Les «Espaces intermédiaires» d'Edgard Mazigi à Art on 56th

L'exposition du peintre Edgard Mazigi, Espaces intermédiaires, est accessible au public du 29 septembre au 21 octobre à la galerie Art on 56th à Gemmayzé.
L’intitulé de l’expo souligne une ambigüité qui favorise le mystère et suscite le questionnement. Edgard Mazigi, formé à l’université de peinture, dessin et sculpture à New York et influencé par le courant artistique américain post-1945, dévoile un univers en noir et blanc faisant apparaître des zones grises intermédiaires appelées par l’artiste « températures » et qui, chaudes ou froides, se mélangent subtilement au jaune ocre, vert ou bleu pour faire vibrer la toile des mille nuances du gris.
Le peintre se met au défi de conquérir l’espace vierge de la toile, de plonger dans l’inconnu sans idée préconçue afin d’en explorer les infimes possibilités. Il s’agit donc pour lui de se défaire des certitudes et repères imposés par la représentation figurative, d’éviter ainsi le piège narratif ou esthétique pour se laisser guider par l’intuition ou l’inspiration du moment. Le parti pris de l’abstraction ouvre alors à Edgard Mazigi un vaste champ d’exploration dans un espace d’expérimentation et d’évolution permanente lui permettant de mener un ultime combat avec la toile dans un corps à corps passionnel.
Cette expérience intense et quelque peu angoissante permet à l’artiste de donner libre cours à sa créativité dans un total lâcher-prise, d’aller jusqu’au bout de lui-même, de dépasser ses propres limites. Dans ce processus libératoire, le peintre se laisse parfois surprendre par le fruit du hasard, une ébauche d’image qui se révèle à son insu. Il tente alors de l’identifier afin de la compléter, la remodeler ou l’effacer au gré de sa fantaisie.

De cette confrontation entre le tangible et l’intangible, la liberté et la discipline naît une tension qui accentue l’effet dramatique de certaines scènes comme celle des loups dans une forêt ou qui en souligne l’ambigüité comme dans cette œuvre où la mère serre son enfant dans ses bras, mais s’en éloigne dans un regard hors champ. Cette fusion-opposition crée ainsi l’intemporalité, un univers propice à la contemplation et fait apparaître la vision intérieure du peintre, un espace intermédiaire entre l’ici et l’ailleurs teinté de sacralité, des attitudes figées ou figures hiératiques baignant dans une lumière mystérieuse et irréelle.
Les thèmes dévoilés ; personnages, animaux, bateaux ou paysages, quoique très divers, ont pour dénominateur commun le langage propre de l’artiste, une seconde nature forgée par des années d’expérience et de labeur. La sûreté de la composition, la structuration de l’espace, les formes inachevées témoignent d’un vocabulaire maîtrisé porté par un souffle créateur. Le dynamisme de la touche, l’ampleur de la gestuelle aux larges coups de brosse ou de spatule balayant la toile dans un mouvement circulaire maintiennent une énergie vibratoire qui circule de toile en toile pour un dialogue sans fin entre le peintre et le public.
Laissez-vous entraîner par l’ivresse d’un univers très particulier à la galerie Art on 56th jusqu’au 21 octobre.
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