Dans l’univers de la littérature jeunesse, Annie Doucet Zouki, géographe et auteure, propose un regard neuf et une approche originale. Cette universitaire française a maintes fois témoigné de son attachement au Liban. Elle a créé une collection de livres jeunesse «Connaissance du patrimoine libanais» à travers laquelle elle éveille la curiosité des jeunes par des récits à la fois ludiques et pédagogiques qu’elle illustre de ses propres dessins.
Annie Doucet Zouki s’est installée au Liban en 1972, après son mariage avec un Libanais. Ses enfants grandissent dans la passion de toutes les formes d’art, comme Aurélien Zouki, acteur, danseur, marionnettiste et codirecteur de Hammana Artist House. Après un doctorat en géographie physique à Paris IV-Sorbonne, elle a enseigné à l’Université libanaise. Elle a publié des articles et brochures de vulgarisation sur des thèmes de géographie méditerranéenne, entre autres.
Quatre de ses ouvrages ont paru aux éditions Dergham, destinés aux enfants et pré-adolescents de 9 à 14 ans dont les titres annoncent la tonalité: Drôle de visite du Musée national de Beyrouth, L’aventure en Soie, Le monde merveilleux de la soie à Bsous, Quand la Nature s’invite au Musée national de Beyrouth. L’auteure a signé les illustrations de ses livres sous le pseudonyme de Rosi Junghi, du nom de son ancêtre peintre sur les faïences de Gien.
Dans la préface du livre Quand la Nature s’invite au Musée national de Beyrouth, à l’usage des parents, des accompagnateurs et des élèves curieux, Tarek Mitri (ancien ministre de la culture) avait judicieusement écrit: «Elle tient à partager sa connaissance du patrimoine libanais dans un style limpide et divertissant, avec des jeunes qui n’ont pas toujours les outils ou la motivation nécessaires pour l’approcher.»
Entretien avec Annie Doucet Zouki.
Vous êtes d’abord enseignante, pédagogue. Parlez-nous de votre parcours.
«Ma formation en géographie physique me sert à expliquer l’environnement. En parallèle à mes cours universitaires, j’ai enseigné à des jeunes élèves de l’âge de mes petits héros: cours d’histoire géographie et d’instruction civique. Un vrai plaisir pour cette dernière matière puisqu’on pouvait s’éloigner quelque peu des contraintes administratives avec les sorties sur le terrain, les visites d’usines, l’organisation d’une exposition d’objets antiques au lycée. J’ai mis en place un travail collectif regroupant toutes les classes du CP jusqu’à la seconde sur le sujet: Le Nahr Ibrahim. Ce qui a valu au lycée de Nahr Ibrahim d’être intégré dans le réseau des écoles Unesco. J’ai aussi enseigné au Sud et au Chouf et cette déambulation dans tout le Liban m’a été plus que bénéfique pour la connaissance des lieux et des gens.»
Comment vous est venue l’idée d’écrire des histoires pour enfants et pré-adolescents?
«J’étais en contact avec une auteure libanaise qui écrivait un conte pour enfants. Elle m’a demandé de lui fournir un supplément pédagogique puisque j’enseignais la géographie physique. Puis j’ai aussi fourni les illustrations. J’ai eu l’idée de la collection: Connaissance du patrimoine libanais. Et après une brève collaboration, j’ai été poussée par ceux qui appréciaient mon travail à écrire mes propres histoires avec des illustrations, un guide-infos, un lexique et un espace liberté où le lecteur est appelé à s’exprimer.»
Vous tenez à dessiner vous-même les paysages, la faune et la flore, les monuments, les objets, les hiéroglyphes, la cartographie…
«Peindre est essentiel pour moi. Je dirais même plus que l’élaboration du texte (des dialogues à la transcription de l’atmosphère du lieu où se déroule l’action.) Je peins à la gouache avec des pinceaux extrêmement fins. Mon travail est donc mené lentement sans contrainte de temps. Ce lent processus me permet de jouer avec les couleurs et leurs nuances, et pour moi, malgré la difficulté de certains sujets, c’est un réel plaisir.»
Vos histoires ont-elles été diffusées dans les écoles du Liban?
«À l’initiative de l’Institut français, en 2016, une trentaine d’écoles se sont intéressées à deux de mes livres: L’aventure en soie et Drôle de visite du Musée national de Beyrouth. Le projet Les petits écrivent aux grands avait pour but de développer les compétences des élèves dans les domaines de la lecture, l’expression écrite, l’art visuel et la culture. Plus de deux mille élèves ont participé à ce projet qui a abouti à l’écriture d’un texte et son illustration ainsi qu’à la production d’un album accompagné d’un guide audio.»
Parlez-nous des personnages de vos deux contes.
«Il s’agit des mêmes enfants d’une famille libanaise qui se retrouvent dans la grande maison familiale pendant les vacances d’été: parents, grands-parents, amis et cousins venus du Brésil, de France, d’Espagne, du Venezuela, d’Australie et des États-Unis, comme beaucoup de familles libanaises disséminées dans le monde. Je les ai baladés au musée de la soie de Bsous où le jeune Boudi frôle le monde du fantastique et vit une expérience extraordinaire et au musée national où ils sont confrontés à une drôle de situation qui les dépasse: ont-ils entre les mains l’antique secret de la teinture pourpre? Les enfants ont aussi découvert le musée des minéraux, c’est un conte qui, depuis la crise de 2019, attend d’être publié…»
Et qu’en est-il de ces deux ouvrages que vous appelez des guides-infos: Le monde merveilleux de la soie à Bsous et Quand la Nature s’invite au Musée national de Beyrouth?
«Ces deux guides-infos ont pour but d’accompagner les parents et amis des jeunes lecteurs lors de leur visite à la magnanerie de Bsous entourée de ses magnifiques jardins en terrasses pour y découvrir tout un pan du patrimoine libanais. Quant au musée national, c’est une chance de pouvoir admirer tous ces trésors rescapés des dégradations et pillages durant la guerre. Mon ouvrage se présente sous la forme d’un abécédaire des noms de faune et de flore pour des éléments observés en place.»
L’enjeu pour Annie Doucet Zouki est, dit-elle, «de faire revivre des pages d’Histoire, d’entretenir la mémoire mais aussi de favoriser le rêve et de développer cet état de grâce unique face au beau et au sublime».
Annie Doucet Zouki s’est installée au Liban en 1972, après son mariage avec un Libanais. Ses enfants grandissent dans la passion de toutes les formes d’art, comme Aurélien Zouki, acteur, danseur, marionnettiste et codirecteur de Hammana Artist House. Après un doctorat en géographie physique à Paris IV-Sorbonne, elle a enseigné à l’Université libanaise. Elle a publié des articles et brochures de vulgarisation sur des thèmes de géographie méditerranéenne, entre autres.
Quatre de ses ouvrages ont paru aux éditions Dergham, destinés aux enfants et pré-adolescents de 9 à 14 ans dont les titres annoncent la tonalité: Drôle de visite du Musée national de Beyrouth, L’aventure en Soie, Le monde merveilleux de la soie à Bsous, Quand la Nature s’invite au Musée national de Beyrouth. L’auteure a signé les illustrations de ses livres sous le pseudonyme de Rosi Junghi, du nom de son ancêtre peintre sur les faïences de Gien.
Dans la préface du livre Quand la Nature s’invite au Musée national de Beyrouth, à l’usage des parents, des accompagnateurs et des élèves curieux, Tarek Mitri (ancien ministre de la culture) avait judicieusement écrit: «Elle tient à partager sa connaissance du patrimoine libanais dans un style limpide et divertissant, avec des jeunes qui n’ont pas toujours les outils ou la motivation nécessaires pour l’approcher.»
Entretien avec Annie Doucet Zouki.
Vous êtes d’abord enseignante, pédagogue. Parlez-nous de votre parcours.
«Ma formation en géographie physique me sert à expliquer l’environnement. En parallèle à mes cours universitaires, j’ai enseigné à des jeunes élèves de l’âge de mes petits héros: cours d’histoire géographie et d’instruction civique. Un vrai plaisir pour cette dernière matière puisqu’on pouvait s’éloigner quelque peu des contraintes administratives avec les sorties sur le terrain, les visites d’usines, l’organisation d’une exposition d’objets antiques au lycée. J’ai mis en place un travail collectif regroupant toutes les classes du CP jusqu’à la seconde sur le sujet: Le Nahr Ibrahim. Ce qui a valu au lycée de Nahr Ibrahim d’être intégré dans le réseau des écoles Unesco. J’ai aussi enseigné au Sud et au Chouf et cette déambulation dans tout le Liban m’a été plus que bénéfique pour la connaissance des lieux et des gens.»
Comment vous est venue l’idée d’écrire des histoires pour enfants et pré-adolescents?
«J’étais en contact avec une auteure libanaise qui écrivait un conte pour enfants. Elle m’a demandé de lui fournir un supplément pédagogique puisque j’enseignais la géographie physique. Puis j’ai aussi fourni les illustrations. J’ai eu l’idée de la collection: Connaissance du patrimoine libanais. Et après une brève collaboration, j’ai été poussée par ceux qui appréciaient mon travail à écrire mes propres histoires avec des illustrations, un guide-infos, un lexique et un espace liberté où le lecteur est appelé à s’exprimer.»
Vous tenez à dessiner vous-même les paysages, la faune et la flore, les monuments, les objets, les hiéroglyphes, la cartographie…
«Peindre est essentiel pour moi. Je dirais même plus que l’élaboration du texte (des dialogues à la transcription de l’atmosphère du lieu où se déroule l’action.) Je peins à la gouache avec des pinceaux extrêmement fins. Mon travail est donc mené lentement sans contrainte de temps. Ce lent processus me permet de jouer avec les couleurs et leurs nuances, et pour moi, malgré la difficulté de certains sujets, c’est un réel plaisir.»
Vos histoires ont-elles été diffusées dans les écoles du Liban?
«À l’initiative de l’Institut français, en 2016, une trentaine d’écoles se sont intéressées à deux de mes livres: L’aventure en soie et Drôle de visite du Musée national de Beyrouth. Le projet Les petits écrivent aux grands avait pour but de développer les compétences des élèves dans les domaines de la lecture, l’expression écrite, l’art visuel et la culture. Plus de deux mille élèves ont participé à ce projet qui a abouti à l’écriture d’un texte et son illustration ainsi qu’à la production d’un album accompagné d’un guide audio.»
Parlez-nous des personnages de vos deux contes.
«Il s’agit des mêmes enfants d’une famille libanaise qui se retrouvent dans la grande maison familiale pendant les vacances d’été: parents, grands-parents, amis et cousins venus du Brésil, de France, d’Espagne, du Venezuela, d’Australie et des États-Unis, comme beaucoup de familles libanaises disséminées dans le monde. Je les ai baladés au musée de la soie de Bsous où le jeune Boudi frôle le monde du fantastique et vit une expérience extraordinaire et au musée national où ils sont confrontés à une drôle de situation qui les dépasse: ont-ils entre les mains l’antique secret de la teinture pourpre? Les enfants ont aussi découvert le musée des minéraux, c’est un conte qui, depuis la crise de 2019, attend d’être publié…»
Et qu’en est-il de ces deux ouvrages que vous appelez des guides-infos: Le monde merveilleux de la soie à Bsous et Quand la Nature s’invite au Musée national de Beyrouth?
«Ces deux guides-infos ont pour but d’accompagner les parents et amis des jeunes lecteurs lors de leur visite à la magnanerie de Bsous entourée de ses magnifiques jardins en terrasses pour y découvrir tout un pan du patrimoine libanais. Quant au musée national, c’est une chance de pouvoir admirer tous ces trésors rescapés des dégradations et pillages durant la guerre. Mon ouvrage se présente sous la forme d’un abécédaire des noms de faune et de flore pour des éléments observés en place.»
L’enjeu pour Annie Doucet Zouki est, dit-elle, «de faire revivre des pages d’Histoire, d’entretenir la mémoire mais aussi de favoriser le rêve et de développer cet état de grâce unique face au beau et au sublime».
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