«Nuit Incolore», obscurité flamboyante et talent éclatant

La pochette de son premier opus, où Nuit Incolore se présente en t-shirt rose sur un fond mauve, pourrait induire en erreur: ce compositeur-interprète de 22 ans, récemment couronné aux NRJ Music Awards, se distingue par ses textes empreints de mélancolie. Révélé au grand public par le succès de son titre, Dépassé, ayant accumulé plus de 40 millions d'écoutes sur Spotify, Nuit Incolore incarne la nouvelle vague de talents de sa génération.
Son vrai nom est Théo Marclay. Il est tout de noir vêtu. Dans un entretien accordé à l’AFP, il évoque son sentiment onirique face à son succès naissant. «J’ai l’impression d’être dans un rêve avec tout ce qui se passe», confie-t-il, tout juste revenu de Cannes où il a été sacré Révélation francophone de l’année. La loi du papillon, son premier album, figure déjà en 8e position des ventes en France.
Sa popularité a débuté sur les réseaux sociaux, où il partageait des compositions élaborées dans l’intimité de sa chambre. «TikTok, le confinement et l’ennui, c’est de là que tout est parti», se remémore-t-il, fort aujourd’hui de près de 400.000 abonnés. La musique n’est toutefois pas un hasard pour ce jeune homme, né au Vietnam et adopté par des parents suisses propriétaires d’un magasin de musique. Ayant fréquenté le conservatoire durant dix ans pour y apprendre le piano, il témoigne: «J’ai eu la chance de grandir dans un univers musical.» Dans ses souvenirs d’adolescence, il mêle Charles Aznavour et Dalida aux rappeurs et compositeurs classiques. Ses inspirations éclectiques, puisant aussi bien dans l’univers du manga que dans la mythologie grecque, ont conduit Nuit Incolore à se forger un style distinct, associant textes poétiques et mélodies lyriques ou éthérées, caractéristiques de l’emo pop. «Il a une vraie singularité, à la conjonction de plein de styles, il incarne quelque chose de différent», observe Nicolas Preschey, programmateur du festival Fnac Live à Paris où l’artiste s’est produit en juin.

Ses textes, son pseudonyme artistique et le titre de l’un de ses premiers recueils, à titre d’exemple Insomnia, paru en juillet, reflètent son processus créatif nocturne. «Je compose essentiellement de nuit, et quand il fait noir, qu’on est seul, les émotions plus larmoyantes sortent plus facilement», explique-t-il. Introverti, il aborde dans ses chansons des thèmes intimes comme son adoption et sa quête identitaire, trouvant dans la musique une facilité d’expression absente dans les conversations ordinaires.
Depuis son affiliation avec le label Cinq7 (Wagram), Nuit Incolore a quitté la Suisse pour s’installer près de Paris et entamer sa première tournée en France. «C’est un apprentissage, il n’y a pas d’école pour apprendre à gérer ses émotions devant le public», admet-il. Bien que chantant la solitude, Théo Marclay s’est entouré de figures influentes depuis son irruption dans le monde musical. Il considère le chanteur belge Pierre de Maere, qui a signé un an avant lui sur le même label, comme un «grand frère» et collabore avec le groupe Kyo sur son premier album. «De les voir sur mon album, je me dis que ça y est, je peux arrêter la musique», conclut-il sur une note humoristique.
Avec AFP
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