l'exil des Arméniens sous «l'œil complice» de Moscou
©(Photo de EMMANUEL DUNAND/AFP)
Paris a dénoncé l'exode "massif" des Arméniens du Haut-Karabakh, "sous l'œil complice de la Russie". D'éventuelles sanctions à l'encontre de l'Azerbaïdjan ont également été évoquées à l'Assemblée nationale. 

La France a estimé mardi que l'exode "massif" des Arméniens du Nagorny Karabakh, après l'offensive victorieuse de l'Azerbaïdjan, se déroulait "sous l'œil complice de la Russie", qui avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région sécessionniste.

"Nous constatons avec beaucoup de préoccupations un départ massif des populations arméniennes du Haut-Karabakh qui s'effectue sous l'œil complice de la Russie", a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'un point presse. Elle a rappelé que Paris tiendrait "pleinement responsable l'Azerbaïdjan du sort de la population arménienne".

La Russie avait parrainé un accord de cessez-le-feu qui a mis fin aux hostilités en 2020 et déploie depuis des soldats de la paix, qui n'ont pas empêché l'offensive de l'Azerbaïdjan contre les séparatistes.

La porte-parole a par ailleurs indiqué que la France apportait "son soutien à l'Arménie", qui s'efforce d'accueillir plus de 19.000 personnes venant du Nagorny Karabakh.

Elle a rappelé que Paris avait déjà fourni une aide humanitaire de 3 millions d'euros et se tenait prête "à envoyer une aide médicale et une aide d'urgence".

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a appelé mardi à "une action diplomatique internationale" face "à l'abandon de l'Arménie par la Russie"." L'abandon de l'Arménie par la Russie et la complicité de la Russie avec les opérations militaires engagées par l'Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaire une action diplomatique internationale", a estimé la cheffe de la diplomatie lors des questions à l'Assemblée nationale.

L'Union européenne "doit prendre acte de cette réalité, agir avec nous pour le respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie et préserver les droits des Arméniens du Haut Karabakh à vivre, s'ils le souhaitent, dans le respect de leurs droits historiques" dans l'enclave, a souligné Catherine Colonna.


Interrogée à l'Assemblée nationale sur de potentielles sanctions à l'encontre de l'Azerbaïdjan, elle a répondu : "la France prendra, dans les jours qui viennent, des initiatives (...) que ce soit à titre national, à titre bilatéral avec l'Arménie, aux Nations unies en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité ou au sein de l'Union européenne".

Catherine Colonna a par ailleurs mis en garde Bakou contre toute entrave de l'aide. "Nous n'accepterons pas que l'aide humanitaire soit entravée et nous nous opposerons à toute tentative de remise en cause de l'intégrité territoriale de l'Arménie."

Plus tôt, la porte-parole du Quai d'Orsay avait été interrogée sur une réunion organisée à Bruxelles sur cette crise.

Elle avait jugé la position européenne "claire", avec une condamnation de l'offensive menée la semaine dernière par Bakou et la demande de faire rouvrir le corridor de Latchine, seule voie reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie.

"Les consultations se poursuivent avec nos partenaires européens", a-t-elle également souligné. "Nous aurons l'occasion de les poursuivre à Grenade", dans le sud de l'Espagne, début octobre.

L'Union européenne a reçu mardi des hauts représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev sont, eux, attendus à une réunion de la Communauté politique européenne, qui regroupe une cinquantaine de pays européens, membres de l'UE ou non, le 5 octobre à Grenade.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP
Ici Beyrouth
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