La conservatrice maltaise Roberta Metsola a été élue mardi présidente du Parlement européen, obtenant la majorité absolue dès le premier tour du scrutin en dépit de son opposition à l'avortement qui a suscité de nombreuses critiques.
Si elle défend à titre personnel l'interdiction de l'avortement, Roberta Metsola a exprimé, dès sa première prise de parole après l'annonce des résultats, son intention d'"aller plus loin pour plus d'égalité homme-femme, pour garantir et défendre les droits des femmes, tous nos droits".
Les convictions de cette mère de quatre enfant lui ont valu les critiques de certains de ses collègues eurodéputés. Le secrétaire d'Etat français en charge des questions européenne, Clément Beaune, s'est lui-même dit "gêné par le symbole de son élection", mardi sur France Info.
Consciente des réserves qu'elle a suscitées sur cette question, elle assurait avant le vote que son devoir serait "de représenter la position du Parlement", y compris sur les droits sexuels et reproductifs.
Roberta Metsola, qui fête ses 43 ans ce mardi, succède à l'Italien David Sassoli, décédé le 11 janvier et dont le mandat s'achevait cette semaine. Elle dirigera l'institution jusqu'aux prochaines élections européennes, à l'été 2024.
Députée européenne depuis 2013, elle a annoncé vouloir défendre, au cours de sa présidence, "les principes des pères fondateurs de l'Europe" contre "les fausses solutions que sont le nationalisme, l'autoritarisme ou l’isolationnisme". Elle a également insisté sur son ambition de faire de l'Europe le "premier continent décarboné", misant sur le Pacte vert pour "réinventer" l'économie.
L'élection de Roberta Metsola respecte la tradition d'alternance entre gauche et droite à la présidence qui a quasiment toujours été observée lors des élections de mi-législature au Parlement.
Issue du Parti populaire européen (PPE), la première force politique du Parlement, Roberta Metsola a obtenu le soutien du groupe S&D (sociaux-démocrates) et de Renew Europe, à la faveur d'un accord conclu lundi entre les trois formations autour d'une feuille de route commune.
Signe de l'extrême vigilance à l'égard du positionnement de la nouvelle présidente sur l'avortement, le document mentionne comme priorité principale "l'alignement par le haut des droits des femmes en Europe", y compris sur la "santé sexuelle et reproductive".
Cette feuille de route accorde également une attention renforcée au maintien de l’État de droit, face aux "violations qui se multiplient et s'enracinent" dans plusieurs Etats membres.
Parmi les autres priorités figurent notamment la mise en place d'un "pacte de sécurité" contre les "menaces hybrides", l'adoption d'un nouveau cadre "fiscal européen" ou l'entrée en vigueur d'une directive sur le salaire minimum.
Roberta Metsola était opposée à deux autres candidates: l'Espagnole Sira Rego (gauche radicale) et la Suédoise Alice Bah Kuhnke (les Verts).
Le Polonais Kosma Zlotowski (ECR, eurosceptiques), qui disposait du soutien du groupe Identité et Démocratie (ID, extrême droite), avait finalement retiré sa candidature dans la nuit.
Elle a obtenu 458 votes sur 690 exprimés parmi les 705 eurodéputés appelés à voter. Alice Bah Kuhnke a, elle, obtenu 101 voix, contre 57 à Sira Rego.
En plus du président, pas moins de 14 vice-présidents seront élus au cours de la session, pour un mandat de deux ans et demi.
Des postes de responsables dans les commissions parlementaires et délégations européennes seront également renouvelés, alimentant d'âpres tractations entre les groupes politiques.
Selon le règlement du Parlement, le président dispose d'un certain nombre de pouvoirs, notamment celui de statuer sur la recevabilité des textes et amendements soumis au vote de l'assemblée, en plus de la conduite des débats. Il représente aussi l'institution lors des sommets européens des Vingt-Sept.
AFP
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