©Daniel Barenboim (R) le maestro argentin à Olympiapark Berlin 19 août 2023. Les jeunes musiciens de l'académie Barenboim-Said.
Crédit photo: Odd Andersen / AFP
À Berlin, sur scène, les mélodies jouées par les musiciens de l'académie Barenboim-Saïd résonnent avec harmonie. Toutefois, ces jeunes talents, issus aussi bien d'Israël que du monde arabe, sont préoccupés par le récent conflit au Proche-Orient.
Depuis le 7 octobre, la routine des musiciens de l’académie Barenboim-Saïd, oscillant entre maîtrise instrumentale, concerts, études anglophones en philosophie, histoire et littérature, a été chamboulée par l’escalade des violences.
Michael Barenboim, violoniste et fils du célèbre chef d'orchestre Daniel Barenboim, décrit cette période comme «la plus grande épreuve» pour l’académie depuis sa fondation en 2016. Cette institution unique en son genre est le fruit de la vision commune du maestro israélo-argentin et de l'éminent intellectuel palestinien, Edward Saïd, aujourd’hui disparu. Face à la crise, les répercussions émotionnelles sont considérables. Chacun, d’une manière ou d’une autre, est connecté à une personne touchée par le conflit. Plus de 1.400 personnes ont perdu la vie en Israël, majoritairement des civils lors de l’attaque du Hamas. Par ailleurs, les bombardements sur Gaza ont causé la mort de plus de 7.000 individus, dont 3.000 enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas. Un récent concert à Berlin a manifesté cette émotion collective. Avant un moment de recueillement, le public a reçu le message suivant des étudiants: «Nous avons le cœur lourd et nos pensées sont ailleurs auprès de tous les gens touchés par la situation dévastatrice en Palestine et en Israël.» À la fin du concert, après avoir joué des œuvres de Wagner, Prokofiev et Beethoven, une étreinte collective s’est formée. Malgré sa santé fragile, Daniel Barenboim, à 80 ans, a dirigé l’orchestre ce soir-là. Le message poignant des étudiants se poursuivait ainsi: «Que la musique nous rapproche, qu’elle soigne une petite partie de nos cœurs. Nous ne pouvons rien faire d’autre qu’espérer la paix, la liberté et la sécurité.» Malheureusement, cette période de tension rend la mission de l’académie d’autant plus ardue. Nombre d’entre eux restent en contact permanent avec leurs familles, anxieux des nouvelles. Regula Rapp, directrice de l’académie, souligne l’importance du dialogue entre étudiants, malgré leurs divergences occasionnelles.
L’académie, extension du West-Eastern Divan Orchestra fondé en 1999, œuvre pour le rapprochement des peuples. Pour soutenir les étudiants, l’école a renforcé l’accompagnement psychologique et a mis en place des hotlines en hébreu et en arabe. Intégrer cette institution prestigieuse, qui offre bourses et logement, est un défi. Seulement un candidat sur trois ou quatre est admis, selon l’instrument. Michael Barenboim aspire à voir l’orchestre se produire à travers tout le Proche-Orient. Toutefois, il confesse: «C’est un rêve dont on est très loin, je ne sais pas si je vivrai ce moment.»
Avec AFP
Depuis le 7 octobre, la routine des musiciens de l’académie Barenboim-Saïd, oscillant entre maîtrise instrumentale, concerts, études anglophones en philosophie, histoire et littérature, a été chamboulée par l’escalade des violences.
Michael Barenboim, violoniste et fils du célèbre chef d'orchestre Daniel Barenboim, décrit cette période comme «la plus grande épreuve» pour l’académie depuis sa fondation en 2016. Cette institution unique en son genre est le fruit de la vision commune du maestro israélo-argentin et de l'éminent intellectuel palestinien, Edward Saïd, aujourd’hui disparu. Face à la crise, les répercussions émotionnelles sont considérables. Chacun, d’une manière ou d’une autre, est connecté à une personne touchée par le conflit. Plus de 1.400 personnes ont perdu la vie en Israël, majoritairement des civils lors de l’attaque du Hamas. Par ailleurs, les bombardements sur Gaza ont causé la mort de plus de 7.000 individus, dont 3.000 enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas. Un récent concert à Berlin a manifesté cette émotion collective. Avant un moment de recueillement, le public a reçu le message suivant des étudiants: «Nous avons le cœur lourd et nos pensées sont ailleurs auprès de tous les gens touchés par la situation dévastatrice en Palestine et en Israël.» À la fin du concert, après avoir joué des œuvres de Wagner, Prokofiev et Beethoven, une étreinte collective s’est formée. Malgré sa santé fragile, Daniel Barenboim, à 80 ans, a dirigé l’orchestre ce soir-là. Le message poignant des étudiants se poursuivait ainsi: «Que la musique nous rapproche, qu’elle soigne une petite partie de nos cœurs. Nous ne pouvons rien faire d’autre qu’espérer la paix, la liberté et la sécurité.» Malheureusement, cette période de tension rend la mission de l’académie d’autant plus ardue. Nombre d’entre eux restent en contact permanent avec leurs familles, anxieux des nouvelles. Regula Rapp, directrice de l’académie, souligne l’importance du dialogue entre étudiants, malgré leurs divergences occasionnelles.
L’académie, extension du West-Eastern Divan Orchestra fondé en 1999, œuvre pour le rapprochement des peuples. Pour soutenir les étudiants, l’école a renforcé l’accompagnement psychologique et a mis en place des hotlines en hébreu et en arabe. Intégrer cette institution prestigieuse, qui offre bourses et logement, est un défi. Seulement un candidat sur trois ou quatre est admis, selon l’instrument. Michael Barenboim aspire à voir l’orchestre se produire à travers tout le Proche-Orient. Toutefois, il confesse: «C’est un rêve dont on est très loin, je ne sais pas si je vivrai ce moment.»
Avec AFP
Lire aussi
Commentaires