Le marché de change au Liban reste serein alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait trembler l’économie mondiale et que le FMI a clairement exprimé lundi ses inquiétudes face à l’impact de ce conflit sur la stabilité économique. Une fois de plus, le Liban affirme sa singularité: «Only In Lebanon», comme l’opinion publique le suggère.
Il est surprenant que le marché de change au Liban ne soit pas vulnérable aux fluctuations géopolitiques que connaît la région. Le taux de change de la livre contre le billet vert est quasiment stable, tournant autour de 90.000 L.L. alors que la guerre entre Israël et le Hamas bat son plein à la frontière sud du Liban. Sachant, qu’aujourd’hui, le pays du Cèdre est laissé seul à son destin sans aides financières internationales ou arabes, contrairement à 2006, lors de l’offensive israélienne contre le Liban. À l'époque, l’Arabie saoudite avait déposé auprès de la Banque du Liban (BDL) le montant d’un milliard de dollars et l’émirat du Koweït 500.000 dollars pour soutenir les réserves en devises étrangères de la BDL. Il serait bon de s’interroger: est-ce que la dollarisation de l’économie libanaise est à l’origine de cette stabilité du marché de change?
Dollarisation du marché
Il y a une dollarisation de facto de l’économie libanaise. Le pays du Cèdre a adopté le billet vert, une des monnaies refuges à l’international, comme moyen d’échange, d’unité de compte et de monnaie d’épargne. Dans ce contexte, même les fonctionnaires sont rémunérés en dollars, en espèces, la BDL s’approvisionnant en billets verts grâce aux taux d’intérêts perçus sur ses comptes à l’étranger et à l’achat d’une partie de ceux-ci sur le marché local.
À ce paysage, s’ajoute le fait que la masse monétaire en circulation en livres a été réduite d’une manière drastique par la BDL, empêchant les parieurs de spéculer dans l’impunité totale.
Mais, le plus important demeure la décision de la BDL de fermer le robinet devant l’establishment politique, avide de faire usage des deniers publics à des fins politiciennes et d’intérêts personnels.
Pas d’urgence
Il n’est pas question que l’État et la BDL puissent financer une reconstruction de l’infrastructure si celle-ci est endommagée par des frappes israéliennes aériennes. De toute façon, ils n'en ont pas les moyens, ni la capacité.
L’État peut cependant assurer l’achat de ses besoins de première nécessité, comme les importations de blé, selon une source proche de la BDL, contactée par Ici Beyrouth.
Contrairement aux nouvelles qui circulent, l’État a suffisamment d’argent dans ses comptes ouverts auprès de la Banque centrale, qui lui permettrait de s’autofinancer, pour le moment présent.
Secteur privé
Dans le même ordre d’idées, la BDL aurait entrepris de convertir en dollars certains des revenus en livres de l’État. Ce qui pourrait soutenir le financement de ses obligations pour un certain moment. Pour le mois de septembre, les revenus du Trésor se sont chiffrés à 22.000 milliards de livres et 44 millions de dollars en espèces. Des sommes qui assurent entre autres obligations de l’État, le paiement des salaires du secteur, d’ici la fin de l'année.
Dans le cas du pire scénario, les Libanais sont conscients qu’ils pourront compter sur le secteur privé pour sortir de l’impasse, un secteur, qui a fait ses preuves de nombreuses fois par le passé.
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