Tout au long de sa vie, tout individu, quels que soient son âge et sa condition de vie, pourrait être confronté à des événements difficiles à gérer tant sur le plan personnel que relationnel: choc émotionnel, agressions de toutes sortes (physique, morale…), abus, abandon, faillite et bien d’autres. Ces situations inhabituelles sont à même de déstabiliser la personne qui en est victime et générer des réactions allant de la colère au désespoir.
Depuis fin 2019, le peuple libanais est confronté à des situations assez bouleversantes comme l’instabilité socio-politique, la dégradation de la situation économique ainsi que la situation sanitaire, avec la Covid-19. Trois grands bouleversements de la vie au quotidien qui, jusqu’à ce jour, ne trouvent pas d’issues satisfaisantes.
Comment lutter et surmonter ces moments difficiles?
Il est vrai que tout ce qui est subit, inattendu ou inhabituel, bouleverse et génère des réactions inadaptées. Cependant, pour arriver à gérer une situation il faudrait la repenser. Penser un évènement, c’est prendre conscience de chaque détail, peser le pour et le contre et faire des liens pour une meilleure visibilité et prise de conscience. La personne humaine a tendance à se laisser emporter par la gravité d’une situation et à se faire du mauvais sang, surtout si elle en est affectée directement.
Tout le monde ne vit pas les évènements traumatisants de la même manière parce que les personnes ne se ressemblent pas. La personnalité joue un rôle important dans la perception d’un évènement, son vécu et l’élaboration de stratégies d’adaptation. Certaines personnes sont beaucoup plus anxieuses que d’autres et hésitantes, d’autres plutôt impulsives et réactionnelles. Les personnalités sont assez diversifiées et reflètent le profil des personnes. D’autres facteurs peuvent également influencer le vécu d’une situation bouleversante comme l’influence du milieu d’appartenance (sécurisant ou non), l’éducation reçue par les parents, les conditions de vie tout au long du développement (sereines ou mouvementées) et la capacité d’insertion sociale. Cela dit, face à une situation bouleversante il est important de rester maître de la scène et ne pas se laisser mener vers la dérive.
Toutefois, il faut savoir qu’un événement traumatisant n’est pas réversible, mais ses effets peuvent être contrôlés: il peut se réparer ou se cicatriser même s’il a causé des pertes et des dégâts sur le plan humain. Les phénomènes adaptatifs sont nombreux et l’humain au cours de son évolution a appris à développer des stratégies diverses pour faire face à ses propres difficultés. La motivation pour «aller mieux» peut amorcer le processus d’adaptation. Toutefois, il ne faut pas s’attendre à un changement drastique mais plutôt à une amélioration (même minime) de la situation vécue.
Certains systèmes de survie sont des mécanismes inconscients affectifs et comportementaux qui conduisent parfois la personne à nier la réalité, à la relativiser, à se réfugier dans ses croyances ou à libérer ses forces créatrices (sublimation). Ces mécanismes se déclenchent inconsciemment pour sauvegarder l’intégrité du Moi.
Prenons l’exemple de la régression dans la maladie. Le malade du fait de sa situation de faiblesse se laisse prendre en charge par les soignants. Les soins deviendront un cocon protecteur lui permettant de se mettre dans une position d’attente (M. Lemay). La lutte pour faire face à la maladie fera appel à un autre système de survie qui, lui, est conscient. C’est à ce système que je fais référence lorsque je parle de l’acte de «penser une situation déstabilisante».
L’aptitude à la résilience
Le terme résilience sert à décrire tout ce qui résiste au temps et à la détérioration. Son origine provient du terme latin rescindere: annulation ou résiliation d’une convention, d’un acte officiel. En matière juridique, la résilience signifie renonciation ou action de se dédire. En sciences humaines, c’est la force de résistance et de rebond, et en physique, c’est l’aptitude à résister aux chocs.
Boris Cyrulnik, disciple de John Bowlby et du psychologue Fritz Redl, a mis le concept de résilience au goût du jour. En 1999, avec son livre Un merveilleux malheur, Cyrulnik donne le coup d’envoi à toute une série d’ouvrages publiés par différents auteurs sur le sujet. Il résume le concept de résilience comme suit: la capacité d’un être de vivre, de réussir et de se développer en dépit de l’adversité. La capacité de résilience remonte très tôt au début de la vie et se trouve influencée par l’histoire même de l’enfant. En parlant des difficultés que pourraient vivre certains enfants tout au long de leur développement, l’auteur avance qu’il n’y aurait pas de profil particulier de l’enfant résilient mais plutôt un profil d’enfants traumatisés qui auraient une aptitude à la résilience. Des enfants abandonnés ou maltraités, et des adultes ayant connu des épreuves telles que la guerre, la violence ou la torture peuvent se relever, se construire et poursuivre une vie utile.
L’enfant qui a eu tout au long de son existence des réponses à ses besoins physiques, qui a pu bénéficier de la présence de ses parents et qui a pu recevoir de l’affection, aurait ainsi une réserve protectrice contre le malheur (J. Bowlby). Autrement dit, grandir dans une ambiance relationnelle équilibrée et sécurisante est une des assises primordiales de l’aptitude à lutter contre les difficultés de la vie. En contrepartie, toute personne qui a vécu des bouleversements importants et déstabilisants se voit être plus vulnérable que d’autres avec beaucoup moins de stratégies adaptatives en sa possession.
La résilience n’est pas seulement une capacité personnelle. Elle est plutôt le résultat d’un ensemble de facteurs complexes où la personnalité et les forces construites par le sujet, les interactions sociales et le soutien des autres jouent un grand rôle pour modifier le caractère négatif d’une d’expérience. Certains traits de personnalité agiraient plutôt comme facteur de protection de l’équilibre de la personne contre les comportements déviants. Ils sont en quelque sorte des tremplins pour l’avenir (C. Samson), à savoir, l’estime de soi, la confiance, l’optimisme, le sentiment d’espoir, l’autonomie, la capacité à combattre le stress, la sociabilité et la capacité de vivre une gamme d’émotions diverses.
Depuis fin 2019, le peuple libanais est confronté à des situations assez bouleversantes comme l’instabilité socio-politique, la dégradation de la situation économique ainsi que la situation sanitaire, avec la Covid-19. Trois grands bouleversements de la vie au quotidien qui, jusqu’à ce jour, ne trouvent pas d’issues satisfaisantes.
Comment lutter et surmonter ces moments difficiles?
Il est vrai que tout ce qui est subit, inattendu ou inhabituel, bouleverse et génère des réactions inadaptées. Cependant, pour arriver à gérer une situation il faudrait la repenser. Penser un évènement, c’est prendre conscience de chaque détail, peser le pour et le contre et faire des liens pour une meilleure visibilité et prise de conscience. La personne humaine a tendance à se laisser emporter par la gravité d’une situation et à se faire du mauvais sang, surtout si elle en est affectée directement.
Tout le monde ne vit pas les évènements traumatisants de la même manière parce que les personnes ne se ressemblent pas. La personnalité joue un rôle important dans la perception d’un évènement, son vécu et l’élaboration de stratégies d’adaptation. Certaines personnes sont beaucoup plus anxieuses que d’autres et hésitantes, d’autres plutôt impulsives et réactionnelles. Les personnalités sont assez diversifiées et reflètent le profil des personnes. D’autres facteurs peuvent également influencer le vécu d’une situation bouleversante comme l’influence du milieu d’appartenance (sécurisant ou non), l’éducation reçue par les parents, les conditions de vie tout au long du développement (sereines ou mouvementées) et la capacité d’insertion sociale. Cela dit, face à une situation bouleversante il est important de rester maître de la scène et ne pas se laisser mener vers la dérive.
Toutefois, il faut savoir qu’un événement traumatisant n’est pas réversible, mais ses effets peuvent être contrôlés: il peut se réparer ou se cicatriser même s’il a causé des pertes et des dégâts sur le plan humain. Les phénomènes adaptatifs sont nombreux et l’humain au cours de son évolution a appris à développer des stratégies diverses pour faire face à ses propres difficultés. La motivation pour «aller mieux» peut amorcer le processus d’adaptation. Toutefois, il ne faut pas s’attendre à un changement drastique mais plutôt à une amélioration (même minime) de la situation vécue.
Certains systèmes de survie sont des mécanismes inconscients affectifs et comportementaux qui conduisent parfois la personne à nier la réalité, à la relativiser, à se réfugier dans ses croyances ou à libérer ses forces créatrices (sublimation). Ces mécanismes se déclenchent inconsciemment pour sauvegarder l’intégrité du Moi.
Prenons l’exemple de la régression dans la maladie. Le malade du fait de sa situation de faiblesse se laisse prendre en charge par les soignants. Les soins deviendront un cocon protecteur lui permettant de se mettre dans une position d’attente (M. Lemay). La lutte pour faire face à la maladie fera appel à un autre système de survie qui, lui, est conscient. C’est à ce système que je fais référence lorsque je parle de l’acte de «penser une situation déstabilisante».
L’aptitude à la résilience
Le terme résilience sert à décrire tout ce qui résiste au temps et à la détérioration. Son origine provient du terme latin rescindere: annulation ou résiliation d’une convention, d’un acte officiel. En matière juridique, la résilience signifie renonciation ou action de se dédire. En sciences humaines, c’est la force de résistance et de rebond, et en physique, c’est l’aptitude à résister aux chocs.
Boris Cyrulnik, disciple de John Bowlby et du psychologue Fritz Redl, a mis le concept de résilience au goût du jour. En 1999, avec son livre Un merveilleux malheur, Cyrulnik donne le coup d’envoi à toute une série d’ouvrages publiés par différents auteurs sur le sujet. Il résume le concept de résilience comme suit: la capacité d’un être de vivre, de réussir et de se développer en dépit de l’adversité. La capacité de résilience remonte très tôt au début de la vie et se trouve influencée par l’histoire même de l’enfant. En parlant des difficultés que pourraient vivre certains enfants tout au long de leur développement, l’auteur avance qu’il n’y aurait pas de profil particulier de l’enfant résilient mais plutôt un profil d’enfants traumatisés qui auraient une aptitude à la résilience. Des enfants abandonnés ou maltraités, et des adultes ayant connu des épreuves telles que la guerre, la violence ou la torture peuvent se relever, se construire et poursuivre une vie utile.
L’enfant qui a eu tout au long de son existence des réponses à ses besoins physiques, qui a pu bénéficier de la présence de ses parents et qui a pu recevoir de l’affection, aurait ainsi une réserve protectrice contre le malheur (J. Bowlby). Autrement dit, grandir dans une ambiance relationnelle équilibrée et sécurisante est une des assises primordiales de l’aptitude à lutter contre les difficultés de la vie. En contrepartie, toute personne qui a vécu des bouleversements importants et déstabilisants se voit être plus vulnérable que d’autres avec beaucoup moins de stratégies adaptatives en sa possession.
La résilience n’est pas seulement une capacité personnelle. Elle est plutôt le résultat d’un ensemble de facteurs complexes où la personnalité et les forces construites par le sujet, les interactions sociales et le soutien des autres jouent un grand rôle pour modifier le caractère négatif d’une d’expérience. Certains traits de personnalité agiraient plutôt comme facteur de protection de l’équilibre de la personne contre les comportements déviants. Ils sont en quelque sorte des tremplins pour l’avenir (C. Samson), à savoir, l’estime de soi, la confiance, l’optimisme, le sentiment d’espoir, l’autonomie, la capacité à combattre le stress, la sociabilité et la capacité de vivre une gamme d’émotions diverses.
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