Blinken en Turquie face à la colère d'Ankara
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé lundi en Turquie, avec pour mission d’apaiser la colère entre les deux pays.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé lundi en Turquie avec pour mission d’apaiser la colère de l’un des alliés les plus stratégiques, mais aussi les plus difficiles de Washington, en pleine guerre à Gaza.

Blinken et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, ont entamé, lundi matin, à Ankara, leur première rencontre depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, déclenchée par l’attaque perpétrée le 7 octobre par le Hamas. Selon celui-ci, près de 10.000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont été tuées à ce jour.

L’entretien intervient alors que la colère contre Israël et l’Occident se fait entendre en Turquie. Elle est exprimée dans les rues et par le président Recep Tayyip Erdogan, lequel a choisi de se rendre lundi dans une région reculée du nord-est du pays, une décision qui ressemble à un camouflet à l’égard de M. Blinken.

Dimanche, la police turque a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser des centaines de manifestants qui s’étaient rassemblés devant une base aérienne abritant des forces américaines dans le sud-est de la Turquie.

La guerre à Gaza menace d’avoir d'importantes répercussions sur les relations entre Washington et la Turquie, à la fois membre de l’Otan et impliquée dans les conflits du Moyen-Orient.

Washington est impatient de voir le Parlement turc donner son feu vert à l’adhésion de la Suède à l’Otan, pour l’instant bloquée.

Les États-Unis ont également renforcé les sanctions à l’encontre des personnes et des entreprises turques soupçonnées d’aider la Russie à échapper aux sanctions et à importer des équipements utilisés dans son effort de guerre contre l’Ukraine.

Ankara n’apprécie pas que le Congrès américain retarde l’approbation d’un accord soutenu par le président Joe Biden, qui vise à moderniser l’armée de l’air turque avec des avions de chasse F-16.


La Turquie exprime également, depuis longtemps, des réserves sur le soutien américain aux forces kurdes en Syrie qui ont mené la lutte contre les jihadistes du groupe État islamique (EI) et qu’Ankara considère comme affiliées au mouvement kurde du PKK, interdit en Turquie.

Ankara a intensifié les frappes aériennes contre les groupes armés kurdes en Syrie et en Irak en représailles à un attentat perpétré en octobre dans la capitale turque, revendiqué par le PKK.

La visite de Blinken fait suite à une tournée éclair au Moyen-Orient, au cours de laquelle il s’est rendu en Cisjordanie pour s’entretenir dimanche avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Le diplomate américain a dû faire face à un concert d’appels arabes en faveur d’un cessez-le-feu. Israël affirme qu’il pourrait accepter une pause humanitaire pour permettre l’acheminement d’une aide supplémentaire, mais uniquement à condition que le Hamas libère tous ses otages.

Blinken a soutenu la position israélienne, tout en essayant d’assurer aux acteurs régionaux que Washington était fermement attaché à soulager les souffrances de la population civile à Gaza. Mais il a coupé tout contact avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou et rappelé l’ambassadeur d’Ankara en Israël en signe de protestation.

Le président turc a également accusé l’Occident d'appliquer une politique de deux poids deux mesures dans la région et de perdre son autorité morale. «Ceux qui ont versé des larmes de crocodile pour les civils tués lors de la guerre entre l’Ukraine et la Russie assistent aujourd’hui tranquillement au meurtre de milliers d’enfants innocents», a fustigé fin octobre M. Erdogan.

Maria Chami, avec AFP

 
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