Si l'on devait classifier les Palestiniens en trois catégories distinctes, on retrouverait: ceux vivant sans État dans les régions de Cisjordanie et de Gaza, qui relèvent de l’Autorité palestinienne et du mouvement Hamas; puis, ceux établis à Jérusalem-Est (revendiquée par l’Autorité palestinienne), avec le statut particulier de «résidents» depuis 1967, ayant rejeté la citoyenneté israélienne proposée par l'État hébreu; et enfin, il y a ceux qui sont restés en Israël après la guerre de 1948 et qui ont acquis la nationalité israélienne.
En cette période cruciale de l’année 1948, plus de 150.000 Palestiniens ont fait le choix de rester dans les frontières de l'État d'Israël lors de sa création, et ont obtenu la nationalité israélienne. Connu sous le nom d'«Arabes israéliens», ce groupe, se trouve aujourd'hui tiraillé entre son identité israélienne et ses liens profonds avec les Territoires palestiniens. Il représente à l'heure actuelle près de 20% de la population du pays et réunit une variété de communautés culturelles et religieuses, avec près de 70% de musulmans, comprenant notamment les Bédouins du Néguev (nomades d'origine) et les Circassiens. En outre, environ 10% de cette population est composée de chrétiens, tandis qu'une minorité druze représente moins de 10% de l'ensemble.
Service militaire
Contrairement à la plupart des citoyens juifs israéliens, les citoyens arabes israéliens, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, ne sont pas tenus de faire leur service militaire. Cette exemption découle de leur sympathie envers la cause palestinienne et de leur attachement à l'histoire de la Palestine. De nos jours, de plus en plus de musulmans bédouins et de chrétiens choisissent de rejoindre les rangs de l'armée. À cet égard, Benjamin Netanyahou a proposé la création d'un Forum gouvernemental visant à encourager le recrutement volontaire de jeunes Israéliens appartenant à la communauté chrétienne.
Seuls les membres de la minorité circassienne, bien que de confession musulmane sunnite, ainsi que la minorité druze, sont légalement astreints à accomplir un service militaire d'une durée de trois ans. Pour les circassiens, cette obligation découle de leur pleine intégration à l'État d'Israël et de leur non-implication dans le conflit israélo-palestinien. Quant aux druzes, cette contrainte est le résultat du processus d'«israélisation» initié en novembre 1956, lors de la prise de contrôle par Israël de la bande de Gaza, alors sous l'autorité de l'Égypte. Cette situation a suscité des mouvements de protestation réclamant une exemption du service militaire pour la minorité druze en Israël.
Considérant cette intégration dans l'armée comme un moyen pour améliorer la situation économique de leur communauté et d’atteindre une égalité de droits avec les Israéliens juifs, les druzes se sont engagés en nombre considérable dans les rangs de l’armée. Cependant, cette intégration n'a pas amélioré leur situation socio-économique. Leurs terres agricoles ont été confisquées et transformées en réserves naturelles, reflétant la tendance de l'État hébreu à fragmenter les minorités non juives et à hébraïser les zones à forte présence arabe. De plus, leur engagement militaire les a principalement mis en conflit avec les aspirations du mouvement palestinien.
Les Arabes israéliens face à la réalité de la guerre
Dans la matinée du 10 octobre 2023, dans un contexte de tension croissante après l'offensive récente du Hamas contre Israël, le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), Ghassan Alian, de confession druze, a vivement réagi aux événements en cours. «Le Hamas a ouvert les portes de l'enfer sur la Bande de Gaza. Le Hamas a pris la décision et en portera la responsabilité, en paiera le prix», a-t-il déclaré, soulignant la gravité de la situation actuelle. Ce général de brigade, un «Arabe israélien», est nommé, en octobre 2020, au poste de liaison avec les Palestiniens par le ministre de la Défense Benny Gantz,
Néanmoins, la guerre qui a éclaté le 7 octobre 2023 entre le Hamas et Israël a sérieusement mis les Israéliens arabes dans une situation délicate. Ils sont tiraillés entre leur propre communauté subissant les frappes israéliennes dévastatrices à Gaza et l'attaque du Hamas ayant coûté la vie à des civils israéliens. Cette réalité soulève la question suivante: comment un Arabe israélien vit-il son intégration à l'armée israélienne à l’ombre d’une situation conflictuelle, comme celle que nous vivons actuellement?
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