Je me souviens bien de lui. Son image est ancrée dans ma mémoire. Il s’appelait Patrick et vivait dans notre quartier. Patrick était différent de nous tous. Il était flatteur, «cafeteur», pour utiliser le langage des enfants, au point de nuire. Grâce à Patrick, nous avons découvert ce qui a ensuite été qualifié, dans un langage plus adulte, de rapportage.
Le souvenir de Patrick, ce jeune du quartier, m’est revenu aujourd’hui car, en politique, certains rappellent cette personnalité, présente probablement dans de nombreux quartiers.
Ceux qui suivent les prises de position de certains dirigeants et partisans du Courant patriotique libre (CPL) découvrent l’ampleur de leurs revirements d’opinion et leur flatterie/flagornerie excessive. Ils ont la capacité de se présenter comme des personnes humbles, tout en accusant les autres au hasard, selon l’expression populaire «tu me prêtes tes vices pour me rendre mes vertus».
Lorsque le Hezbollah a soutenu la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République, plutôt que celle de Gebran Bassil, des critiques ont émergé, accusant le parti de favoriser la corruption et les corrompus et soulignant son manque d’engagement envers l’édification de l’État. On lui reprochait également de privilégier son alliance avec le président du Parlement, Nabih Berry, remettant ainsi en question la possibilité de bâtir un État en présence des armes du Hezbollah.
Tandis qu’aujourd’hui, certains partisans du CPL, et même ses dirigeants, ont rejoint l’armée électronique du Hezbollah. Ils encensent le parti et son secrétaire général, affirmant être les seuls à soutenir le parti et à ouvrir leurs maisons aux déplacés du Sud et de la banlieue sud, plaçant l’intérêt national au-dessus de tout. Par ailleurs, ils se déclarent prêts à faciliter le dossier de la présidentielle.
Cela va à l’encontre de la réalité, car Bassil fait partie de ceux qui entravent la présidentielle et compliquent la recherche d’une solution logique pour le commandement de l’armée. Son attitude me fait penser à celle de Patrick. Il adopte un comportement dhimmi dans ses interactions et agit comme un mouton de Panurge dans ses positions. De plus, il change d’avis comme une girouette, ce qui est une caractéristique totalement inédite dans l’histoire politique libanaise.
Ainsi, Gebran Bassil peut rendre visite à Najib Mikati, qualifié de «corrompu» et d’«illégitime», rencontrer Nabih Berry, qualifié de «voyou» et s’inviter chez Walid Joumblatt, pour finalement se rendre à Bnachii et rencontrer Sleiman Frangié. Ses intérêts le poussent à faire ce que nous le pensions incapable de faire. Sa personnalité le pousse à parler de lui-même avec un sentiment de supériorité répugnant. Il me rappelle tellement Patrick, le fils du quartier qui, comme par hasard, est devenu plus tard un partisan de Aoun.
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