©Des combattants du FDS, une coalition militaire à majorité kurde, dans les rues désertes de Hassaké. (AFP)
Les prisonniers de Daesh se sont retranchés hier dans la prison de Ghwayran en utilisant des centaines d'enfants pour éviter un assaut des forces kurdes. Ces développements ont eu lieu alors que les combats ont continué de faire rage pour le quatrième jour consécutif, entre jihadistes de Daesh (Etat islamique-EI) et forces kurdes soutenues par la coalition internationale avec un bilan alourdi à plus de 136 morts.
Les combats avaient baissé d'intensité dimanche soir, mais des craintes ont émergé sur le sort de centaines d'enfants à l'intérieur de la prison, où des jihadistes résistent encore face aux Forces démocratiques syriennes (FDS).
Les informations commençaient à affluer en début de soirée concernant des centaines de mineurs et d'enfants tenus en otage par les jihadistes assiégés.
Bien que les forces kurdes du FDS avaient annoncé que la situation était sous leur contrôle, des jihadistes se sont retranchés à l'intérieur de la prison, utilisant quelque 700 mineurs et enfants comme boucliers humains.
L'agence des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est inquiétée de leur sort, appelant dimanche à protéger 850 enfants détenus à Ghwayran. "Alors que les combats se poursuivent, le risque pour les enfants d'être blessés ou recrutés de force augmente", a alerté l'Unicef, appelant à leur libération immédiate.
Les combats ont déclenché un exode de milliers de civils dans les environs de la prison. Les jihadistes "entrent dans les maisons et tuent des gens", a raconté à l'AFP un habitant fuyant à pied.
"C'est un miracle que nous ayons pu sortir vivants", a-t-il dit, portant un enfant enfoui dans une couverture en laine. Hamcha Sweidan, une femme de 80 ans qui s'est aussi enfuie, a affirmé: "nous allions mourir de faim et de soif" mais "maintenant nous ne savons pas où aller".
Selon Nicholas Heras, du Newlines Institute à Washington, "les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l'EI de retrouver sa force et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée".
Mais pour la coalition antijihadistes "cette tentative d'évasion de l'EI ne constitue pas une menace significative". Elle a estimé dans un communiqué dimanche que "si l'EI reste une menace, il n'a clairement plus sa force d'autrefois".
Les Kurdes, qui contrôlent des régions du nord et nord-est de la Syrie, réclament en vain depuis des années le rapatriement de quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités -- européennes et autres -- détenus dans leurs prisons.
Une grande partie de ces prisons étaient à l'origine des écoles et sont donc mal adaptées pour garder des détenus sur le long terme.
Déclenchés jeudi soir par un assaut majeur du groupe jihadiste Etat islamique contre la prison de Ghwayran, l'une des plus grandes abritant des jihadistes dans la Syrie en guerre, les affrontements ont poussé à la fuite des milliers de civils dans un froid glacial.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "84 jihadistes et 45 combattants kurdes ont été tués" en quatre jours, de même que "sept civils" dans ces combats qui ont lieu dans la prison et aux alentours.
Une centaine d'évadés ont pu être rattrapés par les forces kurdes, mais un nombre indéterminé serait encore en fuite, selon l'OSDH.
Les FDS ont affirmé dans un communiqué en fin de journée que "les combattants de l'EI se trouvant dans l'enceinte de la prison ne pouvaient plus s'échapper", leurs forces ayant bouclé le secteur.
La coalition a elle indiqué que "les FDS avaient jugulé la menace", grâce à ses frappes contre les combattants de l'EI opérant depuis des immeubles du secteur.
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.
Malgré sa défaite en 2019, l'EI parvient toujours à mener des attaques meurtrières grâce à des cellules dormantes.
Le conflit a fait environ 500000 morts selon l'OSDH, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.
Avec AFP
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