©(Photo STRINGER / AFP)
La fusillade causée par un commando paramilitaire serbe dans le nord du Kosovo dimanche 24 septembre, ainsi que les récentes déclarations de Washington à propos d'une probable concentration militaire serbe à la frontière, provoquent un malaise au sein de la population locale. De la capitale Pristina aux provinces septentrionales à majorité serbe, le douloureux souvenir des affrontements au cours des années 90 persiste.
Une semaine après les affrontements meurtriers au Kosovo qui y ont déclenché l'une des plus graves escalades des tensions depuis des années, la possibilité d'un rapprochement entre les Albanais et les Serbes semble être plus éloignée que jamais.
Le meurtre d'un policier kosovar albanais, tué dimanche dans une embuscade par un commando paramilitaire serbe, et la fusillade qui s'en est suivie toute la journée, en faisant trois morts côté serbe, ont fait remonter à la surface des années de méfiance et d'amertume.
En même temps, les autorités de la Serbie et celles de son ancienne province -- dont Belgrade, soutenu par la Russie, ne reconnaît pas l'indépendance proclamée en 2008 --, se sont livrées à une guerre des mots et d'accusations qui risque d'éloigner davantage leurs positions dans un dialogue voulu par Bruxelles.
Ces violences ont eu lieu dans le village de Banjska, dans le nord du Kosovo, une zone où les Serbes sont majoritaires et où le gouvernement de Pristina essaye d'asseoir sa souveraineté.
Un tiers des quelque 120.000 Serbes du Kosovo (1,8 million d'habitants) vivent dans cette région frontalière de la Serbie. Soutenus par Belgrade, ils refusent toute allégeance au gouvernement du Kosovo.
Dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica, ses habitants disent craindre désormais une présence accrue des forces spéciales de la police kosovare.
"J'ai peur de la répression que nous avons déjà connue. Un policier a été tué et c'est terrible. Maintenant, je ne peux qu'imaginer ce qui va suivre", a dit à l'AFP un Serbe de 38 ans, sous le couvert de l'anonymat.
"Je veux juste une vie normale, et ce n'est pas une vie normale. Je pense que, après ce qui s'est passé, toute la communauté sera stigmatisée", ajoute-t-il.
Vendredi, les Etats-Unis ont mis en garde sur "un important déploiement militaire serbe le long de la frontière avec le Kosovo" et ont appelé la "Serbie à retirer (ses) troupes".
Lors de l'opération contre le commando qui s'était retranché dans un monastère orthodoxe, la police kosovare a arrêté trois suspects et saisi une quantité d'armes et de munitions, suffisante, selon Pristina, pour en équiper des "centaines de combattants".
Vendredi matin, la police a mené des perquisitions dans le nord, notamment dans un hôpital à Mitrovica et dans des propriétés d'un responsable politique serbe local, Milan Radoicic.
Ce dernier, qui se trouverait en Serbie, a affirmé vendredi, par la voie d'un avocat, avoir organisé le commando à l'insu de Belgrade, avec l'objectif "de créer les conditions pour réaliser le rêve de liberté de (son) peuple dans le nord du Kosovo".
Les habitants essentiellement albanais de la capitale, Pristina, rejettent, comme le gouvernement kosovar, la responsabilité des dernières violences sur Belgrade.
"La Serbie est responsable de ce qui s'est passé. La réconciliation avec les Serbes dans le nord est possible. Pourquoi ne pas vivre ensemble ? Mais ils ne veulent pas", dénonce Mevluda Hoxha, une Albanaise de 64 ans.
Le dialogue sous l'égide de Bruxelles risque d'être à l'arrêt pour un moment après les affrontements du dimanche. Réunis dix jours avant à Bruxelles, le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Albin Kurti ont encore une fois campé sur leurs positions.
Alors que la partie serbe souhaite obtenir une forme d'association des municipalités serbes dans le nord, à savoir une certaine autonomie, la partie kosovare réclame avant toute discussion la reconnaissance par Belgrade de l'indépendance du Kosovo.
"Plus de tels incidents se produisent, moins il est probable que la Serbie et le Kosovo seront prêts ou capables de faire des compromis. L'Union européenne ne sera pas en mesure de régler le problème - peut-être seulement de le gérer et de le contenir", a écrit l'analyste Dimitar Bechev dans une chronique pour le centre de recherche Carnegie Europe.
Dans le nord du Kosovo, régulièrement secoué, les tensions s'étaient nettement attisées en mai lorsque Pristina a décidé d'installer dans quatre municipalités à majorité serbe des maires albanais élus lors d'un scrutin boycotté par les Serbes.
Les Serbes étaient alors descendus dans la rue pour empêcher les nouveaux édiles d'exercer leurs fonctions. Des dizaines de membres de la force de l'Otan au Kosovo (Kfor) ont été blessés dans des affrontements avec les manifestants.
"La réconciliation sera possible si les provocations répétées cessent", dit Agim Maloku, 60 ans, un économiste de Pristina, qui ajoute qu'une éventuelle partition du territoire pour céder le nord aux Serbes et faire la paix n'est pas envisageable.
"Le nord fait partie du Kosovo et restera partie intégrante du Kosovo".
Malo Pinatel, avec AFP
Une semaine après les affrontements meurtriers au Kosovo qui y ont déclenché l'une des plus graves escalades des tensions depuis des années, la possibilité d'un rapprochement entre les Albanais et les Serbes semble être plus éloignée que jamais.
Le meurtre d'un policier kosovar albanais, tué dimanche dans une embuscade par un commando paramilitaire serbe, et la fusillade qui s'en est suivie toute la journée, en faisant trois morts côté serbe, ont fait remonter à la surface des années de méfiance et d'amertume.
En même temps, les autorités de la Serbie et celles de son ancienne province -- dont Belgrade, soutenu par la Russie, ne reconnaît pas l'indépendance proclamée en 2008 --, se sont livrées à une guerre des mots et d'accusations qui risque d'éloigner davantage leurs positions dans un dialogue voulu par Bruxelles.
Refus d'allégeance
Ces violences ont eu lieu dans le village de Banjska, dans le nord du Kosovo, une zone où les Serbes sont majoritaires et où le gouvernement de Pristina essaye d'asseoir sa souveraineté.
Un tiers des quelque 120.000 Serbes du Kosovo (1,8 million d'habitants) vivent dans cette région frontalière de la Serbie. Soutenus par Belgrade, ils refusent toute allégeance au gouvernement du Kosovo.
Dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica, ses habitants disent craindre désormais une présence accrue des forces spéciales de la police kosovare.
"J'ai peur de la répression que nous avons déjà connue. Un policier a été tué et c'est terrible. Maintenant, je ne peux qu'imaginer ce qui va suivre", a dit à l'AFP un Serbe de 38 ans, sous le couvert de l'anonymat.
"Je veux juste une vie normale, et ce n'est pas une vie normale. Je pense que, après ce qui s'est passé, toute la communauté sera stigmatisée", ajoute-t-il.
Commando téléguidé de Serbie
Vendredi, les Etats-Unis ont mis en garde sur "un important déploiement militaire serbe le long de la frontière avec le Kosovo" et ont appelé la "Serbie à retirer (ses) troupes".
Lors de l'opération contre le commando qui s'était retranché dans un monastère orthodoxe, la police kosovare a arrêté trois suspects et saisi une quantité d'armes et de munitions, suffisante, selon Pristina, pour en équiper des "centaines de combattants".
Vendredi matin, la police a mené des perquisitions dans le nord, notamment dans un hôpital à Mitrovica et dans des propriétés d'un responsable politique serbe local, Milan Radoicic.
Ce dernier, qui se trouverait en Serbie, a affirmé vendredi, par la voie d'un avocat, avoir organisé le commando à l'insu de Belgrade, avec l'objectif "de créer les conditions pour réaliser le rêve de liberté de (son) peuple dans le nord du Kosovo".
Les habitants essentiellement albanais de la capitale, Pristina, rejettent, comme le gouvernement kosovar, la responsabilité des dernières violences sur Belgrade.
"La Serbie est responsable de ce qui s'est passé. La réconciliation avec les Serbes dans le nord est possible. Pourquoi ne pas vivre ensemble ? Mais ils ne veulent pas", dénonce Mevluda Hoxha, une Albanaise de 64 ans.
Dialogue compromis
Le dialogue sous l'égide de Bruxelles risque d'être à l'arrêt pour un moment après les affrontements du dimanche. Réunis dix jours avant à Bruxelles, le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Albin Kurti ont encore une fois campé sur leurs positions.
Alors que la partie serbe souhaite obtenir une forme d'association des municipalités serbes dans le nord, à savoir une certaine autonomie, la partie kosovare réclame avant toute discussion la reconnaissance par Belgrade de l'indépendance du Kosovo.
"Plus de tels incidents se produisent, moins il est probable que la Serbie et le Kosovo seront prêts ou capables de faire des compromis. L'Union européenne ne sera pas en mesure de régler le problème - peut-être seulement de le gérer et de le contenir", a écrit l'analyste Dimitar Bechev dans une chronique pour le centre de recherche Carnegie Europe.
Dans le nord du Kosovo, régulièrement secoué, les tensions s'étaient nettement attisées en mai lorsque Pristina a décidé d'installer dans quatre municipalités à majorité serbe des maires albanais élus lors d'un scrutin boycotté par les Serbes.
Les Serbes étaient alors descendus dans la rue pour empêcher les nouveaux édiles d'exercer leurs fonctions. Des dizaines de membres de la force de l'Otan au Kosovo (Kfor) ont été blessés dans des affrontements avec les manifestants.
"La réconciliation sera possible si les provocations répétées cessent", dit Agim Maloku, 60 ans, un économiste de Pristina, qui ajoute qu'une éventuelle partition du territoire pour céder le nord aux Serbes et faire la paix n'est pas envisageable.
"Le nord fait partie du Kosovo et restera partie intégrante du Kosovo".
Malo Pinatel, avec AFP
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