Les fonds abyssaux que le Liban touche depuis deux ans prouvent indéniablement l’existence d’une crise profonde aux multiples facettes dont souffrent tous les Libanais sans exception, quelles que soient leurs appartenances et leurs positions. Certes, les crises politiques successives sont le fait de l’absence d’une volonté nationale et de l’hypothèque du pouvoir de décision souverain libanais par des parties régionales connues de tous. Mais il n’en demeure pas moins que la crise morale qui les accompagne et les enrobe constitue un grand danger pour l’avenir du pays et de la société, ainsi que pour les capacités de se relever et de surmonter les difficultés sans précédents à l’étape actuelle.
Qu’elle soit une crise systémique telle que décrite par les uns, ou une crise de confiance telle que diagnostiquée par les autres, la décadence morale reste cependant la constante dans l’évaluation des raisons sous-jacentes de la crise actuelle dans toutes ses dimensions et sa complexité. Il est difficile d’assister à un effondrement de l’échelle des valeurs politiques et sociales similaire à celui que l’on observe à l’heure actuelle au Liban. Les solutions politiques et économiques salutaires sont possibles, alors que la volonté politique de ceux qui sont à la manœuvre est absente.
Il n’est pas vrai que le soi-disant "establishment" soit collectivement responsable de la dégradation de la situation au Liban. Ces propos ne visent pas à défendre l’une de ses composantes, à supposer que cette labellisation soit exacte en premier lieu, mais à mettre l’accent sur la nécessité de ne pas détourner l’attention des vrais responsables des crises successives du Liban - et il est certain qu’une partie des forces assume une double responsabilité par rapport aux autres. Le but ici encore n’est pas de blanchir ou dédouaner l’une des forces politiques, vu que tous ceux qui ont pris part au pouvoir sont responsables de cette situation, d’une façon ou d’une autre.
L’objectif réel de cette approche est de confirmer que les axes régionaux - qui ont étendu leur influence dans l’arène libanaise, de la même manière que dans les arènes syrienne, irakienne et yéménite, entre autres pays qui ont souffert de l’absence des Arabes et de toute vision stratégique à adopter - profitent de la disposition de certaines parties locales à jouer le rôle de l’instrument visant à mettre en œuvre leurs agendas suspects.
De même, ces propos visent à rappeler que le déséquilibre profond dans les rapports de force locaux au Liban, en raison du repli arabe et de la poussée iranienne, continue de créer, au quotidien, cette succession de crises dont les Libanais vivent les épisodes avec beaucoup de tristesse et de colère refoulées, après l’étiolement de cette expérience "révolutionnaire" immature, ainsi que son échec à offrir une alternative politique et à présenter de nouvelles approches porteuses d’une maturité, d’une vision et d’une responsabilité basées sur l’amélioration des performances.
Aucune personne sensée ne peut dénier aux "révolutionnaires" leurs droits à la colère, au découragement et au désespoir. Ils sont tout à fait dans leur droit de se révolter et d’exercer des pressions en faveur d’un changement politique très certainement souhaité. De même qu’ils ont tout à fait le droit d’aspirer comme tous les Libanais (y compris le public des partis politiques, d’ailleurs) à édifier un État qui repose sur la justice sociale, la citoyenneté, l’égalité et la dignité humaine. Cependant, cette jeune expérience "révolutionnaire" a-t-elle réussi à provoquer le changement attendu, à tracer une feuille de route salutaire, ou encore à mettre en avant des personnalités d’un certain poids, non-arrivistes, à même de se concentrer essentiellement sur l’importance d’opérer un changement, de redresser le pays et de le sauver ?
L’enracinement du système confessionnel et sectaire au Liban et l’exploitation systématique de certaines forces politiques qui n’hésitent pas à brandir des slogans creux (comme la restauration des droits spoliés) dans le but de mobiliser la rue pour servir leurs propres intérêts, sont autant de facteurs qui rendent la détermination de voies différentes pour le changement un impératif inévitable et incontournable.
La nature de la composition complexe du système politique libanais, pervertie pas le confessionnalisme et le sectarisme, et la répartition horizontale des centres du pouvoir politique et leur influence sur un certain nombre de parties prenantes (qui s’entremêlent avec les communautés, et certainement pas par pure coïncidence), rendent périlleux un changement par le truchement de la rue. Des exacerbations et des frictions locales et confessionnelles dangereuses pourraient en effet en découler, sans compter la difficulté de réaliser des percées sérieuses à travers cette voie, compte tenu de la mobilisation sectaire qui se met aussitôt en place autour des symboles et des dirigeants, rendant ainsi toute avancée quasi impossible à ce niveau.
Partant, la voie électorale et la participation active aux élections restent le choix rationnel le plus accessible, bien que ses résultats ne soient pas garantis, indépendamment de la répartition des forces et des influences au sein du nouveau Parlement. Ces résultats ne sont pas garantis tout simplement parce que la sphère politique se trouve à un endroit tandis que les centres de décision politique se trouvent ailleurs, dans un endroit complètement différent. Cela confirme une fois de plus que les retombées du profond déséquilibre dans les rapports de force se répercutent dangereusement à plus d’un niveau et rendent difficiles les solutions localisées à l’instar des élections législatives, nonobstant leur importance, bien entendu.
De sérieuses échéances, pour la plupart imminentes, guettent le Liban et affecteront sa structure qui repose sur le pluralisme, la diversité, sa démocratie fragile qui dépérit en raison des croisements confessionnels et sectaires et des politiques démagogiques avec les ingérences extérieures qui contrôlent désormais tous les aspects de la société et de l’État.
Les forces de libération au Liban sont influentes mais dispersées et divisées pour une kyrielle de raisons. Certaines proviennent du cœur du pouvoir, et d’autres sont nées des entrailles de la révolution. Néanmoins, il existe un dénominateur commun entre elles, à savoir le rejet du fait que le Liban soit pris en otage, privé de son rôle, sa décision, sa vocation et sa position, toutes des caractéristiques qui le distinguaient et qui sont peu à peu perdues. L’effondrement politique et la décadence morale n’en sont qu’une des conséquences brutes, avec laquelle les Libanais devront semble-t-il composer pendant longtemps.
Qu’elle soit une crise systémique telle que décrite par les uns, ou une crise de confiance telle que diagnostiquée par les autres, la décadence morale reste cependant la constante dans l’évaluation des raisons sous-jacentes de la crise actuelle dans toutes ses dimensions et sa complexité. Il est difficile d’assister à un effondrement de l’échelle des valeurs politiques et sociales similaire à celui que l’on observe à l’heure actuelle au Liban. Les solutions politiques et économiques salutaires sont possibles, alors que la volonté politique de ceux qui sont à la manœuvre est absente.
Il n’est pas vrai que le soi-disant "establishment" soit collectivement responsable de la dégradation de la situation au Liban. Ces propos ne visent pas à défendre l’une de ses composantes, à supposer que cette labellisation soit exacte en premier lieu, mais à mettre l’accent sur la nécessité de ne pas détourner l’attention des vrais responsables des crises successives du Liban - et il est certain qu’une partie des forces assume une double responsabilité par rapport aux autres. Le but ici encore n’est pas de blanchir ou dédouaner l’une des forces politiques, vu que tous ceux qui ont pris part au pouvoir sont responsables de cette situation, d’une façon ou d’une autre.
L’objectif réel de cette approche est de confirmer que les axes régionaux - qui ont étendu leur influence dans l’arène libanaise, de la même manière que dans les arènes syrienne, irakienne et yéménite, entre autres pays qui ont souffert de l’absence des Arabes et de toute vision stratégique à adopter - profitent de la disposition de certaines parties locales à jouer le rôle de l’instrument visant à mettre en œuvre leurs agendas suspects.
De même, ces propos visent à rappeler que le déséquilibre profond dans les rapports de force locaux au Liban, en raison du repli arabe et de la poussée iranienne, continue de créer, au quotidien, cette succession de crises dont les Libanais vivent les épisodes avec beaucoup de tristesse et de colère refoulées, après l’étiolement de cette expérience "révolutionnaire" immature, ainsi que son échec à offrir une alternative politique et à présenter de nouvelles approches porteuses d’une maturité, d’une vision et d’une responsabilité basées sur l’amélioration des performances.
Aucune personne sensée ne peut dénier aux "révolutionnaires" leurs droits à la colère, au découragement et au désespoir. Ils sont tout à fait dans leur droit de se révolter et d’exercer des pressions en faveur d’un changement politique très certainement souhaité. De même qu’ils ont tout à fait le droit d’aspirer comme tous les Libanais (y compris le public des partis politiques, d’ailleurs) à édifier un État qui repose sur la justice sociale, la citoyenneté, l’égalité et la dignité humaine. Cependant, cette jeune expérience "révolutionnaire" a-t-elle réussi à provoquer le changement attendu, à tracer une feuille de route salutaire, ou encore à mettre en avant des personnalités d’un certain poids, non-arrivistes, à même de se concentrer essentiellement sur l’importance d’opérer un changement, de redresser le pays et de le sauver ?
L’enracinement du système confessionnel et sectaire au Liban et l’exploitation systématique de certaines forces politiques qui n’hésitent pas à brandir des slogans creux (comme la restauration des droits spoliés) dans le but de mobiliser la rue pour servir leurs propres intérêts, sont autant de facteurs qui rendent la détermination de voies différentes pour le changement un impératif inévitable et incontournable.
La nature de la composition complexe du système politique libanais, pervertie pas le confessionnalisme et le sectarisme, et la répartition horizontale des centres du pouvoir politique et leur influence sur un certain nombre de parties prenantes (qui s’entremêlent avec les communautés, et certainement pas par pure coïncidence), rendent périlleux un changement par le truchement de la rue. Des exacerbations et des frictions locales et confessionnelles dangereuses pourraient en effet en découler, sans compter la difficulté de réaliser des percées sérieuses à travers cette voie, compte tenu de la mobilisation sectaire qui se met aussitôt en place autour des symboles et des dirigeants, rendant ainsi toute avancée quasi impossible à ce niveau.
Partant, la voie électorale et la participation active aux élections restent le choix rationnel le plus accessible, bien que ses résultats ne soient pas garantis, indépendamment de la répartition des forces et des influences au sein du nouveau Parlement. Ces résultats ne sont pas garantis tout simplement parce que la sphère politique se trouve à un endroit tandis que les centres de décision politique se trouvent ailleurs, dans un endroit complètement différent. Cela confirme une fois de plus que les retombées du profond déséquilibre dans les rapports de force se répercutent dangereusement à plus d’un niveau et rendent difficiles les solutions localisées à l’instar des élections législatives, nonobstant leur importance, bien entendu.
De sérieuses échéances, pour la plupart imminentes, guettent le Liban et affecteront sa structure qui repose sur le pluralisme, la diversité, sa démocratie fragile qui dépérit en raison des croisements confessionnels et sectaires et des politiques démagogiques avec les ingérences extérieures qui contrôlent désormais tous les aspects de la société et de l’État.
Les forces de libération au Liban sont influentes mais dispersées et divisées pour une kyrielle de raisons. Certaines proviennent du cœur du pouvoir, et d’autres sont nées des entrailles de la révolution. Néanmoins, il existe un dénominateur commun entre elles, à savoir le rejet du fait que le Liban soit pris en otage, privé de son rôle, sa décision, sa vocation et sa position, toutes des caractéristiques qui le distinguaient et qui sont peu à peu perdues. L’effondrement politique et la décadence morale n’en sont qu’une des conséquences brutes, avec laquelle les Libanais devront semble-t-il composer pendant longtemps.
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