©Roda Fawaz: Raconter sur scène l'histoire d'une vie plurielle (Photo Yves Kerstius)
Après la signature de son livre On the Road…A en avril dernier à Beyrouth, Roda Fawaz revient au théâtre Le Monnot, à l’initiative de Josyane Boulos, avec son spectacle On The Road… A qui était prévu du 29 novembre au 3 décembre, mais qui se jouera ulterieurement, à la suite d'une annulation/report survenus lundi en raison de la situation sécuritaire qui prévaut.
Auteur, metteur en scène et acteur belge d'origine libanaise, né au Maroc et ayant grandi en Guinée, Roda est un citoyen du monde. Enrichi de quatre cultures et d’une identité émanant de trois pays différents, il raconte son histoire dans son spectacle On The Road…A qui devient ensuite un livre. Souhaitant s’exprimer sur son expérience sans rentrer dans des débats politiques ou médiatiques, il décide de raconter tout simplement sa vie et son histoire dans le cadre d’un spectacle.
«C’est un spectacle sur tout ce qui conditionne la vie d’un individu, sur tout ce qui compose une personne. J’aimerais aller plus loin que cette notion d’identité, synonyme d’origine et de religion, et montrer que chaque être humain est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit et il est la composante des personnes qu’il croise, explique Roda dans une interview express à Ici Beyrouth. "C’est donc l’histoire de ce personnage qui rencontre d’autres personnes qui ont une influence sur lui. J’aborde aussi le fait d’être un étranger dans un pays, d’avoir d’autres origines. Belge en France et au Liban, Libanais en Belgique, ayant grandi en Afrique de l’Ouest, en Guinée… J’avais envie de raconter tout ça. »
Cette notion d’identité, il la partage avec celle évoquée par Amine Maalouf, telle qu’apparue plus précisément dans le livre Les identités meurtrières, point de départ du discours mais aussi de l’histoire de Roda. Cette dernière étant vécue par beaucoup d’autres personnes, il décide d’en faire un livre afin de permettre à ses lecteurs de s’identifier avec cette expérience. Un souhait exprimé explicitement par l’artiste.
Le «challenge» du Liban
"Un livre ça voyage plus facilement qu’un spectacle", relève-t-i "Je voulais que cette histoire voyage. C’est un texte assez agréable à lire et j’aime bien que les gens eux-mêmes se projettent et s’imaginent le personnage", poursuit Roda. Lorsque le livre arrive au Liban, l’auteur rencontre alors son public libanais lors de la signature à la Librairie Antoine en avril dernier. « Mais à ce moment-là, je ne savais pas encore que j’allais remonter sur scène pour offrir le spectacle, surtout au Liban», souligne-t-il.
En effet, Roda décide de mettre une pause à son spectacle, essentiellement joué en 2016 pour une période de trois années consécutives, pour passer à autre chose. "Je me suis dit que je ne reprendrai que lorsque j’aurai un bon défi à relever, une bonne occasion qui se présente", indique l’artiste. "Et lorsque j’ai rencontré Josyane Boulos qui m’a proposé de jouer, seul, sur scène au Liban, je me suis dit le Liban c’est un challenge. Je ne pouvais évidemment pas refuser. Si cela permet une opportunité en Afrique, ce serait un bonheur de le faire, parce qu’il y a aussi dans mon spectacle une grande partie sur l’Afrique. J’aurai donc joué mon histoire dans tous les pays correspondant à mon expérience de vie. Mais déjà avec ces dates au Liban c’est une magnifique opportunité", ajoute-t-il.
Roda a toujours pris un peu de distance avec son pays d’origine, sans doute parce qu’il s’y est rendu un peu tard. Mais ce n’est que récemment que sa relation avec le Liban s’est renforcée et s’est construite, surtout avec la vidéo dans laquelle il s’exprime après l’explosion du 4 août et qui a fait le tour des réseaux sociaux. « J’ai reçu énormément de messages de Libanais au Liban et d’un seul coup il y a eu un lien entre moi et le Liban… pour la première fois. Je me suis dit, là je suis connecté au Liban, c’est un vrai lien que j’ai avec les gens. Ça m’a vraiment apporté quelque chose. Depuis, j’essaye d’entretenir cette connexion en soutenant l’art théâtrale au Liban, entre autres avec la mission de Josyane Boulos. J’essaye donc de soutenir cette relation avec ce pays en le découvrant à travers l’art. Le pont s’est fait grâce à ce que j’ai écrit, donc je veux aller plus loin sur ce plan et entretenir cette ‘Libanitude’ que je construis avec les gens de manière saine».
Adopter le rythme de vie des Libanais
Son identité en tant que Libanais s’affirme alors de manière nette et honnête. Et pour aller encore plus loin, Roda tente même le pari de vivre au jour le jour durant sa présence dans le pays en adoptant le rythme des Libanais. Un pari difficile et un énorme accomplissement pour lui, presque une mission. «C’est un des objectifs de la vie, à mon sens, que de vivre au jour le jour et dans l’inconnu, souligne l’artiste. "Et je trouve que les Libanais ont cette force-là et ce courage, malheureusement avec la tension qui l’accompagne. Mais c’est difficile pour moi de me dire qu’on travaille le spectacle tout en ne sachant pas si, du fait de la situation, il sera maintenu. On ne peut pas forcément se projeter, ni rêver, ni vivre finalement. On sait, juste, qu’on doit avancer, quoi qu’il arrive. C’est comme cela que vivent les Libanais et je l’expérimente un peu maintenant. Donc, oui, c’est difficile mais tellement important pour moi de pouvoir jouer ce spectacle. On tentera de le maintienir jusqu’au bout».
Pour découvrir le personnage touchant de Roda Fawaz et voyager toujours avec beaucoup d’humour et d’autodérision au cœur de son histoire et à la rencontre de la vingtaine de personnes qu’il incarne, il faudrait attendre les nouvelles dates de spectacle qui seront fixées ultérieurement.
Il sera également possible d’apprécier par la même occasion la musique magnifique d’Ibrahim Maalouf, reflet de cette notion d’identité abordée par Roda Fawaz et qui harmonise le spectacle avec le son de la trompette du musicien.
Auteur, metteur en scène et acteur belge d'origine libanaise, né au Maroc et ayant grandi en Guinée, Roda est un citoyen du monde. Enrichi de quatre cultures et d’une identité émanant de trois pays différents, il raconte son histoire dans son spectacle On The Road…A qui devient ensuite un livre. Souhaitant s’exprimer sur son expérience sans rentrer dans des débats politiques ou médiatiques, il décide de raconter tout simplement sa vie et son histoire dans le cadre d’un spectacle.
«C’est un spectacle sur tout ce qui conditionne la vie d’un individu, sur tout ce qui compose une personne. J’aimerais aller plus loin que cette notion d’identité, synonyme d’origine et de religion, et montrer que chaque être humain est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit et il est la composante des personnes qu’il croise, explique Roda dans une interview express à Ici Beyrouth. "C’est donc l’histoire de ce personnage qui rencontre d’autres personnes qui ont une influence sur lui. J’aborde aussi le fait d’être un étranger dans un pays, d’avoir d’autres origines. Belge en France et au Liban, Libanais en Belgique, ayant grandi en Afrique de l’Ouest, en Guinée… J’avais envie de raconter tout ça. »
Cette notion d’identité, il la partage avec celle évoquée par Amine Maalouf, telle qu’apparue plus précisément dans le livre Les identités meurtrières, point de départ du discours mais aussi de l’histoire de Roda. Cette dernière étant vécue par beaucoup d’autres personnes, il décide d’en faire un livre afin de permettre à ses lecteurs de s’identifier avec cette expérience. Un souhait exprimé explicitement par l’artiste.
Le «challenge» du Liban
"Un livre ça voyage plus facilement qu’un spectacle", relève-t-i "Je voulais que cette histoire voyage. C’est un texte assez agréable à lire et j’aime bien que les gens eux-mêmes se projettent et s’imaginent le personnage", poursuit Roda. Lorsque le livre arrive au Liban, l’auteur rencontre alors son public libanais lors de la signature à la Librairie Antoine en avril dernier. « Mais à ce moment-là, je ne savais pas encore que j’allais remonter sur scène pour offrir le spectacle, surtout au Liban», souligne-t-il.
En effet, Roda décide de mettre une pause à son spectacle, essentiellement joué en 2016 pour une période de trois années consécutives, pour passer à autre chose. "Je me suis dit que je ne reprendrai que lorsque j’aurai un bon défi à relever, une bonne occasion qui se présente", indique l’artiste. "Et lorsque j’ai rencontré Josyane Boulos qui m’a proposé de jouer, seul, sur scène au Liban, je me suis dit le Liban c’est un challenge. Je ne pouvais évidemment pas refuser. Si cela permet une opportunité en Afrique, ce serait un bonheur de le faire, parce qu’il y a aussi dans mon spectacle une grande partie sur l’Afrique. J’aurai donc joué mon histoire dans tous les pays correspondant à mon expérience de vie. Mais déjà avec ces dates au Liban c’est une magnifique opportunité", ajoute-t-il.
Roda a toujours pris un peu de distance avec son pays d’origine, sans doute parce qu’il s’y est rendu un peu tard. Mais ce n’est que récemment que sa relation avec le Liban s’est renforcée et s’est construite, surtout avec la vidéo dans laquelle il s’exprime après l’explosion du 4 août et qui a fait le tour des réseaux sociaux. « J’ai reçu énormément de messages de Libanais au Liban et d’un seul coup il y a eu un lien entre moi et le Liban… pour la première fois. Je me suis dit, là je suis connecté au Liban, c’est un vrai lien que j’ai avec les gens. Ça m’a vraiment apporté quelque chose. Depuis, j’essaye d’entretenir cette connexion en soutenant l’art théâtrale au Liban, entre autres avec la mission de Josyane Boulos. J’essaye donc de soutenir cette relation avec ce pays en le découvrant à travers l’art. Le pont s’est fait grâce à ce que j’ai écrit, donc je veux aller plus loin sur ce plan et entretenir cette ‘Libanitude’ que je construis avec les gens de manière saine».
Adopter le rythme de vie des Libanais
Son identité en tant que Libanais s’affirme alors de manière nette et honnête. Et pour aller encore plus loin, Roda tente même le pari de vivre au jour le jour durant sa présence dans le pays en adoptant le rythme des Libanais. Un pari difficile et un énorme accomplissement pour lui, presque une mission. «C’est un des objectifs de la vie, à mon sens, que de vivre au jour le jour et dans l’inconnu, souligne l’artiste. "Et je trouve que les Libanais ont cette force-là et ce courage, malheureusement avec la tension qui l’accompagne. Mais c’est difficile pour moi de me dire qu’on travaille le spectacle tout en ne sachant pas si, du fait de la situation, il sera maintenu. On ne peut pas forcément se projeter, ni rêver, ni vivre finalement. On sait, juste, qu’on doit avancer, quoi qu’il arrive. C’est comme cela que vivent les Libanais et je l’expérimente un peu maintenant. Donc, oui, c’est difficile mais tellement important pour moi de pouvoir jouer ce spectacle. On tentera de le maintienir jusqu’au bout».
Pour découvrir le personnage touchant de Roda Fawaz et voyager toujours avec beaucoup d’humour et d’autodérision au cœur de son histoire et à la rencontre de la vingtaine de personnes qu’il incarne, il faudrait attendre les nouvelles dates de spectacle qui seront fixées ultérieurement.
Il sera également possible d’apprécier par la même occasion la musique magnifique d’Ibrahim Maalouf, reflet de cette notion d’identité abordée par Roda Fawaz et qui harmonise le spectacle avec le son de la trompette du musicien.
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